La nouvelle fragrance du parfumeur “de niche”, comme on dit, inspire des histoires et installe un état de grâce (voire de Grasse).
James Heeley est Britannique, amoureux de Paris, qu’il a finalement délaissée pour Bruxelles. Probablement séduit par la connivence entre deux pays flegmatiques et magnifiquement rompus à l’art du second degré. Attiré peut-être aussi par un nouveau parfum de créativité. Pour exprimer sa perception sensible du monde, James Heeley a besoin de liberté.
Après avoir étudié la philosophie et le droit Londres, il a débarqué à Paris à l’âge de 26 ans, sans parler français. Il y a appris le dessin graphique : « Ça a changé ma vie. Le graphisme est lié à l’architecture, et à la mode. Le monde a commencé à faire sens : j’ai senti que tout était imbriqué. » James s’intéresse alors au design, et crée, pour un grand fleuriste français, des vases à base de toitures de zinc. Il rencontre Annick Goutal, qui collabore à son tour avec eux. « J’avais depuis toujours cette folle idée de faire un parfum. »
Puisqu’il est autodidacte dans l’âme, frustré de ne jamais voir l’envers des laboratoires qui produisent les jus, il se trouve un petit labo près de Grasse, qui accepte de lui ouvrir ses portes. Là, les mains dans les fleurs, il aborde le métier de parfumeurs. James adore les odeurs, qu’il connecte aux émotions. Le premier parfum qu’il crée, “Menthe Fraîche” est atypique, car composé, comme son nom l’indique, d’une base de menthe fraîche. Une empreinte très anglaise, extrêmement subtile. Depuis 2004, James Heeley a développé 16 parfums, à l’identité forte, au mariage d’odeurs semblables aux chapitres agencés d’un livre. Chez lui, vous ne trouverez pas de ces populaires parfums sucrés pour ados. Le parfumeur mixe des senteurs inattendues, et les plus intimes des accessoires de peau, d’une sensualité folle, jamais outrageusement capiteux. Ses parfums sont mixtes, parce que, dit-il : « tout cela n’a aucun sens. »
Son nouveau parfum, “l’Eau Sacrée”, nous transporte dans la solennité d’une église. Odeurs spirituelles activant la mémoire, elle fleure l’encens, la myrrhe, le santal, le cèdre, le vétiver de Java.
Avec une autre intention, James a aussi imaginé “L’Esprit du Tigre”, un parfum chic et sport, c’est-à-dire habillé, mais pas réservé aux occasions du soir. Un mélange de menthe – encore – de cardamome et de camphre, entre autres compositions aromatiques.
En ce moment, James Heeley compose un parfum pour une marque de mode française, on ne peut rien dire encore, mais on sait qu’il mettra autant de récits que d’essences précieuses dans ses flacons.
Chez Senteurs d’Ailleurs.