Le chocolatier belge vient de faire son entrée dans le dictionnaire. Fierté!
Quand j’ai commencé dans le journalisme, la fonction correction orthographique n’existait pas sur mon ordi (ou alors je ne l’avais pas encore débusquée). Même si je ne suis pas vieille (en tous cas, c’est le sentiment que j’ai), je suis de la génération qui a terminé l’unif tout juste avant qu’Internet ne débarque dans nos vies. A l’école, en primaire, en secondaire, notre moteur de recherche, c’était le dictionnaire, Larousse ou Robert.
Aussi, quand je me suis mise à écrire professionnellement, je peux affirmer qu’au quotidien j’ai ouvert bien plus de fois les pages de mon Petit Robert que mes bras à mon grand Jules de l’époque (et c’était pas faute de l’aimer). D’ailleurs, jamais ça m’a vexée qu’on me surnomme « la rousse ».
En ce temps là, pas de Google, ni de Wikipédia, quand on cherchait qui était Corneille, on tombait sur la fiche biographique d’un dramaturge français, point. Le dico, c’était pas qu’un jeu de la RTBF, c’était un objet qui portait l’odeur de la maisonnée, une brique de savoir qui finissait par se démantibuler tant l’un l’avait utilisé pour jouer au Scrabble et l’autre pour remplir ses mots croisés.
Alors évidemment maintenant, je consulte beaucoup, beaucoup moins souvent qu’avant cet outil de référence. Mais à chaque nouvelle édition, j’adore lister, signes de l’air du temps, les nouveaux mots et noms propres qui y sont insérés. Car produire un dictionnaire, c’est un vrai travail de sociologue, de sondeur et de fin limier qui traquent la langue des médias et celle de la rue, le néo-parlé récurrent des gens, les nouvelles terminologies qui traduisent la marche du temps, mais aussi le sens de l’époque, révélant les personnalités qui la fonde.
Il y a tout juste 10 ans, le mezze faisait son entrée (c’est le cas de le dire !) dans le Larousse illustré, ainsi que le (la) bobo : abrév. de l’anglo-amér. bourgeois bohemian : personne génér. citadine, aisée et cultivée, qui se veut anticonformiste. (Purée, déjà plus de 10 ans que je suis ça ?!? Pas si jeune que ça finalement ;-(
Ce matin, j’ai découvert dans la nouvelle édition (à paraitre le 28 mai) que selfie, yuzu et bistronomie seraient de la partie. Mais aussi, bientôt dans le Robert 2016 « tendu comme un string" ou "maquillée comme un camion volé"», deux expressions pour lesquelles nous les femmes n’avons certainement pas besoin d’explication. Et puis, quand des belgicismes s’y retrouvent (un bob, une latte, une nominette), je kiffe (ça, je l’avoue, c’est pas un mot de ma tribu, mais ça fait young (et pas bolos) et en plus c’est dans le dico depuis 2005).
Donc, aujourd’hui, j’apprends qu’après Amélie Nothomb, Justine Henin et Benoit Poelvoorde, voilà qu’Olivier Gourmet, acteur belge, et Pierre Marcolini, pâtissier et chocolatier belge, entrent dans le Petit Larousse illustré. Et là j’ai une sacrée bouffée de fierté. Parce que le dictionnaire, il y a pas à dire, c’est une institution.
Tout comme notre chocolat, même si à force, on a perdu la main, vu que désormais Godiva est turc, Callebaut suisse et Côte d’Or américain. Tandis que notre Piet national, il a modernisé nos pralines et leur a rendu leurs lettres de noblesse, c’est une star au Japon et les Français nous l’envie. La preuve, ils l’enrobent dans les pages de leur dictionnaire, à la lettre M forcément, entre Marckolsheim : chef-lieu de canton du Bas-Rhin et Marcomans, ancien peuple germain. En revanche, dans le dico, Rosetta, c’est une sonde spatiale et non une référence au film des frères Dardenne, bref pas de quoi se faire un plan sur la comète …
PS : Ah oui, j’allais oublier : parmi les nouveaux venus dans le dernier Larousse, il y a aussi le Français Bernard Henri-Lévy. Du coup, par association d’idées, je pense Marcolini … pâtissier … attentat … Et donc pour l’édition 2017 de ce fabuleux ouvrage, je suggère d’ors et déjà l’intégration du mot « entartage », formidable spécialité belge à base d’humour, de dérision et de jamais se prendre trop au sérieux.