Et si au lieu d’avoir une box de produits de beauté tous les mois, vous receviez des créations d’artistes féministes ? C’est le nouveau concept très cool du collectif « Les Sous-Entendues ». Interview avec Laura, l’un des membres fondateurs.
Les Sous-Entendues, c’est qui ? « On est quatre amis vivants à Bruxelles. Un soir d’été, en dégustant des bières belges, on a eu un long débat sur le fait que les opportunités d’expression diffèrent en fonction du genre. Et ce déséquilibre est préjudiciable à une place pleinement assumée des femmes dans nos sociétés. On a pris le temps de nourrir cette réflexion et un an et demi plus tard, en mars 2018, on a créé notre asbl. »
L’origine du nom? « Le nom ‘Les Sous-Entendues’ (LSE) s’inspire d’une photo de l’artiste mexicain Manuel Álvarez Bravo qu’on a découvert dans une expo au Grand Palais à Paris. La force principale de ce titre, c’est de jouer sur la féminité d’une expression à usage exclusivement masculin. Le but, c’est de faire disparaître le « sous » au travers d’actions militantes. Mais suite au Brexit et face aux mouvements nationalistes européens croissants, on veut aussi, à notre échelle, œuvrer à la cohésion européenne. C’est pour ça qu’on collabore avec des personnes venant des quatre coins de l’Union. On leur laisse la possibilité de s’exprimer dans leur langue maternelle et tout est traduit en anglais ».
Le contenu de votre pack ? « On est convaincu que c’est en activant différents leviers (artistiques, culturels, politiques,…) qu’on parviendra à rééquilibrer la balance. Avec nos packs, on veut proposer une variété importante de supports d’expression pour promouvoir la visibilité féminine. Le ‘pack LSE’ offrira donc des surprises en partenariat avec différents artistes, écrivains, poètes, réalisateurs, militants,… Une multitude de supports pour stimuler vos pupilles et vos cerveaux! Chaque publication sera aussi l’occasion d’organiser des events pour que nos partenaires rencontrent le public. La dernière fois, c’était à la Guinguette du parc de Forest par exemple. »
Et en pratique ? « Lors de l’event de lancement des packs (le vendredi 23 novembre à Bruxelles), on distribuera une partie de ceux-ci gratuitement aux premiers arrivés. On demandera ensuite 5 euros par pack, ils sortiront tous les trois mois. Mais après l’événement, il sera encore possible de s’en procurer via notre site ou via nos différents points de vente à Bruxelles et ailleurs. »
Votre définition du féminisme ? « ‘It’s not about capacity, it’s about opportunity!’
Cette phrase résume bien notre définition du féminisme. Pour Les Sous-Entendues, le féminisme, c’est avant tout une question d’égalité, et surtout une égalité dans les opportunités. La société d’aujourd’hui n’offre pas les mêmes chances à toutes et tous. Derrière le terme « féminisme » se cache encore un nécessaire rééquilibrage de la société patriarcale. Le mot est souvent galvaudé, mal interprété ou incompris par de nombreuses personnes qui ne perçoivent pas qu’il existe non pas un mais des féminismes. Notre but, c’est d’expliquer que le féminisme et ses divers courants défendent les droits et intérêts des femmes dans la société, aux mêmes titres que ceux actuels des hommes. »
Une évolution depuis #MeToo ? « Il y a eu en tout cas une évolution au niveau de l’espace d’expression. Mais cela peut servir ou desservir la cause féministe. Nous pensons que la société est toujours dans une phase de traitement des révélations qui ont été faites avec le mouvement #MeToo. Certains réagissent différemment à l’onde de choc féministe. D’un côté, #MeToo a permis à beaucoup de s’exprimer sur leur vécu en réalisant qu’elles/ils n’étaient pas seuls. D’un autre côté, certaines dérives sont apparues qui desservent malheureusement la cause féministe. On soutient tout de même la plupart des initiatives, pendant trop longtemps le monde a mis les femmes du côté des faibles et des opprimés.
Des initiatives féministes cool en Belgique ? « Le magazine Axelle par exemple, la librairie Tulitu, les soirées ‘Pssst mademoiselle’ ou ‘genres d’à côté’ avec leur pink screen festival. Des lieux tels que le Poisson sans bicyclette ou Barricade permettent aussi aux idées féministes de germer. Et c’est justement parce qu’il existe autant d’initiatives variées qu’on a créé Les Sous-Entendues. On aimerait être une plateforme qui relie et connecte ces différentes actions. »
> Plus d’infos sur l’événement de lancement des packs et sur l’asbl sur le site des Sous-Entendues.