Une nouvelle enquête d’Amnesty International et SOS Viol révèle des chiffres choquants sur les violences sexuelles en Belgique.
« El violador eres tú ». Cette fois encore, Bruxelles a résonnée du cri des indignées et des battantes, ce 8 mars. Au son de leurs pieds qui frappent le sol, elles ont réaffirmé ensemble que « Le violeur, c’est toi ». Et en matière de violences sexuelles faites aux femmes, Amnesty et SOS Viol viennent de publier les résultats édifiants d’une enquête sur les violences sexuelles. Le premier d’entre eux fait l’effet d’un coup de poing : 20% des femmes ont été violées. Et plus de la moitié des affaires sont classées sans suite par la justice belge.
Le sondage a été réalisé en octobre 2019 par l’institut Dedicated, mais ses chiffres viennent d’être publiés. Pour parvenir à ces conclusions, 2 300 Belges ont été interrogés. La statistique effarante sur le nombre de Belges violées est entourée d’une série d’autres faits tout aussi marquants. Parmi eux, on découvre que 23% des femmes se sont déjà vues imposer une relation forcée par leur partenaire. Les hommes sont quant à eux 14%. Mais selon l’enquête, c’est près de la moitié des Belges qui auraient déjà été exposée à au moins une forme de violence sexuelle. Les demandes répétées et insistantes à caractère sexuel sont le premier échelon de ces violences.
Ces stéréotypes qui forment la culture du viol
Sujet critique, la thématique des violences sexuelles reste pourtant encore entachée de stéréotypes qui ralentissent, voire encouragent leur éradication. Ainsi, la moitié des hommes estiment encore que la victime est en partie responsable de son agression. 37% des femmes partagent cette idée. Les circonstances considérées comme « atténuantes » pour les auteurs : des vêtements jugés « sexy », un « non » qui ne serait pas assez explicite ou encore le fait que la victime se soit rendue chez son agresseur. De la même manière, 20% des hommes pensent que la violence est sexuellement excitante pour les femmes et 25% qu’elles ne savent pas ce qu’elles veulent quand il s’agit de sexe. Ils sont aussi nombreux (38%) à penser que leur sexualité est pulsionnelle, incontrôlable.
39% des hommes pensent ensuite que les femmes accusent souvent à tort. Ce chiffre concerne un quart des femmes interrogées. La culture du consentement ne semble pas plus intégrée chez les jeunes, puisqu’un tiers d’entre eux pensent qu’il est normal d’insister pour avoir des rapports. Près de la moitié des victimes d’agression sexuelle l’ont ainsi été avant leurs 19 ans.
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