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C’est la question que se posent tous les acteurs de la mode depuis son défilé de jeudi et en cela, le designer américain a réussi son coup : catalyser l’attention.

Comme dit l’adage, “qu’importe qu’on parle de moi en bien ou en mal, du moment qu’on parle de moi”. Depuis que Rick Owens a fait défiler au Palais de Tokyo des mannequins gymnastes nouées-bondagées au milieu des models “habituels” sur fond de musique transcendantale (This Land is Mine du film Exodus, en live par la chanteuse de soul Eska), la fashionisphère s’oppose sur la question de savoir si ce show spectaculaire était un grand hymne féministe comme il le prétend, ou une façon d’instrumentaliser à l’extrême le corps de la femme pour faire parler de sa collection.

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Le créateur, avec ses longs cheveux noirs portés façon chef indien, a distillé un message de sagesse suite à la polémique (qui est avant tout, on le répète, la meilleure pub possible) :

«Cette collection est intitulée Cyclopes – une créature mythologique, formidable, avec une vision précise. Qui parmi nous, ne saurait apprécier ce type de description ? Dans le défilé homme qui portait le même nom, la vision était violente, agressive. Pour les femmes, je la vois comme relevant plutôt de la nourriture, de la sororité/maternité et de la régénération : des femmes qui élèvent des femmes, des femmes qui deviennent femmes, des femmes qui soutiennent des femmes. Un monde de femmes que je connais peu, que je ne peux qu’essayer de divertir à mon humble façon.»

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Les cyclopes ont généralement un seul oeil, et ni quatre jambes, ni quatre bras. Mais Rick Owens, qui avait laissé ses mannequins exhiber leur zizi lors de la fashion week hommes de janvier, n’en est pas à une contradiction-provocation près. Il ajoute : “ces sangles peuvent relever de la contrainte mais n’ont ici à voir qu’avec le soutien et le bercement».

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On était dans la salle. Les filles n’avaient pas l’air spécialement sereines. La plupart serraient les dents (le parcours était long), d’autres avaient franchement l’air de morfler. Si ce happening était sensé évoquer le portage des bébés (si on a du mal à se détacher de ses ados, il y a par ailleurs une idée à creuser), dans les faits, c’était loin d’une partie de sieste.

Ces créatures siamoises évoquaient plutôt une sorte de freak show, le produit dégénéré de quelques expériences de laboratoire, sorties d’un studio de création. Les hommes ont parfois une façon étrange de sublimer le féminisme.

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Du coup, on a à peine profité de la collection (pour certaines mauvaises langues, c’était tant mieux vu qu’elle ressemblait fort à celle de Kanye West. C’est oublier un peu vite lequel des deux a, le premier, exploité le thème des habits bandages et des carapaces drapées). De fait, les vêtements étaient bien beaux, dans la lignée du travail de Rick Owens. Minimalistes, user friendly quand on n’a pas le séant de sa meilleure amie collé sous le nez, avec un côté prêtresse moderne. Tout ça pour ça.

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(En outre, ce n’était pas nouveau-nouveau)

Performance de l'artiste Leigh Bowery dans les années 80

Performance de l’artiste Leigh Bowery dans les années 80