On l’a connue chez Tarmac, elle est désormais passée sur le média indépendant Check avec une toute nouvelle chronique “Fact check“. Le principe ? Disséquer l’actu en se posant les bonnes questions. Avec humour, décontraction, mais en pleine conscience. On a littéralement craqué sur la personnalité d’Anne-Sarah et on a voulu tout savoir sur elle, sa vie, ses engagements.
Premièrement, tu t’engages
“Ah non, mais moi j’achète pas sur Amazon, je préfère privilégier le local.” Les présentations sont faites: 25 ans, un look street, une dégaine charismatique, Anne-Sarah N’kuna a la parole franche et le regard souriant. Impossible de ne pas accrocher. Elle est née à Bruxelles, a grandi à Ottignies, elle a fait des études d’art, et puis… coup de bol ! “Je participais au festival Fire is Gold et j’ai rencontré l’équipe de Tarmac (l’émission de culture urbaine de la RTBD – ndlr). Le courant est passé et ils m’ont proposé de m’engager. J’ai lancé Izi News. Je voulais créer un journal qui me plairait, qu’un jeune pourrait comprendre. Écologie, diversité, cyber harcèlement, j’avais envie qu’on parle de notre quotidien. Organiser l’info à travers un format court, les jeunes en sont très friands.” De 2017 à 2020, elle accumule des centaines de milliers de vues et n’hésite pas à traiter de sujets impactants et engagés. “J’ai toujours eu des idées, des pensées, cette émission m’a appris beaucoup et je me suis bien amusée.” En février 2020, elle reçoit le Prix Amnesty Jeunes des droits humains qui consacre les thématiques développées dans ses émissions: le sexisme, le harcèlement, la migration, le climat ou encore les droits de l’enfant. “Je ne m’attendais pas à cette reconnaissance. Me dire que mon travail gagne le public adulte et les anciennes générations, ça signifie quelque chose d’important. Une dimension supplémentaire à la satisfaction que j’avais déjà dans les commentaires des capsules vidéo.”
Ensuite, elle change de chaîne et crée Fact Check. “Je voulais devenir indépendante avec une liberté éditoriale complète et Check était disposé à me l’offrir, j’ai donc créé cette nouvelle émission. Je choisis des sujets de société, je vérifie les faits et je les expose afin que, en quelques minutes, on comprenne de façon synthétique l’actualité ou des concepts forts.” Pour sa première vidéo “Comment ne pas être raciste genre… vraiment“, elle parle du mouvement #blacklivesmatter et de racisme. Elle y explique des notions comme le privilège blanc: “cela ne signifie pas que la vie est plus facile, mais qu’on fait partie d’une norme dans laquelle ta couleur de peau n’est pas un facteur discriminant. Il faut en prendre conscience.” Après les émeutes et Georges Floyd, elle a voulu marquer le coup pour sa première chronique en débutant sur un sujet complexe.
“Je suis une Youtubeuse militante, je crée un contenu engagé. Même si je parle de gosspis, il y aura toujours une morale à la fin. C’est une grosse responsabilité, cela implique une déontologie, une discipline, car je source tout ce que je dis.”
Une boîte à outils
À travers l’actu, Anne-Sarah offre des clés de décryptage de la société: “Fact Check, c’est une boîte à outils dont tout le monde peut se servir.” Ainsi, dans sa dernière vidéo”Sexe, argent, BDSM, qui sont les money slaves ?“, elle fait la lumière sur les concepts de money slaves, play pig: une pratique de type BDSMn la “fin dom” ou “financial” domination qui consiste à vouloir (de façon absolument consentante) être l’esclave financier de quelqu’un, c’est-à-dire, donner de l’argent sans contrepartie. Fascinant, non ? Au-delà de l’aspect ouvertement interpellant du concept, Anne-Sarah propose une analyse fine et ludique pour laquelle elle n’hésite pas à proposer des pistes de réflexion: “Il semblerait que dilapider son argent avec le risque de tomber en banqueroute soit l’acte de soumission ultime dans un monde où on idolâtre l’argent et le pouvoir, les symboles du capitalisme.” On vous laisse méditer ?
Pour le développement du format de l’émission, et son avenir en général, la jeune animatrice à quelques idées. “J’aimerais continuer à garder cette liberté tout en donnant la parole à d’autres voix, inviter des gens. Je me demande si je ne le déclinerais pas en texte aussi et qui sait, peut-être qu’un jour j’aurai mon propre média ?” C’est tout ce qu’on lui souhaite !
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