Booker un top plus size parce qu’elle est canon, et ne pas mentionner ses mensurations ? Le progrès est en marche !
La campagne automne-hiver d’H&M Studio est une petite révolution : Ashley Graham, célèbre top curvy, s’y mêle aux mannequins longilignes. C’est déjà une première. Mais surtout, la collection n’est pas labellisée « grande taille », elle s’étend juste du 34 au 46 de manière naturelle et ce n’est indiqué nulle part. Sur l’une des images, le géant suédois fait tout simplement poser ensemble quatre filles très différentes. L’une d’elles, Katy Syme, n’a pas le corps « standard » habituel dans le milieu de la mode. La marque ne met pas en avant les formes généreuses de Katy et ça, c’est plutôt rare. Jusqu’à présent, même si les modèles « plus size » sont partout, elles restent une catégorie à part.
La preuve, on ne les qualifie pas de mannequins « tout court ». Elles sont systématiquement séparées des autres tops. Un shooting de mode qui mixe, comme dans la « vraie vie », des morphologies et des couleurs de peau diverses, ce n’est toujours pas courant chez nous… « C’est pourtant vers ça qu’on devrait se diriger», souligne Aglaë Dreyer. Jeune mannequin belge au sourire irrésistible, elle fait un 42-44 pour 1,81 m. « Le vrai progrès, c’est lorsqu’un top curvy est choisie parce qu’elle est jolie, pas juste pour faire un coup de pub ou pour figurer dans une édition “spéciale rondes”. Les mentalités évoluent doucement. »
Aglaë est donc qualifiée de « grande taille » par l’industrie fashion, aussi aberrant que cela puisse paraître pour certains. Elle a 16 ans, et 25 kilos de moins, lorsqu’elle se fait repérer par une agence. « Ils m’ont demandé de perdre beaucoup de poids alors que j’étais déjà très mince. Ce n’était jamais assez. Je suis devenue obsédée par la nourriture, je suis passée par des phases de boulimie et d’anorexie. » Un schéma tristement classique. Adepte du mouvement body positivity, Aglaë a appris à aimer son corps. Et elle compte bien faire passer le message. Dans son monde idéal, les catégories « plus size » sur les sites des agences de mannequins n’existent plus.
Fini la séparation entre les tops curvy et les autres, un client choisirait une égérie en fonction de ce qu’elle dégage. La jolie Belge est persuadée que les marques ont tout à y gagner. « Je reçois beaucoup de messages sur les réseaux sociaux. Les femmes me disent qu’elles apprécient de voir une fille comme moi, avec des formes et bien dans leur peau. Elles ne se sentent pas représentées dans les campagnes de pub, poursuit-elle. Le public est lassé de voir encore et encore le même type de corps. Les réactions sont toujours ultra positives lorsqu’un top curvy défile aux fashion weeks. Je ne comprends pas pourquoi les marques ne se lancent pas. »
Crédit photos: Iska photography