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Le projet d’installation d’un magasin COS suscite l’émoi dans cette rue historiquement dédiée aux créateurs indépendants, mobilise l’association des commerçants, et divise les camps. Chronique d’une relation de COS à effets.

Les faits :

COS prépare son installation dans LA rue “designers” du bas de la ville. Une enquête publique d’urbanisme est lancée, et depuis plusieurs semaines, les vitrines se parent d’affiches “anti”.

COS

Au-delà de l’évolution du partage du territoire entre le poumon de la mode “créateurs” de Bruxelles et une enseigne de large distribution, se pose le sempiternel dilemme du bras de fer entre l’indispensable artisanat et l’inévitable développement d’une industrie textile de saison, facilement accessible.

Les “contre” :

– L’Association des commerçants du quartier, menée par Sonja Noël, fondatrice de la boutique hyper pointue “Stijl”, de son pendant pour hommes (Stijl 2), d’un espace “mode environnement friendly” et du magasin pour enfants Kat & Muis. Selon Sonja Noël, à l’origine des affiches placardées dans toute la rue, “le projet d’urbanisme qui consiste en réunir deux espaces – l’atelier-boutique de Johanne Riss, expropriée par ailleurs, et le restaurant “Au Fond”,  créerait une trop grande surface de vente et pourrait attirer d’autres chaînes dans le quartier. Au risque de le dénaturer.” Elle qui fut la première à fonder l’identité “designers indépendants” du bas de la ville s’inquiète : “La rue des créateurs ne doit pas devenir une autre Rue Neuve”.

– Atrium, l’organisme de gestion des espaces commerciaux à Bruxelles, abonde dans son sens, dans une réponse à l’enquête publique :

“Après analyse de la demande, Atrium Bruxelles Centre ne peut approuver
la création d’un commerce d’une surface de 842.5m² situé en plein coeur
du Quartier Dansaert. (…)  Ce type de commerce est en total contradiction avec l’image du quartier et rentrerait en concurrence directe avec Les commerces indépendants et les
boutiques de jeunes créateurs.”

– Mêmes craintes du côté d’Alexandra Lambert, directrice MAD :

“Je tiens à m’associer à la position de l’association des commerçants du quartier Dansaert qui n’est pas en faveur de l’octroi du permis d’urbanisme susmentionné lié à l’installation de l’enseigne COS dans ce même quartier (…) L’arrivée d’une enseigne telle que COS signifie une concurrence directe et immédiate par rapport aux petites structures gérées par nos créateurs qui ne peuvent résister face à la pression concurrentielle agressive exercée par de tels groupes de fastfashion. (…) Le quartier Dansaert a depuis près de 20 ans été « vendu » par la Ville et la Région comme le quartier de la mode et il doit le rester. (Il)  ne peut pas être dénaturé par l’arrivée de marques globales que l’on peut retrouver dans de nombreuses villes du monde.”

Mise en perspective :

On peut aussi constater que depuis le début des années 90, le quartier a énormément évolué. De “zone où on ne traîne pas la nuit tombée”, c’est devenu un quartier branché, touristique, en plein gentrification. Par conséquent, qui attire plus de passage. La clientèle des boutiques de designers “de luxe” vont-ils réellement déserter Dries van Noten et Ann Demeulemeester pour le groupe H&M ? Ce ne sont à priori pas les mêmes acheteurs. Et si au contraire, plus de dynamisme dans le quartier brassait mathématiquement plus de consommateurs, vers toutes les enseignes ? Entre la fast-fashion de la Rue neuve et le high end de quelques spots à Dansaert, à ce jour, pas beaucoup de juste milieu.

Les “pour” :

Chantal Tack, patronne de la boutique Marc Jacobs qui sera voisine de COS, voit la diversité comme un atout : “Le quartier manque encore de passage. Idéalement, il faudrait que Dansaert devienne une sorte de “Marais”, où COS, implanté depuis un moment, ne fait pas d’ombre aux boutiques pointues comme l’Eclaireur. Plus les gens auront de bonnes raisons de descendre dans le bas de la ville, mieux ce sera pour l’ensemble des commerçants. Il faut que le quartier évolue pour survivre. Et ça ne lui enlèvera aucun charme. Au contraire.”

Du côté de COS, on déclare qu'”on souhaite toujours s’installer là où on pourra servir au mieux la clientèle, en espérant être en mesure de contribuer à la vie locale”.

Espérons que l’avenir donnera raison aux optimistes : la machine est lancée.

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