Les filles et le cinéma, une histoire d’amour qui commence mal, en général? A l’occasion de la sortie de son film CavaleVirginie Gourmel nous livre son témoignage “musclé” sur son parcours en tant que réalisatrice au cinéma.

photo de Cavale de Virginie Gourmel

Cavale, le premier long métrage 100% girl power de Virginie Gourmel.

Le pitch du film

Dans Cavale (Artemis Productions), Kathy, une adolescente rebelle n’a qu’une idée en tête: fuir l’établissement psychiatrique dans lequel on l’a enfermée. Très vite, elle s’en échappe pour retrouver son père. Avec elle, dans cette fugue effrénée, ses compagnes de chambrée, aussi barges que chargées aux « benzo »… Voilà pour le pitch du premier long-métrage de Virginie Gourmel, un road movie 100% girl power !

Photo du film Cavale De Virginie Gourmel

Un road movie survolté au coeur de l’adolescence dans toute sa splendeur.

Cavale, une histoire de filles?

Quand on demande à la réalisatrice pourquoi elle a voulu traiter le thème de l’adolescence chez les filles, sa réponse est plus engagée qu’elle n’y parait: “Les adolescentes sont fascinantes, leurs sentiments changent tellement vite. C’est la période du up and down, et de la simultanéité où les filles sont fragiles et fortes à la fois. Je voulais aussi trois personnages pour multiplier les profils et les points de vue. J’avais envie de filmer cet âge-là, de voir et de montrer ces ados qui prennent leur douche en maillot de bain à la piscine, ce qu’elle se racontent…”

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J’ai voulu faire ce film pour montrer combien les femmes peuvent se tirer dans les pattes et à la fois se soutenir, être seules et être sœurs.

 

photo de Virginie Gourmel sur le tournage du film Cavale

Virginie Gourmel en plein tournage de son film Cavale.

Pourquoi on va le voir?

Parce que c’est un film qui claque, juste et maîtrisé, à l’image exacte de Virginie Gourmel. Après deux court-métrages très réussis (« Aïe » et « Stagman »), la réalisatrice belge montre qu’elle sait très bien ce qu’elle veut. Tourner! Et ce qu’elle ne veut pas: rester scotchée là où le cinéma cantonne parfois les femmes qui tiennent une caméra. En mouvement constant comme ses héroïnes, elle l’exprime. Haut et bien fort. #Suivez-la!

Photo de Cavale de Virginie Gourmel

Les filles et le cinéma, une histoire d’amour compliqué?

Virginie Gourmel: l’interview qui en dit long sur le sexisme qui persiste dans le milieu du cinéma…

Le plafond de verre, c’est du cinéma ?

Virginie Gourmel : ça c’est un truc incroyable ! Quand j’ai fait mes études à l’INSAS, on était filles-garçons, plus ou moins moitié-moitié. Là, quand je regarde autour de moi, je ne vois plus beaucoup de filles qui ont continué et qui font un long-métrage.

Elles font quoi les réalisatrices alors?

VG: En général, elles font du documentaire, parce qu’elles se débrouillent toutes seules. Ou alors, on leur donne des petits budgets et elles font des films pas chers.

Qu’est-ce que tu as envie de leur dire aux femmes qui travaillent dans le cinéma?

VG: Il ne suffit pas juste de faire un constat, maintenant, il faut passer à l’action !

#METOO ça a changé quoi?

VG: La parole est libérée. Tout d’un coup, les femmes commencent à parler, à échanger… J’ai découvert des choses que je ne connaissais pas, par exemple sur le harcèlement. Je n’ai jamais rencontré de problèmes de harcèlement dans le cinéma. C’est beaucoup plus pernicieux que ça dans le cinéma. On te demande gentiment de rester à ta place. Tout d’un coup, t’es dans un carcan, t’es là, tu ne dois pas bouger.

C’est compliqué de diriger un plateau de cinéma quand on est une femme?

VG: Un jour, on m’a dit sur un plateau : « T’es une séductrice ». J’ai pas bien compris ce que ça voulait dire sur le moment… Maintenant que je suis devenue réalisatrice, j’ai mis de côté tous mes attributs féminins pour justement ne pas jouer cette carte-là. Je suis une « leadeuse ». Pour certains hommes, c’est compliqué d’être en face d’une femme qui prend des décisions, qui fait tourner un plateau, qui a plein d’idées et qui fait des super films.

Tu fais quoi pour que les choses changent?

VG: Je fais partie d’un collectif qui s’appelle « Elles font des films ». Au départ, c’est un groupe de réalisatrices belges francophones. Maintenant, il est ouvert à toutes les femmes qui travaillent dans le cinéma. On commence à avoir des appuis politiques et à parler de nous de plus en plus. Ça crée une émulation, et ça nous rend plus fortes. En tous cas, moi, je me sens moins seule !

« Cavale » sera présenté en avant-première le 23 juin, 19h à l’UGC De Brouckère et le 24 juin à 16h à Flagey dans le cadre du BRIFF (Festival International du Film de Bruxelles). briff.be. Sortie en salle le 26 juin à l’Aventure. cinema-aventure.be