Le plus belgophile des chanteurs de jazz trip hop sort son 11ème album. « Bury The Hatchet ». Enterrer la hache de guerre, pour faire pousser le mystère.
De tous ses opus, le dernier est celui qui flirte le plus entre sérénité bluesy et mélancolie euphorique. On écoute cet album et en boucle parce qu’il est plein de savoureux paradoxes émotionnels. Quant à Jay Jay, Jäje Johansson de son vrai nom, il a opté pour ce pseudonyme parce que la presse britannique n’arrivait pas à prononcer son nom. A la fin des années 80, Walter Van Beirendonck, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Dirk Van Saene, Dirk Bikkembergs et Marina Yee étaient devenus « les Six d’Anvers » pour la même raison. Martin Margiela étant le septième, ça fait de Jay Jay « le huitième d’Anvers ».
Outre votre mariage avec le mannequin belge Laura Delicata, quel type de lien entretenez-vous avec la Belgique ?
Quand j’ai rencontré Laura, qui vient de la région de Verviers, nous avons passé beaucoup de temps vers Liège, et nous y retournons encore souvent, notamment pour les fêtes. Laura est très proche de son frère jumeau. Son emménagement à Stockholm a marqué une transition dans sa carrière, du mannequinat aux métiers de la mode. Elle a travaillé comme visual merchandizer pour ACNE, et maintenant pour Marc Jacobs. Et moi, j’ai appris le français !
Qu’avez-vous attrapé de la belgitude ?
Ma femme a importé tellement de Belgique chez nous ! Rien que les termes « septante » et « nonante », j’adore. Elle a apporté à notre famille un réel contraste culturel dans nos habitudes. Ce qui me connaissent savent que j’assume ma part de féminité, et elle, elle est très à l’aise avec sa part de masculinité : ses cheveux sont sombres, elle ne porte que du noir. Elle était proche des designers belges Xavier Delcour, Didier Vervaeren, Véronique Leroy, Laetitia Crahay. On a beaucoup fait la fête avec eux ! Quand j’ai commencé à faire des tournées en 97, mes premiers souvenirs remontent au Botanique à Bruxelles. Les voyages et les rencontres inspirent la création mais avant ça, j’avais très peu voyagé. Cette découverte de l’Europe m’a beaucoup inspiré.
Vous avez appris à vous ouvrir plus facilement aux autres ?
Enfant, j’étais très timide, et je rêvais de devenir compositeur, mais je pensais que c’était un métier réservé aux extravertis. Je me suis alors dirigée vers des études architecture. Un jour, j’ai assisté à un concert de Chet Baker, lui-même tellement timide, qu’il tirait sa chaise hors de la lumière. J’ai compris qu’il existait une autre manière d’être musicien.
Vous avez l’air très heureux, pourquoi tant de mélancolie dans vos chansons ?
Avant Laura, j’étais très solitaire. Maintenant, je connais une autre forme de solitude, celle de mon absence quand je voyage, de ce que j’aurais dû dire en partant, ou ne pas dire. Je pars toujours avec un peu de paranoïa, me demandant ce que fait ma femme, ce que vit ma famille. J’ai toujours eu un fond mélancolique, qui est maintenant contrebalancée par mes élans romantiques.
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Et une chanson de l’album bonus acoustique qui sort en novembre :