La Maison Christian Dior s’y entend à concevoir des silhouettes de contes, et sait recevoir. Féerie de tissu et licornes, on a plongé dans le labyrinthe.
Le défilé d’abord, lundi après-midi. Un moment d’hiver froid et ensoleillé, fantastisé (c’est un néologisme certes, mais la mode se nourrit d’avant-garde), dans un décor labyrinthique surréaliste. Le labyrinthe, un thème tant à propos dans un contexte où l’industrie toute entière cherche le bon chemin vers un avenir aux codes bouleversés.
Pour sa première collection Haute Couture, Maria Grazia Chiuri, Directrice Artistique des collections femme de la maison Dior et ancienne de chez Valentino (on a d’ailleurs, très naturellement, perçu encore quelques traits de son univers là-bas, ici), s’est inspirée d’un poème d’Henri Michaux : “Dans le noir nous verrons clair, mes frères. Dans le labyrinthe nous trouverons la voie droite.” Rien d’une création au sécateur pourtant dans cette collection d’une délicatesse enchanteresse. Un décor intérieur aménagé comme un sous-bois (avec mousse de clairière au sol, buissons, arbres et bosquets. On a cru apercevoir la queue du loup, mais il a fui, de crainte de finir en capuche, sans doute).
Les mannequins arpentant ce jardin secret portaient masques d’organza, pantoufles non de vair mais de plumetis, et robes capes comme si tous les contes qui ont bercé des siècles d’histoires du soir défilaient soudain au Musée Rodin. On a vu des Peaux d’Ane, des Petits Chaperons Noirs. La musique, qui aurait pu être signée Dany Elfman, transportait la poésie au-delà des murs végétaux de ce labyrinthe, où ne s’est perdue que notre imagination.
Plus tard le soir, la maison Christian Dior organisait un bal masqué. Projections d’imagerie astrologique sur le corps du musée, licornes (authentiques, on a vérifié), diseuses de bonne aventure et vedettes masquées qu’on connaissait quand même, on a beaucoup dansé. Pas le menuet, mais au son d’un dj. On a deviné Cocteau, Méliès et Perrault, qui étaient là, pas très loin. Une coupe de Ruinart à la main, derrière une statue d’odalisque callipyge, ils veillaient.