À 34 ans, Sanna Marin est la plus jeune femme au monde à la tête d’un gouvernement. Et en Belgique, on en est où ?

La photo qui ne manquera pas d’être prise sera historique. Au centre, Sanna Marin, 34 ans et l’objet de toutes les attentions médiatiques. Depuis ce 10 décembre, cette Finlandaise est la plus jeune Première ministre de l’histoire. Elle a été élue dimanche par le parti socio-démocrate pour remplacer Antii Rine dans ses fonctions. À ses côtés sur le cliché, quatre autres femmes, toutes présidentes de parti, dont trois ont moins de 35 ans : Katri Kulmuni (32 ans), Maria Ohisalo (34 ans) et Li Andersson (32 ans). À l’heure où notre propre Première ministre nous confiait avoir été frappée par le peu de femmes présentes à la dernière grande réunion de l’OTAN, le panel fait rêver.

Les pays nordiques à la pointe de l’égalité

« Je me réjouis que les dirigeants des cinq partis du gouvernement soient des femmes. Cela montre que la Finlande est un pays moderne et progressif », écrivait à ce propos sur Twitter Alexander Stubb, ancien Premier ministre finlandais. Et il n’a pas tort. Depuis de nombreuses années, la Finlande fait partie de ces contrées nordiques particulièrement sensibles à l’égalité entre les hommes et les femmes, à tel point qu’elle s’est classée dans le top cinq des meilleures nations en la matière du Forum économique international. Ce classement est dressé sur des critères d’égalité économique, de santé, d’éducation et politique. En comparaison, la Belgique est à la 32ème position, et n’a nommé n’a nommé une Première ministre pour la première fois que cette année — 2003 pour la Finlande. Le gouvernement fédéral belge est quant à lui composé de quatre femmes pour huit hommes, tandis que le pays on ne compte que trois présidentes ou co-présidentes de parti.

Quand on demande à Sophie Wilmès si cela la choque d’observer encore aussi peu de femmes dans les hauts lieux du pouvoir, elle répond : « Oui, ça me marque. Quand on est intimement convaincue de l’égalité hommes-femmes, il y a une incompréhension entre ce qu’on observe et ce en quoi on croit ». Difficile pour autant pour la Première ministre de 44 ans d’expliquer pourquoi la Belgique a tant tardé à l’élire — elle ou une autre femme politique. « Je me dis qu’on devra vraiment chercher des explications si après moi, il n’y a pas d’autre femme Première ministre pendant dix ans. Mais aujourd’hui, ce plafond de verre-là est brisé, et il faut regarder vers l’avenir », propose-t-elle.

Reste que la Finlande, comme d’autres pays nordiques, ont depuis plusieurs années mis en place des politiques en faveur de l’égalité entre les genres, comme celles qui permettent aux femmes de continuer à s’engager dans leur carrière tout en élevant leurs enfants. Les mesures incluent notamment un généreux congé parental, y compris pour les pères.

Une position que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaitre

Plus encore que le genre des présidentes de parti finlandaises, c’est leur âge qui étonne. À 34 ans, l’ancienne ministre des transports Sanna Marin vient ainsi rejoindre l’équipe très clairsemée des dirigeantes de moins de 40 ans, aux côtés de la Première ministre ukrainienne Oleksiy Honcharuk (35 ans) et de son homologue néozélandaise Jacinda Ardern (39 ans). Et rien de plus compliqué de gouverner, quand on est jeune. Pas forcément parce que l’on manque d’expérience, mais parce que les politiques plus âgés ne manquent pas de vous rappeler votre âge. « On m’a prise plusieurs fois pour une assistante », raconte ainsi Margaux De Ré, députée au Parlement bruxellois de 29 ans. « Certaines personnes qui sont là depuis longtemps ont beaucoup d’idées reçues sur qui devrait faire de la politique. Pourtant, le but d’un Parlement, c’est justement de représenter toutes les personnes qu’on retrouve dans la société ».

Elle comme d’autres prend pourtant volontiers les conseils de ses ainés, comme celui que n’a pas manqué de prodiguer le plus vieux Premier ministre au monde, le Malais de 94 ans Mahathir Mohamad : « Bien que je croie à l’idéalisme des jeunes gens, il me semble aussi important de considérer l’expérience des plus âgés. « Il y aura ainsi une combinaison des deux, et ce serait bien », a-t-il fait savoir à Reuters. En attendant, la moyenne d’âge du gouvernement fédéral belge est de 52 ans et un petit vent de fraicheur pour la prochaine législature ne lui ferait pas de mal.

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