Les fashion weeks sont d’énormes sauteries glamour où l’on boit du champagne du soir au matin
C’est pas vrai, mais c’est pas faux. Une fashion week à Paris, pour commencer, ça dure neuf jours. Au terme desquels chaque maison, chaque petite marque sait si sa collection, après des mois de travail sans sommeil à cause d’angoisses de cash-flow, trouvera des acheteurs ou se plantera lamentablement dans le triste champ des fringues éthérées qui n’auront pas fait d’artiche.
Les acheteurs des boutiques écument les showrooms et les défilés seize heures par jour pour dénicher les perles rares, tout en jonglant avec des budgets calculés entre passion et cent près. Les journalistes, rédactrices et rédacteurs – certains, rares et souvent excentriques, sont dotés de chromosomes Y – démarrent leur journée à sept heures. Ecrivent, publient, postent. Racontent la tendance qu’on portera dans six mois, décrivent, décryptent. Dessaoulent, parfois. Puis courent, en métro, en taxi, en Uber, pour choper le premier show de la journée. Là, ils socialisent, analysent, prennent des notes et se projettent dans tel manteau, dans un coin de leur tête.
Puis, une heure plus tard, ça recommence, après une course perdue d’avance contre la circulation new-yorkaise, londonienne, milanaise, parisienne (dans l’ordre). Trois minutes entre deux shows ? On file admirer une présentation de souliers ou de joaillerie, on serre des pinces, on distribue des cartes de visite comme un croupier mène le blackjack au casino de Monte-Carlo. On se nourrit comme on peut, petits fours et dips de chou-fleur cru, on dort quand on peut, et quand on rentre le soir, on écrit. Au retour, tout le monde vous envie. Quant à vous, vous ne pouvez plus voir une frusque de votre vie. Jusqu’à demain.