Couples contraires: comment font-ils pour que ça marche ?

Mis à jour le 12 février 2018 par Céline Pécheux
Couples contraires: comment font-ils pour que ça marche ?

Il est bordélique, elle est control freak, il est de la nuit, elle est du matin…  Ils sont ensemble, comment font-ils ? 

La princesse vs l’homme des bois

Aurélie Coene (31 ans) et Thomas Van Den Driessche (35 ans), ensemble depuis huit ans, mariés, deux enfants.

Quand ils discutent pour la première fois sur Meetic, Thomas et Aurélie n’ont vraiment rien en commun... Il parle de  bosser pour le CICR comme délégué de prison. Elle parle de partir à Paris pour travailler en tant que graphiste dans les plus grandes maisons de prêt-à-porter (Céline, Armani). Il aime la solitude et les voyages en sac à dos au bout du monde, elle est ultra-sociable et ne rêve que de croisières à bord du luxueux « Club Med II »… Les présentations faites sur internet, ils décident malgré tout de se rencontrer pour finalement ne plus se quitter et fonder ensemble quelques années plus tard Fiftyfifty, leur studio de graphisme et photo. Collègues, amis, amants et parents à plein temps, ils ont fait de leurs différences une force.

Le secret de leur relation ? L’amour, bien entendu, mais aussi le respect. « On ne veut pas changer l’autre. Il nous a plu comme cela, pourquoi vouloir le changer ? Accepter de ne pas toujours être d’accord. Je n’aime pas parler de concessions, plutôt d’une adaptation qui convienne aux deux », explique Thomas. « Avec les années, nous sommes devenus parfaitement complémentaires dans le boulot comme à la maison. Grâce à nos tempéraments différents, on se tire mutuellement vers le haut », conclut Aurélie.

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Photo Oskar

Le roi de l’impro vs la control freak

Charlie Dupont (45 ans) et Tania Garbarski (42 ans). Ensemble depuis quinze ans, mariés, deux enfants.

Jouer des couples que tout oppose... Tania Garbarski et Charlie Dupont, tous deux comédiens, se sont déjà frottés à l’exercice dans « Promenade de santé », la pièce « fêlée » de Nicolas Bedos, et dans « Tuyauterie », la comédie sensuelle de Philippe Blasband. Dans la vie, c’est un peu le même topo. Quand ces deux-là se rencontrent, c’est le coup de foudre immédiat. Pourtant, tout ou presque les sépare. Elle est un peu control freak, du genre à aligner les épices par ordre alphabétique, et est incapable de passer une journée sans avoir établi au préalable une to do list, l’œil rivé sur son iPhone, sur l’allure vestimentaire, sur l’agenda familial, sur l’éducation des enfants, sur l’avenir professionnel, sur, sur, sur...

Lui est le champion toute catégorie du joyeux bordel et de l’improvisation. Elle est optimiste et voit la vie en rose bonbon. Lui est le roi des blagues absurdes et se décrit comme un clown triste. « C’est un peu comme si Mickey se mariait avec Jean-Pierre Bacri », explique Charlie. Terre-à-terre, il a été élevé à la campagne avec comme leitmotiv « never complain, never explain ». Idéaliste, elle a une maman psy qui l’a drillée à extérioriser son ressenti.

Au fil des années, ce couple mixte (elle est juive, lui pas) a su se mettre au diapason avec comme point de ralliement la famille et l’amour pour la comédie. « Le fait d’être très différents est un formidable remède contre l’ennui ! » explique Tania. Leur secret après quinze ans de relation ? « Les trois piliers : le rire, le sexe et la communication. Si l’un des trois pose problème, les deux autres sont là pour débloquer la situation. »

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L’avis de la psy

Isabelle Tilmant, psychothérapeute conjugale.

Magnétisme de la différence ou attrait d’un double de nous‑même, qu’est-ce qui marche le mieux ?

« Être semblables offre des avantages : une sensibilité proche permet de mieux se comprendre et il est plus simple de construire un projet de vie commun quand les intérêts sont similaires. Les différences vont couronner ce projet de vie, mais si vous choisissez quelqu’un de trop opposé, il faut être vigilant sur le long terme pour ne pas en arriver à reprocher à l’autre ce qui vous avait justement attiré chez lui ! Il faut aussi accepter qu’il y aura de nombreux compromis à faire, pour des tas de choses, petites ou grandes. »

La complémentarité est-elle la clé du couple heureux ?

« Elle participe en tout cas à la fluidité de la relation. On connaît les forces et les faiblesses de chacun et on va former une équipe sur cette base. En ce qui concerne le caractère, si l’un est très vite enthousiaste, l’autre lui permettra de mesurer ses engagements. Si l’autre est plus angoissé, le premier pourra le soutenir. Si l’un est plus pragmatique, il s’occupera du concret, tandis que l’autre mettra de la poésie dans le quotidien. Mais cela ne fonctionne vraiment que dans la mesure où chacun se sent valorisé par l’autre. »

Comment décririez-vous des partenaires incompatibles ?

« Ce sont ceux qui se reprochent d’être qui ils sont. S’il n’y a pas suffisamment d’estime et d’intérêt pour qui est l’autre, cela parle d’un manque de respect de l’altérité, c’est destructeur. Par ailleurs, des personnes pour qui ce ne sont pas les mêmes choses qui les rendent heureux, même si elles s’aiment très fort, en arrivent parfois à se séparer lorsqu’elles ne parviennent pas à développer un projet de vie commun. »