Skender Hyseni, sculpteur-conteur, expose du 22 avril au 10 juin ses oeuvres taillées à même des troncs en collaboration avec l’école de Mode HELMo, pour donner du corps à nos histoires. Des pièces brutes, qui ne laissent pas de bois.

Il est né à Micoj, un petit village entouré de forêts situé au Nord de l’Albanie. Encore enfant mais déjà artiste, il vivait chez ses grands-parents. Deux fois par semaine, il empruntait 20 centimes à sa grand-mère : 10 pour acheter deux crayons bicolores (bleu et rouge), le reste pour s’offrir une lame de rasoir pour tailler ses crayons. On dirait du Victor Hugo mais attendez, son récit sort du lot.

Un jour, il trouva dans un vieux buffet un bloc-notes qui devait appartenir à sa mère. On dirait du Maupassant, et ce n’est pas qu’une anecdote en passant. Ce carnet était couvert de lignes horizontales et verticales qui formaient des rectangles.

Avec ses deux crayons, l’enfant coloriait tous ces rectangles en rouge et en bleu de telle manière que ceux-ci fissent apparaître des formes géométriques carrées, triangulaires, et biens d’autres compositions. On dirait du Vasareli, mais ça n’est pas fini.

Devant sa maison, il y avait une grande scierie. Chaque jour de gros camions déchargeaient d’énormes troncs d’arbres sur plusieurs hectares. Du Grimm, pour la rime. Skender restait des heures à la fenêtre, à observer le traitement du bois. Au fil des jours sortaient de la scierie des planches équarries qui s’entassaient en blocs de largeur et de hauteur aux dimensions impressionnantes d’un immeuble de 6 ou 7 étages.

Comme les piles de bois, l’artiste a grandi. Il a vu disparaître la forêt. Et, il a quitté son pays. On dirait du Kerouac, sans couacs. Jamais Skender n’a oublié son émotion de petit garçon, quand, devant sa fenêtre, il coloriait le monde pour faire apparaître des formes géométriques.

Allez au Musée des Beaux Arts de Verviers, vous tailler une opinion. Puis offrez-vous des crayons.