Comment Catherine s’est retrouvée dans le rôle de la MILF… 

J’ai 50 ans. Je suis top manager dans une multinationale. J’ai un mari fonctionnaire. Il soutient ma carrière en s’occupant de la maison, des repas, de l’administration et de nos enfants. Mon mari trouve son bonheur dans le mien et dans celui de notre famille. Toutes mes amies me l’envient.

Ces derniers mois, j’ai pris vingt kilos à cause d’une maladie que je dois soigner à la cortisone. Difficiles, les essayages de ma garde-robe qui n’est pas encore adaptée, et de me voir en photo ou en vidéo. Je ne parviens pas à réaliser que cette femme ronde, c’est moi.

Mon mari, toujours amoureux, me trouve belle. Je croise les regards de certains hommes, mais ils me paraissent moins nombreux qu’avant. Et puis ce corps est lourd à porter. Mes pieds, mes genoux, mon dos me font mal. Pas très sexy, tout ça. Justement, côté sexe, c’est un peu triste. Une sexualité « plan-plan », bien que satisfaisante grâce à la douceur et à l’expérience de mon mari. Je voudrais parfois lui demander plus d’ardeur, plus de créativité, sentir son désir plus souvent… et plus de transgression. Mais il a l’air heureux. Me dit qu’il me préfère nue qu’en dessous sexy. Je ne lui ai jamais dit combien j’ai multiplié  les expériences avant et même pendant notre mariage. Je suis une amoureuse de la vie. Je ne résiste pas à la pulsion du désir. Il fait pétiller mes cellules. Je sais aussi prendre du plaisir sans amour, ce n’est pas un tabou pour moi. Le côté néfaste de cette liberté est que je me suis parfois retrouvée au lit avec de gros cons… Ça fait partie du jeu.

Cette année, mon mari préférait consacrer ses jours de congé restants à des travaux dans la maison. J’ai pris dix jours de vacances seule au soleil, en France. Je médite sur la plage lorsque je sens une ombre sous mes paupières fermées. J’ouvre les yeux et découvre un beau jeune homme blond. Je repars en méditation, pensant qu’ayant constaté notre différence d’âge, il s’en irait. Mais il reste. Je suis allongée sur le sable dans une petite robe blanche achetée vingt euros au marché. Il doit avoir 28 ou 30 ans. Il a l’air bien bâti. Pas très grand, mais solide. Sa témérité m’étonne. Il y a un bar pas loin. J’ai envie d’un cocktail. Assumant ma prise de risque et mon insouciance, je demande : « Would you like to have a drink ? » (Il parle anglais avec l’accent allemand.) Contre toute attente, me voilà dans le rôle de la MILF. Il est partant pour un verre, mais s’excuse  de ne pas avoir d’argent sur lui. Je vois son sac de plage en plastique noir et me dis que je me suis fait piéger par un loser qui n’a pas de quoi manger ni dormir ce soir. Tout est plus clair. Il me dit qu’il a un PhD et travaille à Munich, dans une société de conseil. Il est aussi affamé et dévore les chips. J’ai peine à croire son histoire. Je lui laisse mon numéro de téléphone. Pourquoi ? Je crois que je veux vérifier mon pouvoir de séduction. Allait-il vraiment rappeler alors que je ne l’ai ni nourri ni hébergé ? Il m’envoie rapidement plusieurs messages très corrects mais très clairs sur son désir.

Il m’attend. Il veut me voir le lendemain. Et moi, que vais-je oser faire ? J’ai 15 ans : rien que pour avoir revécu, cela valait la peine. Je me connais : malgré le risque de tomber sur un taré et de foutre en l’air mon mariage, je ne résiste pas au goût de l’aventure. Le lendemain, je lui propose de nous retrouver dans un endroit que je viens de découvrir, une plage quasi déserte bordée d’une pinède. Je rentre dans l’eau, en pensant qu’il va fuir devant la vision de mes larges cuisses et de mes fesses. Il me rejoint, me prend par la taille, me balance doucement en me caressant les hanches, le ventre et la poitrine. Je sens son membre dur. Quel bonheur d’être dans les bras d’un homme avec une vigueur si rapide. Cela faisait longtemps… Je me retourne pour l’embrasser. Nous restons imbriqués l’un dans l’autre un long moment. Il reste dur (ça aussi, ça fait longtemps). Je ne sais pas s’il a joui. Moi pas, mais qu’est-ce que c’était bon ! Il me demande : « Tu as pris tes précautions avec une pilule ou quelque chose comme ça ? » J’éclate de rire. « Mais je suis beaucoup trop vieille pour tomber enceinte ! » « Ah bon ? Mais quel âge as-tu ? »  « 50. » Il pense que c’est encore dangereux, cite des amis qui ont eu des enfants à 70 ans. « Oui, mais ce sont des hommes ! » En voilà encore un qui ne sait rien du corps des femmes. J’en ris pendant longtemps. Il est un peu gêné, mais je ne suis pas certaine qu’il comprenne. Il me demande d’attendre un peu avant de remonter vers la plage en prenant le prétexte que quelques badauds nous ont observés, alors que c’est pour permettre à son pénis de se remettre au repos.

On s’allonge côte à côte pour profiter des derniers rayons de soleil. Il fait frais. Je fais semblant de dormir. J’écoute avec tous mes sens les grillons chanter et les vagues finir sur le sable. Toujours ce respect de sa part. Il ne dit rien pour ne pas me déranger, mais me touche toujours avec une partie de son corps. Je peux sentir son désir monter. Oh Dieu, que c’est bon, cette vague chaude qui envahit tout le corps, comprime le thorax et prend à la gorge !

Il ne veut plus aller au restaurant. Il veut manger dans ma chambre d’hôtel. Ce sentiment d’urgence de son désir. J’ai appris qu’il s’appelle Markus, qu’il a 29 ans. Il roule dans une grosse BMW, son PhD et ses clients d’affaires sont réels. S’il était SDF, je crois que je le garderais dans ma chambre quand même. Je ferais juste plus attention à mes affaires (moi aussi, je suis pleine de préjugés). Je dois beaucoup insister pour qu’on prenne le temps de manger. Au sortir de la douche pour éliminer le sel de la mer, je lui ai caressé le dos et les fesses encore humides. Depuis combien d’années n’ai-je pas caressé un corps aussi jeune et bien fait ? Mais que me trouve-t-il, bon sang ? Nous faisons l’amour dix fois sur la nuit. Il ne lui faut pas beaucoup de récupération et il ignore les préliminaires (sait-il seulement où est le clitoris ?). Son désir est d’une telle fougue que je dois le calmer pour reprendre mon souffle.

Le plus étonnant dans cette histoire, outre le fait qu’une femme mûre le fasse bander à en mourir, c’est sa tendresse. À nous voir entre deux ébats, on aurait pu nous croire amoureux. Exténués, on s’est endormis, lui de côté, collé à mon flanc avec son genou sur le mien et mon sein dans sa main, moi couvrant de la mienne son sexe. Régulièrement, pendant son sommeil (ou demi-sommeil), il se collait encore davantage pour me faire sentir son envie. Cela fait quelques années que mon mari a sa position rituelle d’endormissement, qui ne tient pas compte de moi. Avec Markus, même quand on se séparait pour mieux dormir (on mourait de chaud), il restait en connexion avec une partie de mon corps.

On a refait l’amour deux fois le matin avant de se séparer. Je lui ai dit qu’il me manquerait. Qu’il était le plus beau cadeau de vacances que le ciel m’ait envoyé. Il semblait heureux et même pas épuisé ! Moi, je n’avais plus de jambes, mais mon sexe n’était pas si brûlant malgré ses attaques répétées, même « à froid ». Il a été exactement ce que je désirais. Ce qui me manquait. Il ne sait probablement pas que ce n’est pas comme cela qu’on fait l’amour à une femme. Ou alors c’était juste sa façon de me vouloir moi.

J’ai adoré sa force, son impatience, sa fougue, sa vigueur, son odeur, sa sueur, son corps, sa résistance, mais sa tendresse aussi. Je me suis sentie belle ! Sans doute, aussi, parce que, quelques mois plus tôt, j’avais voulu cette opération esthétique de la vulve. Il me fallait un homme jeune et fou de désir pour me reconnecter avec mon nouveau corps et réapprendre à l’aimer. Oui, je suis ronde et de moins en moins ferme. Mais je suis tellement gourmande de la vie, j’ ai une telle force vitale que je suis encore belle, sexy et « baisable ». Ouf  ! Quel cadeau !

Propos recueillis par Béa Ercolini