Comment se passe un avortement ? Est-ce douloureux ? Combien ça coûte ?
Karine Fatré est assistante sociale au planning familial de Louvain-La-Neuve, un des rares à pratiquer l’avortement dans le Brabant Wallon. Elle nous explique les conditions d’un avortement.
Le téléphone, une première étape
Lors de la prise de rendez-vous, la femme qui désire interrompre sa grossesse est directement mise en contact avec un professionnel par téléphone. “Cette étape est très importante afin de bien orienter et rassurer la personne. Au bout du fil, des médecins, psys, assistantes sociales entament le dialogue. C’est souvent la première fois que la patiente peut s’exprimer au sujet de sa grossesse à un professionnel” explique Karin Fatré. Une fois que la patiente a clairement exprimé par téléphone son souhait de réaliser une IVG (interruption volontaire de grossesse), un rendez-vous est organisé au planning familial.
Le rendez-vous préparatoire
La patiente arrive au planning familial pour deux entretiens de 45 minutes et une demi-heure avec un psy et un médecin, c’est ce qu’ils appellent le “pré-IVG”, le rendez-vous préparatoire. Le psychologue va prendre le temps d’apprendre la situation de la patiente, afin de comprendre sa décision, répondre aux questions, donner les informations juridiques et sociales.”Le pré est aussi l’occasion de reparler de la contraception et de mettre le couple au centre de la discussion. On peut également proposer un deuxième rendez-vous, si la personne hésite.” Le personnel est tenu par le secret médical, tout est confidentiel. Le médecin va aborder l’aspect médical de l’IVG et va réaliser une échographie pour évaluer le nombre de semaines de grossesse. Cette information va déterminer la méthode d’interruption. “Souvent, des informations différentes circulent pendant ces deux entretiens. Si la patiente se confie sur sa situation familiale, son ressenti, dans le premier, elle attendra le deuxième pour dévoiler son passé médical et par exemple dévoiler si elle a déjà subi une IVG.” Les deux entretiens sont complémentaires.
En Belgique, on ne peut pas réaliser d’interruption de grossesse au-delà de 12 semaines. Jusqu’à 7 semaines, la méthode médicamenteuse est employée. Au-delà, on procède par intervention chirurgicale par aspiration.
Comment se passe la méthode médicamenteuse ?
Six jours se passent entre le premier rendez-vous au planning familial et l’intervention, c’est un délai légal. “La patiente retrouve toute l’équipe qu’elle a rencontrée la première fois. Nous allons l’accompagner tout le long du processus” précise Karine. La méthode médicamenteuse se déroule en trois étapes. “Tout d’abord, la patiente reçoit trois comprimés de Mifégyne, le médicament qui interrompt la grossesse, elle rentre chez elle. 48h après, elle revient au planning familial et insère quatre comprimés de Cytotec dans son vagin, c’est ce qui provoque des contractions. Elle doit ensuite rester plusieurs heures au centre, sous la surveillance du médecin, c’est le temps qu’il faut pour provoquer la fausse couche. Concrètement, la patiente doit se tenir debout au-dessus d’une panne, jusqu’à ce que tout s’expulse. “En général, il faut entre 3h30 et 4h pour toute l’opération. Elle ne reste pas tout ce temps là debout, elle se repose également, car les crampes sont douloureuses.“
Comment se passe l’intervention chirurgicale ?
L’intervention a également lieu six jours après l’entretien “pré-IVG”. “La patiente s’insère les comprimés de Cytotec, 3h avant l’opération. Ensuite, le médecin réalise une anesthésie locale. Lorsque le col est suffisamment dilaté, le médecin introduit une sonde pour aspirer l’intérieur de l’utérus. Ensuite, il introduit une curette, un instrument qui permet de vérifier qu’il ne reste plus rien. Si l’intervention ne dure que 20-30 minutes, anesthésie comprise, nous invitons la patiente à se reposer au centre. Cette solution n’est ni plus ni moins douloureuse que l’absorption du médicament.”
Quelle que soit la méthode utilisée, la patiente doit revenir pour une visite de contrôle 15 jours après l’IVG. C’est l’occasion de vérifier que tout est en ordre, mais aussi de rediscuter de la prise de contraceptifs.
Combien coûte une IVG ?
Lorsqu’une patiente est en ordre de mutuelle, l’IVG coûte 3,46€ soit 1,73€ pour le “pré” et 1,73€ pour l’intervention. “Ce prix comprend absolument toute l’opération du coup de fil pour prendre le premier rendez-vous au matériel utilisé par le médecin pour l’interruption. En réalité, la procédure coûte 445€.” La patiente qui n’est pas en ordre de mutuelle paie 40€ pour le “pré” et 160€ pour l’intervention.
Quelle est la différence avec un hôpital ? “L’encadrement. Dans un planning familial, il y a un suivi psychologique et une équipe qui accompagne la patiente tout le long du processus. C’est capital. Au niveau de l’intervention proprement dite, l’hôpital peut proposer une anesthésie générale.“
Quelle contraception est préconisée ?
Il ne faut pas oublier que l’avortement est une solution ultime, qui a beaucoup d’implications. Pour éviter cela, il est important de bien choisir sa contraception. Au centre, sept méthodes sont conseillées. Les contraceptifs hormonaux: la pilule, l’anneau, l’implant, le patch et le stérilet hormonal. Mais également le stérilet en cuivre et le préservatif, bien sûr.
La pilule du lendemain est une contraception d’urgence, à prendre endéans les 72 heures après un rapport non protégé.
Pour plus d’infos sur les moyens de contraception: sips.be
Centre de planning familial
31 Cours des Trois Fontaines
1348 Louvain-La-Neuve
E-mail: planning.lln@gmail.com
Tél: 010/45 12 02