Les semaines de la mode ont un coût, et c’est plus que jamais la planète qui trinque. D’où la décision radicale du Conseil Suédois de la Mode : l’annulation de la Fashion Week de Stockholm, à moins de deux mois de l’événement. Et si l’initiative suédoise provoquait un effet papillon dans le monde de la mode ?
Stockholm pionnière
Elle devait avoir lieu du 27 au 29 août prochain. Pourtant, le Swedish Fashion Council en a décidé autrement : fini la Fashion Week tant que des démarches plus écofriendly n’auront pas été mises en place. “S’éloigner du modèle traditionnel a été une décision difficile, mais très réfléchie. […] L’industrie suédoise de la mode est en pleine expansion, il est donc crucial d’encourager le développement de marques qui façonneront respectueusement le monde de demain. De cette façon, nous pourrons nous adapter aux nouvelles demandes, atteindre des objectifs écologiques et instaurer de nouveaux modèles de développement durable au sein de l’industrie de la mode” rapporte Jennie Rosén – la présidente du Conseil – dans un communiqué de presse. Choix risqué pour l’organisation puisque l’événement biannuel permet avant tout de promouvoir le travail des créateurs locaux. La Suède a tranché : elle privilégie l’écologie.
Des défilés qui consomment
La mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde. L’ONU l’affirme, elle représente 10% des émissions de gaz à effet de serre et selon Sustainyourstyle.org, elle requiert 1,5 billion de litres d’eau par an. La fast fashion est souvent la première incriminée – encore ce week-end, des activistes manifestaient avec du sang devant la vitrine du magasin Zara du centre de Namur -, mais le monde des catwalks n’est pas en reste. Certes, les créateurs innovent à coups de matières dites renouvelables et éthiques (coton biodégradable, feuilles d’ananas, bouteilles en plastique recyclées, etc.), mais quid des défilés en eux-mêmes ? Dior qui fait voyager ses invités à bord d’un avion privé pour son défilé Croisière 2020, Chanel qui fait installer des énormes blocs de glace lors de son défilé prêt-à-porter en 2010, autant d’extravagances dont l’impact écologique pose question. En décembre dernier, lors de la COP24, nombreuses étaient les marques – notamment Saint Laurent, Balenciaga ou encore Burberry – qui s’engageaient à réduire leurs empreintes carbone de 30% d’ici 2030 jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050 – c’est-à-dire à compenser le volume d’émission par d’autres actions. Il n’empêche que d’autres grandes maisons ne sont pas de la partie et perpétuent leurs mauvaises habitudes.
Défiler autrement
Rodarte et ses portraits postés sur le réseau social Instagram, Vetement et son exposition de photos dans un hangar ou encore Vivienne Westwood et sa présentation par e-mail de sa collection homme de l’automne-hiver 2018. A l’ère numérique, certains boycottent les défilés et présentent leurs collections autrement. Évidemment, aucune de ces trois marques n’a définitivement renoncé aux podiums. On s’entend qu’abandonner défilés et autres Fashion Weeks au profit du digital n’est pas l’objectif en soi – il s’agit d’événements emblématiques – mais il serait peut-être temps de privilégier la sobriété et de dire bye bye à la démesure. Souvenez-vous de la collection automne/hiver 2017-2018 de Marc Jacobs, dans un immense hall où seules des rangées de chaises délimitaient le catwalk. Finalement, si on mettait juste les créations en avant ?
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Il nous tarde de découvrir l’offensive green des créateurs suédois et leur influence sur l’écosystème fashion actuel.
Estelle De Houck (stagiaire)
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