Elle s’appelle Viyan. Comme de nombreuses autres, cette jeune femme se bat contre l’Etat islamique en Syrie.
« Mon arme ne me quitte plus, même quand je vais aux toilettes. C’est en quelque sorte devenu mon “sac à main”. » Avant de dormir avec sa « complice », sa Kalachnikov, Viyan était une paysanne kurde analphabète. À 18 ans, elle décide de s’enfuir de son village avec sa cousine pour défendre sa terre, le Kurdistan syrien, connu aussi sous le nom de Rojava. Elle rejoint la guérilla du Parti de l’union démocratique (le PYD), un parti cousin du PKK. On les appelle les Unités de protection du peuple (les YPG). Face à l’affluence des combattantes, des brigades exclusivement féminines ont même vu le jour, les Unités de protection de la femme (les YPJ).
Viyan en fait partie, « à jamais ». Aujourd’hui, elle se bat quotidiennement pour anéantir Daech, mais aussi pour consolider une société plus égalitaire. Pascale Bourgaux, grand reporter belge, l’a rencontrée en mai et en novembre 2015. Pendant plus d’un mois, elle dort avec elle sur le même matelas, posé par terre, et découvre le quotidien de ces guerrières kurdes qui luttent contre l’État islamique. Elle sort ensuite un livre (« Moi, Viyan, combattante contre Daech ») et un film (« Femmes contre Daech ») sur le sujet.
Mais la tâche n’a pas été facile. « Pour aller en Syrie, nous avons dû faire appel à des passeurs. Nous avons traversé la frontière clandestinement sur une planche à repasser, avec les douaniers turcs à nos trousses. Après, il a fallu parlementer avec les chefs de la guérilla. C’était très compliqué, nous avons passé des jours à attendre des autorisations », raconte Pascale Bourgaux. Elle tombe finalement sur Viyan, un peu par hasard. « La grande commandante nous a présenté son adjointe parce qu’elle n’était pas disponible. Il y avait une offensive en cours et elle n’avait pas le temps de discuter. Elle n’allait pas dire : “Attendez les gars, on arrête les combats, je vais parler à une petite journaliste.” »