Non. On reste là. On ne se lève pas. On ne s’agite pas. On fait sa rebelle sans cause et on se prend (déjà) une pose…
On ne se parle pas des bouchons, des rhumes et des frimas. Ni du manteau, qu’on doit choisir « tendance » et dont on ne veut même pas. Parce que ce qui nous motive, c’est de courir en culotte au petit-dej, le cul enduit de monoï et le tee-shirt mou – comme nous – sans ce soutif qui nous cisaille ni ces talons qui flinguent les genoux.
Avoir le temps d’être soi. Avec le poil de mollet qui repousse, la manucure semi-permanente qui se décolle, la peau un peu luisante d’avoir eu trop chaud à ne rien faire du tout.
Viens, on fait ça. On reste en été. On chipote autour de la saucisse du barbecue, on a envie de pastèque. On croque dans de la pèche de vigne en likant de l’index les photos de pieds affreux de nos potes trop fières de se la jouer touristes dans un club un peu cheap. Le même sable, la même eau, le même short, le même festival, les mêmes filtres, la même frime. Et quand même l’impression d’être unique. C’était comme ça il y a 15 jours, un mois…
Vas-y on lâche les bonnes résolutions. On ne se lave pas le visage le soir. Ni les cheveux le matin. On laisse aller. On dit aux gosses de manger des pommes et de réutiliser le même cartable que l’an dernier. Parce qu’il est encore très bien. Parce qu’on s’en cogne du CEB, du CE1B et des acronymes pour résumer qu’on est censé les classer (les casser ?). Et les crayons de couleur, pareil. C’est pas comme si l’année passée, ils avaient utilisé tout le bleu, allez, sérieux…
On recule, comme la vague. Tu te souviens ? La vague là, celle qui avait failli t’emporter les chevilles. Et le cœur. Et la vie. Que t’avais cru mourir de bon et d’émotion juste parce que tu étais jambes nues à crever de chaud au soleil. Que t’as osé te plaindre. Tu l’as dit, je te dis. Si, tu l’as, dit ton « c’est trooop ».
Y avait même des fraises à 2 euros au Delhaize du Fort-Jaco. Ta voisine était en short (et les emmerdes, du coup, à ta porte). Tu pensais faire un prêt personnel pour creuser une piscine sur ta terrasse d’un mètre carré, mais t’as plutôt acheté un truc coloré, brodé et frangé. Si, tu l’as fait !
Là, c’est presque déjà lundi et tu vas éructer dans les embouteillages. Tu souffleras à ton ex que tu veux modifier ton tour de garde. Comme si tes petits étaient des inconvénients, des obstacles à tes apéros.
Le soir tu vas plastifier des cahiers. Et si à la lecture de cette dernière phrase tu crânes parce t’es sans enfant, calme toi. Que ce soit par destin ou par choix, dans tous les cas, tu te mettras quand même un coup de pression parce que tout le monde s’agite autour de toi. Parce que t’es conditionnée, comme nous toutes, à virer hystérique de l’agenda dès le 9ème mois (de l’année, suis un peu…).
On choisit quoi, quand on est toi, à la rentrée ?
Un nouveau sport ? Un nouveau hobby ? Une nouvelle lubie ? Tu vas arrêter un truc (de fumer / de baiser saoule / de te ronger les ongles / d’ingérer du gluten) ? En commencer un autre ?
Et si on ne faisait rien ?
Et si on regardait nos collègues pour les juger. Eux qui commencent déjà à s’exciter parce qu’ils ont 15 pauvres jours de congés à rattraper.
Et on arrêtait d’accepter ? Et on était vivante toute cette année au lieu de virer zombie blafarde décérébrée sitôt la cloche sonnée ?
Et si on n’y allait pas, il se passerait quoi ?
Tu es irremplaçable ? Insubmersible ? T’as pas envie de lui dire, à ta/ton supérieur.e hiérarchique que son autorité, tu la niques ?
T’as pas envie d’afficher qu’on n’est qu’au début que tu n’en peux déjà plus ?
Tu vas tenir comme ça jusque juillet prochain ? C’est ça ?
À performer, exécuter ? À penser mieux que ton milieu ?
Vas-y, prends un jour de repos sans raison, sérieux. Vas remettre ton bikini, même si c’est pour trainer au lit.
Septembre, c’est toi qui le définis !