Dans le métro, à Flagey ou encore sur Tinder, Tatiana vous demande de la contacter au 0473/37.68.62. Et une fois qu’on l’appelle, il se passe quoi?
Impossible de passer à côté, Tatiana est partout. Vous avez sûrement dû l’apercevoir dans les rues bruxelloises, l’affiche ne passe pas inaperçu: un visuel rouge criard, une silhouette de fille perchée sur des talons hauts, un prénom (pourquoi s’embarrasser d’un nom?), un numéro et basta. Encore une pub pour un site de sugar babies? La promotion d’un service d’escort girls? Rien de tout ça. Le logo de la Fédération Wallonie-Bruxelles devrait vous vite mettre sur la piste. Il s’agit en fait d’une campagne dénonçant l’exploitation sexuelle.
Si vous appelez le numéro de téléphone indiqué, une femme vous racontera son histoire: «Un jour, une connaissance m’a proposé un travail d’aide à domicile en Belgique. À mon arrivée, je me suis rendu compte que c’étaient de fausses promesses et j’ai été forcée de me prostituer». Si le message est préenregistré, Tatiana existe bel et bien dans la vraie vie. C’est Sophie Jekener, la fondatrice de l’association Samilia (qui lutte contre le trafic d’êtres humains), qui l’a interviewée. «Nous pensons qu’il est indispensable de rappeler au public, qu’il soit client de sexe tarifé ou non, que derrière l’apparent consentement des prostituées, se cache souvent un parcours d’esclave sexuel. En effet, il devient de plus en plus compliqué de déceler les signes de la traite des êtres humains chez les travailleuses du sexe, en particulier pour le client s’il n’est pas informé de l’existence de cette pratique inadmissible», peut-on lire sur le site de la fondation.
Une campagne bien ficelée qui attire l’attention et qui rappelle le fameux compte Instagram de «Louise Delage». La Parisienne un peu trop portée sur la bouteille nous mettait en garde contre l’alcoolisme. L’affiche de Tatiana a été réalisée par l’artiste néerlandaise engagée Marian van der Zwaan et le projet, baptisé «A penny for your thoughts» est présent dans six villes européennes. Après avoir appelé Tatiana, vous aurez la possibilité de laisser un petit mot sur le répondeur. Les messages seront récoltés par Samilia et uploadés sur un site web. Une conférence de presse pour présenter les résultats de la campagne et informer le public sera aussi organisée le 18 octobre, lors de la journée européenne contre la traite des êtres humains. Rendez-vous dans deux semaines!