C’est en tout cas ce que souhaitent deux députées sp.a, Karin Jiroflée et Monica De Coninck. Et les centres médicaux spécialisés, ils en pensent quoi ?

La demande n’est pas nouvelle mais Karin Jiroflée et Monica De Coninck ont aujourd’hui décidé d’agir. Les deux députées sp.a viennent d’introduire une résolution pour allonger la limite de l’IVG à vingt semaines. En Belgique, elle est pour l’instant fixée à douze. Résultat : un « tourisme de l’avortement » se met en place. Chaque année, entre 500 et 600 femmes enceintes font leur valise pour les Pays-Bas selon Belga. Direction la clinique et non l’hôtel, le délai pour avorter est plus long passé la frontière néerlandaise*.

« Les centres belges peuvent envoyer des femmes à l’étranger même si l’intervention est interdite ici après douze semaines. Nous faisons toutes les démarches, nous nous occupons de prendre contact avec les cliniques hollandaises. Nous avons des papiers pré-remplis et des formulaires indiquant aux femmes où elles doivent aller, combien coûte le train, etc. », nous explique un gynécologue qui a préféré garder l’anonymat.

Pour Karin Jiroflée, la situation est tout simplement hypocrite. Mais d’après le médecin interrogé, elle serait plutôt rare : « En 25 ans de carrière, je n’ai envoyé que trois ou quatre patientes en Hollande. La plupart des femmes souhaitant avorter viennent entre six et huit semaines de grossesse. » Les députées affirment qu’il n’y a aucune raison médicale justifiant le délai imposé en Belgique. Mais les gynécologues opposés à leur résolution ne sont pas de cet avis. Leurs arguments ? Après douze semaines, l’avortement peut être plus compliqué et l’embryon est doté d’un système nerveux central.

L’avis de Fanny Colard, chargée de mission à la Fédération des Centres de Planning Familial des FPS : « Nous avons une position réservée sur la question. Nous sommes en faveur de la proposition la plus favorable pour les femmes. Nous sommes donc pour un allongement du délai pour avorter parce que cela permet d’avoir plus de libertés mais ce n’est pas notre priorité. Notre principal combat, c’est de sortir l’IVG du Code pénal. Nous luttons aussi contre un statut de personne accordé au foetus. Selon nous, ce sont ces dossiers qui ont le plus de conséquences négatives pour les femmes. »

*Il est fixé à vingt-deux semaines.

Crédit photo: film Juno