Il était un De Vinci de la mode. Précurseur, spirituel, anatomiste, sculpteur des corps, un peu alchimiste. Et franchement fétichiste.
C’est une exhibition qui mérite de traverser tout exprès la manche. Alexander McQueen, c’était un génie. Un poète maudit. On ne connaît souvent de lui que des souliers invraisemblables et ses clutchs à vanités. Il est impératif – c’est là un point d’honneur de culture général – de découvrir son univers en forme de cabinet de curiosité, pour souhaiter, en pleine journée, se retrouver dans le fantasme de la Nuit au Musée : que tous ces vêtements s’animent et nous sautent dessus.
D’une salle à l’autre, la scénographie diffère : catacombes à hologrammes, pièce noire aux casiers disposés sur le mur, comme une boîte à poupée bizarre, présentant des accessoires, corset en colonne vertébrale métallique, masques de cuir, vestes de queer, rêves de phénix immortel que McQueen ne fut, hélas, pas.
L’ambiance sonore s’adapte merveilleusement au propos, baroque, classique, pop, cristalline comme une boîte à musique, mélancolique et pénétrée.
On y expérimente une nouvelle approche du corps, de la femme et de la bête : chimères à cornes, plumes, écailles et os, McQueen prêchait dans la chaire de la chair.
En Angleterre, l’accès aux musées est gratuit, pas les expos. Avec Eurostar, partenaire de l’événement, on peut précommander ses billets d’entrée au Victoria & Albert Museum, et au Tate, où se déroule l’expo photo “making of” de cette rétrospective. Sur présentation de 2 billets de train, on a une entrée gratuite. Au Victoria & Albert Museum, on se pose ensuite, pour digérér tant de “Savage Beauty”, dans la cour centrale, au soleil, au bord de la grande fontaine. Ensuite, on file admirer, à l’entrée du musée, les statues de gladiateurs qui s’entretuent tout nus, la bistouquette au vent. La culture, c’est follement distrayant.
Du 15 mars au 2 août 2015.