Vous rêvez de vous évader, surtout dans ce contexte de post-pré-crypto-confinement ? A la plage, dans le jardin ou dans votre bain, plongez dans la douce fuite de Joanne Linaker, mère de famille de banlieue américaine submergée par des émotions contradictoires, qui part chercher solutions et rédemption à Las Vegas, au cœur des années 70.

Dans ce roman qui se lit comme on boit un cocktail – d’une traite ou presque – une bourgeoise bien comme il faut, quasi quadra, amoureuse de son mari et mère de deux ados, pète les plombs. Son salut sera l’évasion, pour protéger ceux qu’elle aime de celle qu’elle devient.

Laurence Peyrin, l’auteure de cet ouvrage dont les chapitres, courts et bien mixés, portent le nom de cocktails élaborés, a trois fois plus d’enfants que son personnage, et n’a jamais cédé à la tentation de leur claquer la porte au nez : « j’ai toujours su me préserver des moments pour moi, avec la conscience qu’il ne fallait pas que je m’abandonne. » Car au-delà de la pression qui pèse sur les épaules des femmes, le livre questionne aussi la maternité : « c’est incroyable qu’on s’impose ça : perdre de bon cœur son insouciance. Les enfants naissent, et de ce jour, on a peur de tout. » Mère attentive, comment justifie-t-elle l’abandon de famille qui libère et emprisonne à la fois son héroïne ? « Elle quitte ses enfants parce qu’elle se sent toxique. »

Partir seule à la quête de soi-même

Laurence l’a expérimenté. Pas à la manière de son personnage, mais on ne peut jamais écrire que ce qu’on a éprouvé : « quand j’ai écrit mon premier roman, personne ne m’a soutenue. Le cercle autour de moi s’est rétréci, j’ai reçu beaucoup plus de mises en garde que d’encouragements. Et quand livre a commencé à se vendre, ceux qui m’avaient prévenu ont carrément disparu. »

A l’instar de Johann, Laurence explore ce qu’auraient pu être d’autres options de sa vie. « Vivre pour soi, au fond, c’est quoi ? Ne se préoccuper que de sa personne, une ivresse et ses conséquences ». Un étourdissement, au coeur du roman.

Pourtant, Laurence Peyrin n’est pas un écrivain qui accouche dans la douleur : « j’écris en confiance, je ne connais pas l’angoisse de la page blanche. Ecrire, c’est donner, faire plaisir ». Elle a démarré sa carrière de conteuse par la presse, en tant que RP et journaliste. « Après 22 ans, j’ai réalisé que ça n’était pas pour moi. Je préfère l’observation. Aller vers les gens, leur poser des questions, ça n’est pas mon exercice préféré. Je dirigeais un supplément culturel, j’étais souvent été amenée à interviewer des célébrités, mais ça m’intimidait terriblement. Critique de cinéma, c’était plus fait pour moi. Je préfère écrire, toute seule, en me servant de ce que j’observe autour de moi ».

Pourquoi avoir campé son histoire aux États-Unis ?

« Parce que c’est chez moi », répond la Grenobloise. « Je ne crois pas à l’appartenance du sol. Les États-Unis, je m’y sens chez moi. Je râle parfois, mais c’est comme dans un vieux couple. » Et alors qu’on s’interroge plus ou moins consciemment en lisant ces lignes, « jusqu’où pourrais-je aller ? », Laurence partage la partie d’elle-même qu’elle a projeté dans la fuite en avant de Joanne : « l’envie qui nous traverse toutes un jour de partir, de vivre en autosuffisance. De prendre la porte, même si c’est pour dormir dans un hôtel à 50 mètres de la maison. De toute façon, “ils” se débrouilleront sans nous. Mais à un moment donné, mon personnage va trop loin pour simplement revenir et dire “je rentre, on oublie tout” ».

Avec ses Jours Brûlants, entre enfermement psychologique et libération intime, Laurence Peyrin nous a composé le cocktail parfait.

Les jours brûlants de Laurence Peyrin

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