Rencontre avec Dominique Bastin, fondateur de Rainpharma qui s’est lancé un défi de taille à 24 ans seulement : créer une marque de cosmétiques proposant des produits réalisés à base d’ingrédients 100% naturels. Un challenge réussi pour cet entrepreneur qui a désormais ouvert plus de 150 points de vente en Belgique.

Déterminé et passionné, Dominique Bastin voulait créer une marque de beauté différente, loin des clichés cosmétiques habituels. Rainpharma commercialise du gel douche au thym ou un masque au brocoli, par exemple. Tous les produits de la marque se veulent naturels et se doivent d’être efficaces.

  • Rainpharma : c’est qui, c’est quoi ? 

“Rainpharma est une marque belge qui réalise des compléments alimentaires, des shakes protéinés, des soins pour le corps, pour le visage et aussi des parfums d’ambiance. Les produits sont 100% naturels et végétaux. Les compléments alimentaires et les shakes protéinés sont faits pour les végétariens mais pas uniquement. On n’utilise pas d’ingrédients miracles, nos produits sont honnêtes envers le consommateur. Le cas classique : quand tu achètes une crème anti-cellulite, la publicité te promet un résultat incroyable en un temps record et ensuite, quand tu l’utilises, c’est la déception. Chez Rainpharma, on ne fait pas ça. On ne fait pas de promesses en l’air. Nos produits sont faits pour tout le monde et promettent des résultats réalistes. Je pense que les gens plus âgés ne sont pas toujours habitués aux formulations naturelles. L’odeur est différente, la texture, la manière de l’utiliser. Les jeunes sont intéressés mais ils n’ont pas toujours le budget pour se le payer. En réalité, notre cible se situe  entre 35 et 55 ans.”

 

©JuliaVerhelle

  • Comment l’idée de Rainpharma est née ? 

” Je suis sociologue de formation. Quand j’étais jeune, mon style de vie n’était pas idéal : au niveau de mon alimentation, de mon bien-être en général, etc. J’étais malade tout le temps. Une amie médecin m’a dit un jour que je devais prendre des compléments alimentaires. J’en ai fait venir des Etats-Unis mais je me suis rendu compte que les cachets étaient trop gros et difficile à avaler. Ce sont des remarques que l’on entend encore souvent aujourd’hui de la part des consommateurs. Et cela a été une sorte de déclic. Je me suis dit : “pourquoi ne pas lancer ma boîte”. Les biochimistes font la formulation des produits et moi, je m’occupe du marketing et de la communication.”

  • Pourquoi quatre années ont-elles été nécessaires pour lancer la marque ? 

“Il faut au minimum 3 ans pour commercialiser un produit. Au début, j’étais trop impatient. J’imaginais que tout allait être sur pieds en quelques mois. Mais cela ne s’est pas du tout passé comme ça. Il faut faire les dossiers, les tests en laboratoire, etc. Par exemple, il y a peu, on a lancé un nouveau produit : l’AAP qui est une poudre alimentaire anti-rides et hydratante pour la peau. J’en ai eu l’idée il y a 8 ans et il est seulement proposé à la vente maintenant !  hier. Voilà pourquoi j’ai mis 4 années pour me lancer. En 2007, il y a aussi eu le facteur crise. Quand j’ai commencé, j’étais encore étudiant, je n’avais pas d’argent pour me lancer et je ne viens pas d’une famille très riche. C’est ma marraine qui m’a prêté 20 000 euros. Et quand elle a vu que j’avais réussi mon entreprise, elle m’a finalement offert cette somme. Avec cette somme, à l’époque, je pouvais faire un produit. Aujourd’hui, tout est devenu beaucoup plus cher.”

Nouveau produit AAP anti-rides et hydratant ©JuliaVerhelle

 

  • Rainpharma propose des produits vegan ? Une simple tendance ou un vrai changement de fond ? 

“Oui et non. Je suis pas végétarien, ni végétalien. Je pense que c’est mieux pour la santé de ne pas manger de viande tous les jours. Mais cela n’est pas nécessaire d’utiliser des ingrédients qui viennent des animaux pour les cosmétiques. Pourquoi faire ça ? Je n’ai pas envie d’avoir du lapin sur la peau, c’est bizarre. Pour nos compléments alimentaires, ils ne sont pas toujours végan car on suit la tradition orthomoléculaire. On essaie d’utiliser uniquement des ingrédients qui apportent du bien-être au corps. C’est pour cela qu’on choisit la forme la plus efficace. Pour les Omega 3, par exemple, ils proviennent du poisson. Mais il existe aussi des options végétariennes. Nos spécialistes en communication nous disent que cela donne une bonne image de la marque mais cela ne donne pas vraiment des résultats pour le corps. Pour les cosmétiques par contre c’est plus important qu’ils soient vegan car les plantes sont parfaites pour faire des huiles. Et personne ne rêve de s’enduire d’huile de porc.”

©JuliaVerhelle

  • Pourquoi avoir choisi la Belgique, le pays de la frite ? 

“(Rire) Car je suis belge ! Je suis convaincu qu’il faut investir dans l’économie locale. Nos produits sont faits en Belgique. Mais pour les ingrédients, ce n’est pas toujours le cas car le pays est trop petit pour avoir à disposition tout ce dont nous avons besoin. J’aimerais aussi me développer un peu plus en Wallonie car Rainpharma est une marque belge et pas flamande. Personnellement, j’aime beaucoup la culture francophone. Les weekends, je suis toujours en Wallonie. J’aime aussi la langue.”

  • Bientôt des boutiques Rainpharma ? 

“Je possède un magasin à Anvers. Il y a 9 ans, on a décidé de l’ouvrir pour faire connaître notre gamme. Mais le 12 mai 2018, le contrat se termine et j’ai décidé de le fermer. Les produits se trouvent facilement sur internet. Je ne rêve pas d’une chaîne de magasins. On travaille aussi avec des indépendants, des médecins et des salons de beauté où nos huiles sont utilisées pour faire des massages, par exemple.”

©JuliaVerhelle

  • Ce qui compte le plus, le bien-être intérieur ou extérieur ?

“Les deux sont importants mais on ne fait pas de maquillage. Car avec le maquillage c’est facile, tu appliques du fond de teint et ça masque les imperfections. Nos produits ne cherchent pas à camoufler, on souhaite rendre “beau” ou “belle” à l’intérieur comme à l’extérieur mais sans camoufler la peau.”

  • Rainpharma un business rentable ?

“Oui, je vis totalement de cela. En Flandre, ça marche vraiment bien.”

  • Si pas Rainpharma, quelle carrière vous faisait rêver ? 

“La politique. Maintenant, je n’ai plus envie mais quand j’étais jeune, c’est ce que je voulais faire. Ce n’est pas vraiment lié à Rainpharma mais ce n’est pas complètement l’opposé non plus. Dans la mode et la beauté aujourd’hui, il y a beaucoup de clichés véhiculés : être mince, etc. Et nous, on fait vraiment des produits pour tout le monde !”

  • En quatre mots, définis Rainpharma

“Honnête, réaliste, belge et accessible.”

 

 

Julia Verhelle

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