Arrivée il y a à peine 3 ans sur le marché, VETEMENTS, marque populo-élitiste, n’en finit pas de secouer les codes et de générer la (et les) réflexion(s).
La prochaine collection, prêt-à-porter Automne/Hiver 2017, a été présentée lors de la semaine de la Haute Couture à Paris en janvier. Dans un lieu public, un lieu de culture, un lieu de passage. Au Centre Pompidou, on a vu défiler, comme un jour d’exposition, des vieux, des pas mannequins, des dégingandés. Des dévoyés, des premier degré, vous et moi, en excessifs. Des petits, des grands, de la provoc, de l’humour. Une collection fondée sur la réinterprétation des clichés vestimentaires socioprofessionnels, conceptuelle et déroutante.
Elu « personnalité de l’année » par le surpuissant média Business of Fashion, Demna Gvasalia, Géorgien de 36 ans, élevé en Allemagne et diplômé de l’Académie d’Anvers en 2006 qui préside aux destinées créatives des deux maisons parisiennes les plus en vue ces dernières saisons, VETEMENTS et Balenciaga, explique que « c’est une collection haute couture par définition, puisque les corps ici étaient très différents les uns des autres. En traitant les stéréotypes, on faisait paradoxalement du sur mesure. »
Pour Demna, à juste titre, « la mode est toujours très puissante. C’est par ce biais que nous avons voulu décaler les rôles, par le détail qui dénature. Le casting était basé sur l’idée de différents profils socioprofessionnels. C’était la question de l’identité par le vêtement. De même que nos vêtements modifient nos sensations, nous avons développé la représentation de la société à laquelle on croit. Nous avons fait un choix des archétypes sur Google ! (Rires). Ce sont les contrastes qui m’intéressent. Des contrastes, c’est ce que nous sommes tous. Le chaos, c’est la créativité ».
Policière, gitan, Milanais, militaire, fan de trash-métal, vagabond, mariée ou secrétaire, les oripeaux du commun sont revus et corrigés avec une patte surréaliste, détonnante et désabusé. C’est classique et pourtant, philosophiquement toujours moderne…