Visite guidée pour quelques happy fews
Ce mercredi à Bruxelles, l’enseigne de mass-maket irlandaise créait l’événement Rue Neuve.
Dès potron-minet dans la rue la plus populairement commerçante de la capitale, des clients exaltés faisaient la file derrière des barrières anti-émeutes. Et pour cause. Il n’y avait pas là juste une dizaine de curieux attendant une énième ouverture de magasin textile de grande distribution : on se serait crus rue de la Régence si la Belgique avait gagné la coupe du monde. Au début, on a même pensé que c’était le peloton de queue d’une nouvelle manif. Non. Il s’agissait-là de l’appel du shopping bag.
Dans les allées du magasin, au demeurant vaste, sympathique et bien éclairé, des rayons pertinemment achalandés de collections de Noël. Des pulls bonhommes de neiges en “veux-tu regarde plutôt par là les leggings gingerbread man”.
Des prix moyens frisant les températures extérieures de saison : de 1 à 10€, en plein soleil. On exagère à peine.
A ces tarifs, de quoi acheter en quantité des fringues pile dans la fashion, dans des matériaux et avec une façon pas mal, il faut dire. Une pensée pour Stefan Siegel, fondateur de Not Just A Label, une plate-forme de promotion designers indépendants qui rassemble 16.000 talents émergeant de tous les continents, qui, il y a quelques mois, nous déclarait : “Les consommateurs sont fatigués de l’uniformisation. Notre but est de soutenir les artisans, et de permettre à toute cette créativité qui se développe partout d’être partagée. Notre plus grand défi est de faire comprendre public qu’un T-shirt ne peut et ne doit pas coûter un euro. Aujourd’hui, on trouve normal d’acheter un iPad à 1000 €, parce qu’on comprend la valeur de la technologie, mais pour la mode, on en a perdu le sens.” Evidemment, la mode créateur et les enseignes de grande distribution, ce n’est pas la même marché. Il ne faut pas tout mélanger. Pourtant, ils participent à la même industrie, et se partagent l’intérêt de l’ensemble des consommateurs.
Mais ne gâtons pas le plaisir des centaines de personnes qui se pressaient devant la porte : ce serait malvenu, on a acheté un pyjama avec des pingouins pour faire un cadeau, des élastiques pour les cheveux et du papier d’emballage léopard pour emballer les cadeaux de notre soeur qui aime bien le léopard. Il y a là comme dans tout système à boire et à manger, et pour ceux qui se réjouissent de cette ouverture, l’opportunité de se faire plaisir à peu de frais. Tout le monde semblait d’ailleurs bien heureux, jusqu’à l’armada de vendeurs équipés de ballons qui faisaient chauffeurs de salles. Primark existe depuis 1969. Le phénomène n’est pas neuf, et tombe bien pour les fans, juste avant les fêtes. Voilà.