Une entreprise britannique, Coexist, veut introduire un congé « spécial règles ». Les femmes qui ressentent des douleurs importantes pourraient travailler de chez elles ou bénéficier de plusieurs jours off. Une bonne idée?

« Je prenais toujours quelques jours de vacances pendant mes règles. Si je ne le faisais pas, je m’effondrais ou je me retrouvais couchée par terre à l’agonie », confie Bex Baxter au Toronto Star. Codirectrice de la compagnie Coexist basée à Bristol, elle veut lancer un congé « spécial règles » pour ses employées. Celles qui souffrent pendant cette période pourraient bosser à la maison ou bénéficier de quelques jours de congés payés par l’entreprise. Le but ? Que les femmes ne se sentent plus coupables lorsqu’elles doivent s’absenter mais aussi que les règles ne soient plus un sujet tabou. La mesure existe déjà dans plusieurs pays d’Asie.

A première vue, le scénario est séduisant. S’emmitoufler dans un plaid, se refaire l’intégrale de Sex and the City et finir (un peu en avance) tous les chocolats de Pâques, on n’est pas contre. Surtout lorsque l’on est pliée en deux. Mais toutes les filles n’expérimentent pas ces douleurs intenses et l’initiative n’a pas que des adeptes. Certains dénoncent déjà une fausse bonne idée. Si ce type de congé arrivait en Belgique, les répercussions ne seraient pas forcément positives. Cela pourrait pousser les employeurs à hésiter lorsqu’ils doivent engager des femmes par exemple. « Alors on a des règles douloureuses ? » On imagine déjà la question posée lors d’un entretien d’embauche.

Marie Donzel, auteure du blog Ladies and Gentlemen, voit rouge. Elle s’inquiète d’une possible régression des principes de l’égalité avec ce « congé menstruel »: « Je n’ai strictement aucune envie de voir confortée au travers de la reconnaissance d’une incapacité à travailler des femmes qui ont leurs règles, la foule des préjugés ordinaires sur l’irritabilité, l’émotivité et in fine la faiblesse prétendument intrinsèque d’un sexe qui serait, malgré lui, dépendant de ses aléas hormonaux et poserait des problèmes spécifiques au monde du travail. » Les préjugés sont tenaces et ce type de congé risque de les renforcer.

Crédit photo: série Friends