Après avoir remporté le prix du Meilleur Espoir Masculin aux Magrittes, ce bruxellois est nommé aux Césars dans la même catégorie et sera également à l’affiche du prochain James Bond. Rencontre.
Quel est votre parcours scolaire, vos rêves d’enfant ?
Je suis arrivé en Belgique à l’âge de 5 ans, j’ai grandi à Bruxelles. j’ai passé la majeure partie de ma scolarité au Collège Saint Hubert (Auderghem, Boitsfort). Enfant j’étais un boute-en-train, je faisais le clown avec mes copains et je me prenais pour Spike Lee dans “Do the right thing” et Jim Carrey dans “The mask”. Adolescent, j’allais toutes les semaines à l’académie d’Auderghem où j’avais cours de diction et d’art dramatique. Avant d’entrer au conservatoire Bruxelles, j’ai fais un passage à l’IAD en réalisation, je voulais apprendre les bases pour être capable de me débrouiller seul si on ne me proposait pas de travail. J’ai également fais de la musique (du rap quand j’étais adolescent et ensuite j’ai fais partie d’un groupe de funk).
Ces activités ont nourri mon rapport au jeu d’acteur qui a toujours été mon envie dominante.
Vie à Bruxelles: Quel sont votre bar fétiche et votre resto préféré ?
J’ai beaucoup voyagé ces dernières années et Bruxelles me manque à chaque fois. J’aime passer du temps chez moi avec mes proches, bouquiner seul dans un bar, aller au théâtre, retrouver les copains comédiens au Crazy Circle, manger un bout aux Variétés (à la place flagey).
Quel est la célébrité que vous avez rencontré qui vous a le plus marqué ?
J’étais à l’AFI festival pour présenter le film “qu’Allah bénisse la France”, j’ai assisté à la première mondiale d’American Sniper en présence de Clint Eastwood. Cet homme a une carrière de 60 ans, d’une certaine manière il porte en lui l’histoire du cinéma. Et, à 84 ans, il venait de réaliser deux films en l’espace d’1 an et demi, j’étais stupéfait. Le voir c’était comme rencontrer le Père Noël, il appartient à l’imaginaire collectif.
2015 commence très bien pour vous, on peut dire que tout vous réussit. Qu’est-ce que ça produit en vous ?
Je me sens sous une bonne étoile et, surtout, ces marques de reconnaissance m’encouragent à mettre le cap sur la suite. C’est comme si on me disait “tu as quelque chose de valable à proposer, continue d’apprendre.”
Quels sont vos projets futurs ?
Je serai à l’affiche du prochain film de Jacques Audiard. Par ailleurs, j’aimerais présenter la pièce de théâtre “Une saison au Congo” (d’Aimé Césaire) en Belgique, en Afrique et en Amérique (pour l’instant nous l’avons joué à Lyon, Paris et la Martinique) j’y interprète Patrice Lumumba. C’est une pièce qui, par sa force poétique et politique, me tient énormément à coeur. A Bruxelles, mon rêve serait de la jouer au théâtre en alternance avec des représentations de rue, a Matongé, pour confronter ce propos aux gens qui ne vont pas aux théâtre et à la communauté congolaise et africaine. Je vais également participer au prochain film d’Abd Al Malik. A part ça je veux discuter des scénaristes, imaginer des histoires.C’est également pour ça que je consacre du temps à la lecture, je suis à la recherche de bonnes histoires.
Être acteur, pourquoi c’est cool ?
Parce qu’on joue, précisément ! On reste connecté à l’enfance, c’est grisant. Et d’autre part, on participe à un processus qui est vital pour l’humain, qu’il a enclenché depuis la nuit des temps: sa propre représentation. L’humain cherche à comprendre ce qu’il est, ce qui lui arrive et le métier d’acteur s’inscrit, entre autre, dans cette dynamique; on raconte des histoires pour s’interroger sur ce que nous sommes.
Aux côtés de Gérard Depardieu en 2009, de Clovis Cornillac en 2010, de Benoît Poelvoorde en 2013, entre autres, des anecdotes à nous raconter ?
Mon premier jour de tournage avec Depardieu, j’étais couché sur une civière, recouvert uniquement d’un drap,ce qui n’est pas le contexte idéal pour rencontrer quelqu’un. Après m’avoir salué, il m’a lancé: “c’est normal, l’érection ?” je lui ai répondu “C’est quand je te vois, Gérard”, on a rit.
Le rôle que vous rêvez d’interpréter dans le futur ?
Mobutu (je l’ai déjà fait à la télé mais l’intention du film était différente). Sa prise de pouvoir et son règne sont le résultat de mécaniques psychologiques et géopolitiques complexes et ce qui est intéressant c’est qu’elles nous renvoient aux “extrémités” de la nature humaine. La manipulation et l’ivresse du pouvoir sont des thèmes que je trouve fascinants.
Laure Fornier