Merel Hart est photographe de mode. Esthète et globe-trotteuse, elle nous invite à un voyage culturel et sensuel, à travers le parcours de mannequins parachutés au Japon. Un grand écart sociologique, pour une exposition au réalisme poétique.
Merel échange fréquemment avec de jeunes modèles, qui bourlinguent d’un studio à un autre continent. Ils séjournent régulièrement à l’étranger pour des périodes de trois à six mois, mais c’est toujours leurs séjours à Tokyo qui les impactent le plus puissamment. Leurs conditions de travail y sont difficiles et très différentes de leur expérience occidentale, et les contrastes de la culture locale les absorbent bien après leur retour.
« J’ai eu envie d’aller les photographier sur place, d’entrer un peu dans leur monde, à la façon d’un reporter.
J’ai parlé de cette idée à Michael Marson, rédacteur en chef du magazine Behind the Blinds, avec qui je collabore souvent. Il m’a transmis des contacts d’agence de mannequins hommes sur Paris, ayant eux-même des relations professionnelles avec des agences de mannequins à Tokyo ».
C’est ainsi qu’au printemps 2018, la photographe devenue documentariste rencontre Mael, Dalibor Ricky, Flint, Filip, Ronan, Thierry, Daniel Jean Alexander Laros et Vladyslav. Issus de Serbie, des Etats-unis, de France, d’Ecosse. Leurs chemins se croisent organiquement, presque par improvisation. “Avec Mael, nous nous sommes rendus au seul et unique skate park de Tokyo, où nous avons passé toute une journée avant de retourner à son appartement à la tombée de la nuit.
Avec Harold, nous avons passé quelques heures dans sa chambre, ou il a eu envie de poser pour moi, sans aucune inhibition.
Avec Filip, nous avons discuté de la Suède, de ses frustrations ici au Japon, et de son ambition de devenir comédien. De ses peurs, aussi.
Avec Ronan, nous avons été rejoindre ses amis mannequins au parc pour une partie de football arrosée de bière, pieds nus dans l’herbe.
Avec Dalibor, nous avons fait une promenade un dimanche matin, sous le soleil, dans le quartier de Shibayu, et visité une maison japonaise traditionnelle.
Grâce à la collaboration d’un bureau de casting sur place, j’ai également pu suivre 5 mannequins pendant « une tournée de casting »”.
Impliquée envers la jeunesse, depuis deux ans, Merel enseigne la photographie de studio et de reportage à la Maison des Cultures et de Cohésion Sociale de Molenbeek, dans le cadre d’un atelier pour les jeunes de 17 à 21 ans.
C’est là, avec la collaboration des architectes Maarten Tierens et Hanne Eckelmans, qu’elle a choisi d’exposer ses Tokyo Boys, dans le contexte d’une installation. Les photos sont imprimées sur tissu, en panneaux monumentaux qui flottent, comme les souvenirs, au dessus des contingences terrestres.
Du 27 septembre au 25 octobre, à la Maison des Cultures et de Cohésion Sociale de Molenbeek.
Depuis 15 ans, Merel Hart travaille comme photographe de publicité et de mode. Son studio se trouve dans le centre de Bruxelles. Elle a réalisé de nombreuses campagnes pour des agences de publicité, des marques de prêt-à-porter et de haute couture, ainsi que des éditoriaux, des reportages et des portraits pour des magazines belges et étrangers.