Pourquoi la Journée internationale des droits des femmes a lieu ce jour-là ? Pourquoi ce n’est pas “la journée de la femme”? Est-ce vraiment encore utile? On vous dit tout.

1. Pourquoi le 8 mars ?

Non, le 8 mars n’a pas été choisi au hasard parce qu’il restait un trou entre la journée mondiale des pancakes et celle de l’ours polaire. C’est en 1910 lors d’une conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague qu’on prend la décision de célébrer la Journée internationale des droits des femmes. C’est Clara Zetkin, une militante allemande, qui prend l’initiative mais aucune date précise n’est arrêtée. La tradition s’instaure en réalité le 8 mars 1917, jour de la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg. Après 45, le monde entier la célèbre et en 1977, la journée est reconnue officiellement par les Nations Unies. Bim.

2. Pourquoi on ne dit pas “La journée de la femme” ?

Oui, « Journée internationale des droits des femmes » c’est long mais non, on ne peut pas simplifier en « journée de la femme ». Et ce n’est pas un caprice. Pourquoi c’est important ? Parce que ce serait trop réducteur. « Réduire toutes les femmes à une seule identité, c’est considérer que les femmes possèdent une essence, une spécificité qui les met toutes dans le même panier, dans un espèce d’éternel féminin », peut-on lire sur le site (archivé) dédié à la journée du 8 mars. « Or les femmes sont nombreuses et diverses. Toutes uniques, toutes différentes, toutes des individus à part entière. Incarnant chacune leur genre à leur manière. Et le 8 mars précisément, ce sont leurs voix, multiples et plurielles, qui se font entendre ».

Ce n’est pas pour rien qu’on dit d’ailleurs qu’il existe autant de féminismes que de femmes sur terre. Si on parle parfois de « journée de la femme » c’est aussi bêtement à cause d’une erreur de traduction. Lorsque la journée a été officialisée en 1977, l’ONU parlait d’« International Women’s Day », au pluriel donc. La langue française a adopté à tort le singulier et depuis, le Comité ONU Femmes France mène une campagne pour que l’erreur soit corrigée. 

3. Pourquoi on n’offre pas de cadeaux ?

Parce que c’est une journée de lutte et non une fête, encore moins une opération marketing à grande échelle. Le 8 mars, c’est l’occas’ de faire un bilan mais aussi de se faire entendre, de faire changer les mentalités. Et ce, toute l’année. Alors que les femmes se battent contre l’objectivation de leur corps, les diktats de la perfection imposés par une société patriarcale et les stéréotypes genrés, on comprend mieux à quel point c’est déplacé de leur offrir une rose le 8 mars, ou de leur proposer une réduction pour une épilation ou un produit de beauté. On ne veut pas des fleurs, mais l’égalité.

4. On fait quoi alors ?

Intéressez-vous aux revendications portées par les femmes, boudez les marques sexistes, faites un don aux associations, exigez l’égalité au sens large, retweetez au féminin… Et descendez dans la rue. La grève des femmes en Belgique aura lieu le 8 mars ! A l’origine de l’initiative, le collecti.e.f 8 maars détaille sur son site toutes les façons de participer. You go, girl !

5. Pourquoi c’est encore nécessaire ?

Forcément, c’est toute l’année qu’on va s’offusquer, agir et gueuler. La lutte pour les droits des femmes ne se résume évidemment pas au 8 mars mais il n’aura plus lieu d’être que lorsque l’égalité sera atteinte. Et on en est encore loin, y compris en Belgique. Inégalité salariale, violences obstétricales, division genrée du travail, exploitation des femmes précarisées, diabolisation de l’avortement… Les combats ne manquent malheureusement pas.

Si l’affaire Weinstein a changé beaucoup de choses, le féminisme est loin d’être un mouvement d’un autre temps. En Belgique, l’écart salarial sur base annuelle s’élevait à 5% en 2021, plus de 11 plaintes pour viol, en moyenne, sont enregistrées par jour (mais ce chiffre ne représente pas la réalité) et 24 féminicides ont eu lieu en 2021, comme en 2022. On pose quelques chiffres ici, pour initier un changement de mentalité et une lutte de longue durée. On ne se contentera pas d’une seule journée.