On a posé trois questions aux filles de Rampzalig, un nouveau collectif ultra-badass de filles à patins.
La première fois qu’on le dévale, c’est la peur aux tripes. Et il y a de quoi : le bowl fait l’effet d’un précipice, vers lequel on fonce à toute vitesse, en équilibre sur des patins à roulettes. C’est un trou en forme de demi-sphère, pièce maitresse du skatepark, qu’on peut pourtant finir par prendre du plaisir à apprendre à rouler. Parce que le frisson est aussi celui de l’adrénaline, le résultat d’une certaine confiance en soi, un pouvoir qui parcourt l’échine de celles et ceux qui pratiquent un sport comme le skateboard, le roller ou le BMX.
Cette fièvre de la glisse, Zoé, Stephanie et Ine l’ont ressentie. Et elles l’ont aimée. Elle les a fait se sentir vivantes, mais aussi puissantes. Un sensation qu’on n’encourage pas toujours chez les jeunes filles, et qu’elles ont décidé de partager avec d’autres en lançant « Rampzalig », un club de patins à roulettes 100% féminin basé à Gand. On y encourage l’empowerment des jeunes femmes à travers la pratique de sports à roulettes, mais on y enseigne aussi l’étiquette du skatepark, tous ces codes qui en font un lieu à la fois cool et safe. On a posé trois questions aux instigatrices de ce projet, pour en savoir plus sur le monde des skateparks et des femmes qui les peuplent.
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Comment est née l’idée de Rampzalig ?
Tout à commencé quand on a commencé à faire du roller ensemble, avec une bande de copines. On a débuté à trois, à Gand, et on s’inspirait de vidéos trouvées sur Instagram pour apprendre et progresser. D’autres amies sont venues rejoindre notre groupe, jusqu’à ce que ça devienne, par la force des choses, une vraie petite communauté. Et on a remarqué qu’on attirait beaucoup l’attention des jeunes filles quand on roulait au skatepark ou en rue. Du coup on s’est dit : « Pourquoi ne pas créer une plateforme pour le roller en Belgique ? »
Il existe déjà un collectif international, « Chicks in Bowls », créé par Lady Trample — une joueuse de roller derby. Nous, on voulait créer une communauté à une échelle plus petite, se focaliser sur la Belgique. Comme on veut proposer des cours de patin à roulettes en skatepark pour enfants et adultes, on a suivi un cursus auprès de Sport Vlaanderen — l’ADEPS flamand. On veut enseigner des techniques de patinage, mais aussi les règles de base à respecter au skatepark, son « étiquette ». Le nom « Rampzalig », c’est un jeu de mot en néerlandais : « Rampzalig » veut dire « catastrophe », mais est composé des mots « ramp » (la rampe, ce sur quoi on roule au skatepark) et « zalig » (qui veut dire « génial » ou « super »).
Le milieu du skate est-il encore très fermé aux filles ?
Les femmes sont encore sous-représentées en skatepark et parfois sujettes à certains préjugés, mais c’est en train de changer. Dans tous les sports (skateboard, roller, BMX), on voit de plus en plus de femmes — il suffit de voir les skateuses badass qui débarquent et se distinguent dans les compétitions de skate. C’est principalement cette nouvelle génération de filles. Je pense à Rayssa Leal, onze ans, qui vient par exemple de gagner la médaille d’or à SLS, une compétition de street skating, ou à Sky Brown, onze ans également, qui représentera le Royaume-Uni aux JO de Tokyo. Le milieu du patin à roulettes, lui, est naturellement plutôt féminin. Il y a néanmoins peu de patineuses qui se lancent en skatepark. La plupart des filles qui font du patin à roulettes jouent au roller derby, un sport de contact sur rollers.
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Ceci étant dit, le skate a beau être un milieu principalement masculin, de notre expérience, ça reste plutôt ouvert. On s’entend bien avec les skateurs mecs dans les parks où on roule habituellement. Ils s’intéressent généralement à ce qu’on fait et il y a un respect mutuel.
Qu’est-ce que vous retirez de cette communauté ?
Il y a énormément d’entraide entre les patineuses, et chacune progresse à son rythme, sans pression, sans compétition. On remarque que les filles se distinguent dans différents domaines (bowls, street, jam-skate,…) et ensuite enseignent aux autres les tricks qu’elles maîtrisent. On reçoit énormément de soutien les unes des autres, même pour une infime progression.
Patiner peut apporter beaucoup à une jeune femme ou un jeune homme. D’abord, de la confiance en soi, car il en faut pour oser tenter une nouvelle figure et éliminer certaines barrières mentales. Puis le patin à roulettes est un sport qui demande de l’endurance, de l’agilité, de la force et de la créativité. On y apprend à se dépasser et à célébrer ses propres victoires. On montre aux jeunes filles que les stéréotypes peuvent être brisés et qu’une fille est aussi forte et puissante qu’un mec !
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Rampzalig donnera ses premiers cours à l’automne, à Gand, et plus généralement en Région flamande. Mais le collectif n’exclut pas de passer la frontière linguistique et d’organiser des sessions dans tout le pays. En parallèle de ces workshops, les filles organisent ponctuellement d’autres évènements, comme des stages plus longs ou du roller disco. Facebook ou Instagram sont le meilleur moyen de se tenir au courant des activités de ces fonceuses à roulettes.
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