Mode d’emploi pour réaliser un sexto : on active le mode selfie, on retire le haut et on prend la photo à hauteur de la poitrine. Emballez, c’est envoyé ! Le sexto est l’ultime arme en matière de séduction numérique. De quoi ravir les adeptes du genre qui en usent avec leur partenaire ou leur nouvelle conquête. Mais est-ce vraiment une bonne idée et quelles sont les règles à respecter ?
Oui, vous avez bien lu. Au pays du dating, le sexto est la nouvelle manière de flirter et de s’émoustiller. Le plan ? Échanger un bout de lingerie ou de fesse pour se chauffer. Nous avons déniché l’expert belge en matière de sextos, Joris Van Ouytsel, docteur en sciences de la communication à l’université d’Anvers. Pas besoin de préciser que nous ne lui avons pas envoyé de photos de notre décolleté. Nous nous sommes contentées de l’appeler, comme le veut la déontologie journalistique.
« Avec l’avènement des réseaux sociaux et la généralisation des smartphones, le sexto est un nouveau moyen de flirter et d’attirer l’attention d’un partenaire potentiel. Les jeunes et les adultes se servent de ces images érotiques comme d’un tremplin vers une relation physique hors ligne. On pourrait appeler ça des préliminaires numériques. » Ou l’art de séduire l’objet de son désir à coups de photos subtiles ou d’indiquer qu’on est intéressé·e en se dévoilant, au propre comme au figuré.
Le sexto est la nouvelle lettre d’amour. Quand il a lieu en dehors d’une relation établie, son impact et les sensations qu’il procure sont décuplés. On ne se connaît pas bien, ce qui rend l’envoi d’une photo teintée d’érotisme d’autant plus excitant. Mais les sextos peuvent également pimenter le quotidien des couples. Joris : « Le sexto peut inviter à de nouvelles expériences et permettre d’échapper à la routine sexuelle. » Certains couples éprouvent par exemple des difficultés à parler de leurs préférences sexuelles en direct, mais se montrent beaucoup plus volubiles en ligne. On peut aussi recourir aux sextos pour témoigner de l’affection, remercier (« Hier soir, c’était… ») ou surprendre notre chéri·e (« Joyeux anniversaire bête de sexe ! Voici une photo de ma pelouse fraîchement tondue ! »).
Le sexto n’a pas d’âge
Joris : « Le sexto n’a fait l’objet d’études qu’auprès des jeunes. Une personne sur quatre a indiqué qu’elle y avait déjà eu recours. Dans la tranche d’âge des 18 à 24 ans, ce chiffre passe à 53 %. » Le sexto représenterait chez les jeunes une étape dans leur développement sexuel et relationnel. Une sorte de gage ou vérité. Les scandales dont la presse se fait régulièrement l’écho prouvent que ce petit jeu peut parfois mal tourner. Il arrive que des ados voient soudainement leurs selfies intimes apparaître sur Facebook. Tantôt par négligence au sein d’un groupe d’amis, tantôt par vengeance après une rupture. Dans le pire des cas, ces victimes font l’objet de chantage à coups de photos compromettantes afin d’exiger d’autres images, voire des relations sexuelles hors ligne.
On ne dispose pas de données chiffrées concernant les adultes, mais une petite enquête parmi nos copines le confirme : les adultes sextent à cœur joie. N’ont-ils pas peur des fuites sur Instagram ? Joris : « Le risque zéro n’existe pas, mais les conséquences sont moins graves chez les adultes. Les réseaux sociaux contrôlent la vie quotidienne des ados, qui ont l’impression qu’ils essuient la honte de leur vie si tout le monde à l’école voit le cliché compromettant. » Une telle atteinte à la vie privée est dérangeante et embarrassante, certes, mais un adulte relativise davantage. Les collègues sont moins présents sur les réseaux que les copains de classe. Francine des RH, qui trépigne à l’idée de prendre sa prépension, n’a pas de compte Insta. Vous pouvez donc aller la voir sans crainte pour lui parler de cette erreur de calcul dans votre pécule de vacances. Par ailleurs, un adulte est plus enclin à intenter une action en justice en cas d’abus.
« Les jeunes sont un peu naïfs quand il s’agit de relations, surtout quand les sentiments sont tout neufs », souligne Joris. Ils manquent d’expérience et pensent que l’amour durera toujours. Les adultes sont plus prudents. Une femme ne va pas dévoiler un sein entier (ni même un demi) aux yeux de toute la planète au bout de deux messages échangés.
Sexto, mode d’emploi
Do :
- Le sexto suppose la réciprocité, il n’est pas à sens unique. On en est à notre septième photo sans réponse ? Désolé, il ou elle n’est pas intéressé·e.
- Sextons de préférence avec un interlocuteur qu’on a déjà rencontré, pas avec des connaissances en ligne. Parce que derrière le beau Ricardo aux gros biceps se cache peut-être Maurice, chauve et malintentionné.
- Le sexto est fondé sur une relation de confiance et fait plaisir aux deux parties. Ne changeons pas notre vocabulaire avec un nouveau partenaire, si on est du genre tendre, on évite les « Prends-moi violemment sur le sol de la cuisine ».
- Notre interlocuteur nous met la pression ? On met le holà sans tarder. Avec l’émoji caca par exemple, ça marche toujours. Ou on calme le jeu en lui envoyant une image inoffensive trouvée sur Google.
- On prend des accords au préalable concernant la suppression des photos, c’est-à-dire immédiatement après l’envoi ou à la fin de la relation. Ce serait bête que la photo du membre inférieur de l’ex ressorte en plein brunch avec notre nouveau mec/copine.
Don’t :
- Pas de texto à son ex ! Point (d’exclamation) final.
- Soyez discret·e. Par exemple, si vous sextez au bureau, soyez vigilant·e à ne pas laisser votre fenêtre WhatsApp ouverte sur votre écran d’ordinateur lorsque vous quittez votre bureau pour aller au toilettes ou prendre une pause café. Les yeux sont partout !
- L’alcool et les sextos ne font pas bon ménage. Si on rentre à la maison en titubant, on ne prend pas une photo de nos fesses. Jamais, au grand jamais.
- Un bout de dentelle vaut mieux qu’un gros plan. Laissons deviner le reste et ne bradons pas notre corps.
- On s’assure de ne pas être reconnaissable sur les photos. On ne montre pas notre visage et on privilégie un fond neutre. Même si on est fan de notre chaise Eames. Les tatouages, les cicatrices et les taches de naissance peuvent aussi trahir notre identité. On garde donc ce ciel étoilé à côté de notre pubis hors de portée de l’appareil.
- On n’accorde pas une confiance aveugle à un·e amoureux·se tout frais. Une certaine retenue ne fait de tort à personne en matière de sextos.
Et si ça tourne mal ?
Les hommes et les femmes usent et abusent des sextos à parts égales, selon Joris. « Mais les garçons et les hommes montrent ou transmettent plus facilement ces images à leurs amis. » Et ces fameuses photos d’attributs masculins, on en parle ? « Les hommes qui envoient des photos non sollicitées de leur pénis le font probablement par sensationnalisme. C’est une sorte de jeu. Appelons ça de l’exhibitionnisme en ligne. Derrière leur téléphone, ils se sentent moins inhibés et ne réalisent peut-être pas à quel point leur comportement est déplacé. » Merci pour tout ça docteur.
Quelqu’un menace de publier les photos qu’on a envoyées ? Bon à savoir : c’est un acte punissable ! On précise clairement à la personne malintentionnée qu’on prendra des mesures en cas de diffusion. C’est trop tard ? Alors la loi a été violée. On se rend sur-le-champ dans un commissariat de police pour porter plainte et tenter de faire disparaître les images. On informe le réseau social concerné et on introduit également une plainte.
Sexting, hashtags & emoji’s
Quelques mots à connaître :
- Belfie : selfie de notre postérieur. À ne pas confondre avec un brelfie (breast + selfie, soit un selfie de notre poitrine), qui désigne un selfie d’une maman en train d’allaiter.
- Dick pic : photo des parties génitales d’un homme envoyée sans consentement. Particulièrement désagréable et carrément déconcertant au sein d’une relation.
- Revenge porn : contenu sexuellement explicite partagé publiquement en ligne dans le but de se venger après une dispute ou une séparation par exemple.
- Sexto : contraction des mots sexe et texto.
- Sextortion : extorsion de faveurs sexuelles.
- Slut shaming : condamnation des femmes dont le comportement sexuel serait jugé hors norme.
Hashtags :
#TDTM : talk dirty to me
#GNOC : get naked on cam
#S2R : send to receive
#143 : I love you (1 lettre pour I, quatre lettres pour Love, trois lettres pour You)
#8 : sexe orale, à la prononciation en anglais qui ressemble à « ate »
Emoji’s :
🍆 : sexe masculin
🍑 : sexe féminin
🎆 : le grand final
🍑😛 ou 🍆😛 : sexe oral
🍑👈 : masturbation féminine
😮 : fellation
Guide d’inspiration
On tâtonne encore au paradis du sexto ? Voici quelques idées pour devenir une pro :
- Avant-première : on chauffe notre partenaire en lui expliquant à quoi il peut s’attendre quand on se verra. « Cette robe, je l’enlève dès que je rentre à la maison. »
- Requête : on lui fait savoir de quoi on a envie ce soir. Et dans quelle position. Accompagné d’une photo si nécessaire.
- Fantaisie : on plonge dans la valise de déguisements et on ressort une casquette de pilote/un tablier/un boa. On prend un selfie en tenue d’Eve avec cet accessoire et on l’envoie. Le reste se fera tout seul.
- Flash-back : on fait un clin d’œil à une récente partie de jambes en l’air torride. Une photo d’une partie de notre corps nu dans la douche lui rappellera celle prise ensemble la veille.
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