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Le concept ne se limite évidemment pas qu’à la mode. Demain dans les supermarchés, bientôt, quand on passera devant les œufs, notre smartphone qui nous sait amateur d’omelettes nous enverra une alerte de promo sur la boîte de douze. La marque automobile Tesla ne se vend déjà plus que sur tablette. Au showroom, une seule voiture, quinze tablettes, et on commande avec les options de notre choix.

Aux états-Unis et en Asie, ces équipements se répandent viralement. Les cabines virtuelles, au Japon et en Corée, sont déjà passées dans les mœurs, chez Puma notamment. On se place face à un miroir, on clique sur une pièce qui apparaît sur notre reflet. On peut changer la couleur, zapper les coupes, cliquer, commander. Une question à propos du produit ? Via le smartphone (vachement « smart », si on y réfléchit) ou à la maison sur son ordi, sa tablette, enfin tout support technologique interactif, sauf peut-être le four à micro-ondes (mais ça viendra), on peut se mettre en contact avec une hôtesse-conseillère via l’appli Call An Expert, et l’interroger sur l’origine du vêtement, sa composition, ses caractéristiques… Sorte de vendeuse virtuelle, mais bien humaine, elle répond, propose une autre couleur qui apparaît sur l’écran, offre une ristourne. Je lui ai parlé. La mienne s’exprimait en anglais, le marché francophone n’est pas encore assez développé. En Allemagne, Osram (les ampoules) utilise déja cette technologie dans les magasins de bricolage. On a choisi son produit, touché l’échantillon à disposition, il est temps de régler. L’attente aux caisses ? Fini. On scanne l’étiquette, pour payer directement avec son téléphone ou en appliquant sa carte de crédit sur une vitre. McDonald’s utilise déjà cette technologie aux états-Unis. Et si on nous vole notre carte ? C’est le souci pour l’instant. C’est pourquoi bientôt, on pourra régler ses achats… grâce à son empreinte digitale ou avec l’iris de son œil. Conséquences : plus de vendeuses, plus de caissières non plus. Pour les remplacer : une conseillère multimédia. évolution ou situation préoccupante ?

Du côté des boutiquiers, on dispose désormais d’une image précise de la fréquentation des espaces de vente : sur un écran de tablette, je vois des points qui se déplacent sur un plan. Des gens dans un magasin. En fait, des GSM, dans un magasin. Celui-ci se pose cinq minutes à l’extérieur près de l’entrée ? Il fume. On adapte la pub dans la vitrine. Dans ce coin-là, pas assez de passage ? On modifie l’étalage. Il fait froid dehors ? La lumière rougeoie, pour donner une impression de chaleur à l’intérieur. C’est la canicule ? L’éclairage se teinte de bleu, pour rafraîchir les esprits.

Le bureau de com’ m’assure que ces équipements ouvrent la voie au « smart shopping » : propositions ciblées, rationalisation des coûts, rapidité, efficacité. La nouvelle génération de consommateurs va adorer. Pourtant, en quittant le showroom, j’ai un petit goût de parano au fond du porte-feuille. Il est vrai que je suis née à une époque où on se levait pour éteindre la télé en noir et blanc. L’époque a changé. Ces incursions commerciales dans notre vie privée ne vont-elles pas, un jour, nous priver de vie ? Préparez vous pour le Meilleur des mo(n)des.