Ouvrez l’œil la prochaine fois que vous vous baladez sur le campus… Suite à une rencontre avec la collective « Noms peut-être ! », l’ULB vient de prendre une mesure féministe ultra réjouissante. Explications.
Vous l’avez peut-être déjà remarqué, ou pas, les auditoires de l’ULB portent principalement des noms de mecs. 90% pour être exact… Et ce n’est pas comme si les femmes savantes manquaient dans l’histoire. Pour faire évoluer la situation, une collective (oui, oui, c’est le féminin de « collectif ») s’est constituée. Elle a été logiquement baptisée « Noms peut-être ! » et effectué sa première action de désobéissance féministe en avril dernier. La mission ? Renommer des auditoires de l’université en leur donnant des noms de filles. Le but, c’est de mettre en valeur toutes ces femmes qui se sont distinguées par leur intelligence ou leur engagement, évidemment, mais aussi de sensibiliser le public. Oui, elles existent.
Suite à cet event, une rencontre a été organisée avec l’ULB. « Nous avons fait part de notre souhait de rééquilibrer la nomination des différentes salles et auditoires avec des noms de femmes diversifiées (en terme d’orientation sexuelle, d’handicap, d’origine, etc.). Nous avons également demandé que les auditoires nommés aient autant d’importance (capacité d’accueil, situation géographique, fréquentation,…) que ceux administrés aux hommes », explique l’association. Résultat ? 5 auditoires du campus Erasme porteront le nom d’une femme ayant eu un rôle marquant dans le domaine des sciences du vivant. Victory !
On le rappelle, la mesure n’est pas que symbolique. On le sait, si la parité est plus ou moins respectée dans les études scientifiques (et encore, cela dépend des branches), plus on monte dans les niveaux de pouvoir, moins il y a de femmes. En dix ans, le nombre de femmes dans la recherche est seulement passé de 26 à 29%. La faute notamment aux stéréotypes de genre mais aussi au manque de role models. Encore aujourd’hui, si vous demandez aux étudiants de citer une femme scientifique, c’est Marie Curie qui revient systématiquement. Il n’y a heureusement pas qu’elle et elles sont plus nombreuses qu’on ne le croit. Alors on ne peut que se réjouir de l’initiative de l’ULB d’en mettre cinq à l’honneur. C’est encore peu, mais c’est déjà un premier pas. Et on parle de qui ?
Lise Thiry : L’une des trois seules femmes diplômées en médecine sur un total de 140 étudiants pendant la seconde guerre mondiale. Elle a participé à la mise au point d’un dépistage du virus du sida et s’est battue pour la dépénalisation de l’avortement.
Madeleine De Genst : Elle était vice-présidente de la Fédération Belge d’Éducation Physique et a fait partie de la Fédération Internationale d’Education Physique. Elle est reconnue pour avoir permis à l’éducation physique de devenir une branche à part entière dans le cursus scolaire.
Louise Popelin : L’une des premières étudiantes de l’ULB. En septembre 1880, Louise veut s’inscrire à l’ULB pour étudier les sciences naturelles. A l’époque, les facultés universitaires belges ne comptent aucune étudiante et aucune femme titulaire de titres académiques… Mais cette année-là, l’université accepte finalement l’inscription de trois jeunes femmes, dont Louise. Elle a aussi participé à la création de la Ligue du droit des femmes en 1892.
Elisabeth Wollast : Diplômée sage-femme en 1962, elle a aussi une licence en sociologie, une licence en organisation et gestion hospitalière et médico-sociale et un doctorat en santé publique. Elle a été la première femme à diriger un laboratoire de recherche à l’Ecole de Santé publique et pendant toute sa carrière, elle s’est intéressée au développement de la santé reproductive, à la santé des mères et des enfants, à commencer par les plus déshérités. Avec Marcel Vekemans, elle a été l’auteure du premier livre en français sur la contraception dans les pays en développement.
Isala Van Diest : Née en 1842, elle est la première femme médecin belge, féministe.
Lorsqu’elle demande son admission à la faculté de médecine à Louvain en 1873, le refus est net et catégorique. C’est en Suisse qu’elle partira alors étudier. Choquée durant ses études par la manière dont les femmes syphilitiques sont traitées dans les hôpitaux, elle se consacre aux soins des prostituées et assume, dès 1886, la fonction de directrice adjointe du Refuge, une maison d’accueil fondée en 1882.
Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.