Durant les fashion weeks, on voit les prochaines collections 6 mois à l’avance. Chez Y/Project, dessinée par le Brugeois Glenn Martens, écoutez-bien, c’est l’avenir avec une perspective de plusieurs années.
Lauréat du Prix de l’ANDAM en juin dernier, Glenn Martens intègre une mode réellement innovante à des critères historiques. C’est-à-dire qu’au lieu de resucer des valeurs sûres du prêt-à-porter, Y/Project (comme la plupart des maisons belges ou assimilées, il faut le souligner), prend des risques, invente un nouveau langage, propose des pièces à la fois osées, portables et éloquentes.
En somme, Glenn Martens est un créateur de mode, dans un contexte où la grande majorité font du produit. Il s’inspire de la Renaissance qui l’a bercé à Bruges, mais ça n’est qu’un des sources. Ses autres confluents artistiques sont le sportswear, ses contemporains, sa passion indéfectible pour l’humain. Et de l’humour, conséquence indispensable de la prise de distance qui permet de sauter par dessus les fossés du consensuel.
Pour l’été prochain, Y/Project crée des volumes mouvants, fait dans la dentelle (le tulle, pour tout dire), invente des jupes de princesses en jogging, des robes de cocktail en forme d’oeillets, des manteaux androgynes. Si on y regarde bien, il y a tout ce dont on a besoin en une seule collection, dont aucune silhouette ne ressemble à ce qu’on aurait déjà pu voir.
Glenn Martens explique : « on veut tous être ce qu’on est, et ce que l’on est pas à la fois. Moi, je retourne les codes. Ça a l’air de pièces sérieuses, mais ça tourne au surréalisme. L’androgynie même est dévoyée, puisqu’elle devient hyper sexy. Je cultive les différents niveaux de lecture. » Pour cette nouvelle saison, tout est adoptable, et inouï à la fois : « Ça découle du culte de l’excès. La neutralité et sclérosante : il faut dévorer la vie. C’est aussi le culte de tout vivre à fond. Alors, chaque pièce peut devenir un jouet. On se pose la question : « aujourd’hui, comment puis-je porter ça ? » Il faut s’approprier chacun de ses vêtements, avec la conscience que pendant la journée, on pourra l’adapter, échanger à l’envi notre propre identité. »
Son secret ? « D’abord, je ne m’occupe pas de « ce qu’il faut faire pour plaire », je me fais plaisir. Mais je suppose que tout le monde peut répondre la même chose. En tout cas, je n’ai pas le stress d’être le plus cool, le plus street, le plus je-ne-sais-quoi… Je crée mon propre langage visuel. Je suis moi-même différente personnes, et ça se traduit dans mes collections. » Si vous devez retenir une chose de cette fashion week concernant Y/Project : cédez à la tentation (aux bijoux et aux spartiates grimpantes aussi).
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