Nafi, 35 ans, a décidé de se meubler uniquement à partir de mobilier de récup. Sur son compte Instagram, elle partage les photos avant/après bluffantes de son intérieur. De quoi nous motiver nous aussi à sauter le pas !
Chaque année, ce sont des milliers de tonnes de déchets qui sont jetés. Parmi eux, des meubles datés mais encore en excellent état, dont l’allure « vieillotte » et parfois poussiéreuse décourage leurs propriétaires.
De son côté, Nafi a décidé de faire de la récupération d’anciens mobiliers non seulement sa passion mais aussi son métier. L’objectif ? Redonner leur utilité et leur esthétique à des espaces de façon écoresponsable. Et il n’y a qu’à admirer son appartement 20’s au coeur de Schaerbeek pour comprendre que la jeune bruxelloise a tout bon ! Rencontre avec ce jeune talent.
Comment t’es-tu lancée dans la déco écoresponsable ?
Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours adoré la récup. J’accompagnais ma maman au marché aux puces, place du Jeu de Balle. Une fois adulte, j’ai continué à parcourir les brocantes pour chiner des pièces originales. J’avais un budget limité alors j’essayais de me meubler avec du seconde main. Je chinais aussi pour mes amis et mes proches. Parfois, je les emmenais avec moi. Ils me disaient tous « je ne comprends pas, pour moi tout va à la poubelle ». J’arrivais à les convaincre du contraire en montrant tout le potentiel qu’il y avait derrière chaque pièce. Je pense que chacun a son « truc », ça c’est le mien. J’ai dû travailler dur mais c’est vraiment quelque chose que j’adore faire !
Quelles sont tes astuces pour chiner ou dénicher des perles rares ?
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D’abord il faut avoir envie de fouiller ! Et beaucoup d’imagination pour projeter chez soi un meuble sans mise en valeur. Quant aux adresses, je vais beaucoup chez Troc, sur les marchés et les brocantes, même en dehors de la Belgique, ou encore dans les vide-greniers. On trouve de très beaux mobiliers dans les régions agricoles, de beaux établis en bois par exemple. Ce qui est génial, c’est qu’on peut y trouver des meubles dans des matières extrêmement nobles ; du vrai beau bois, du marbre,… à des prix abordables. Le must reste Facebook Market évidemment, et les autres sites de seconde main comme 2ememain ou Ebay.
Où as-tu appris tout ça ?
J’ai appris par moi-même, je me suis formée à travers des tutos et une formation de restauration de meubles anciens à l’Efp à Uccle. Début 2019, j’ai proposé bénévolement aux Petits Riens de mettre en valeur leurs meubles et objets en créant des agencements d’intérieurs et en les photographiant pour leurs réseaux sociaux.
Tu as décidé de faire de l’aménagement de récup ton métier. Comment ça se déroule concrètement ?
Je reçois l’appel d’une personne intéressée par mon site ou ma page Instagram et qui souhaite réaménager une pièce comme son salon ou une chambre d’enfant par exemple, ou tout son intérieur. On organise alors un rendez-vous à son domicile, les clients me disent ce qu’ils veulent et on discute beaucoup. Je prends le temps de comprendre ce que les gens aiment. Mes clients sont généralement des propriétaires qui veulent aménager leur lieu de vie ou mettre en vente ou en location un bien et ont besoin de l’optimiser ou de faire du home staging. Parfois, ce sont des business qui désirent simplement une déco intemporelle et atypique.
Penses-tu qu’il est urgent de changer nos modes de consommation ?
Mon objectif est d’encourager à aller vers la récup par sa mise en valeur et éviter ainsi le recours systématique au “neuf”, produit en série et de façon polluante. La France produit chaque année près des 2 millions de tonnes de déchets d’ameublement par an. En Belgique, les chiffres sont très difficiles à trouver. Il faut absolument changer nos habitudes. On nous pousse sans cesse à la consommation avec la fast-déco, c’est comme la fast-fashion. On te sort une nouvelle mode tous les ans, du coup tu penses que ta déco est démodée. La récup, elle, est intemporelle.
Quelle est la pièce dont tu es la plus fière ?
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Ma table basse ! Il s’agit d’un encadrement de miroir en bois du Canada. On voit d’ailleurs encore les nervures et les trous d’accroche. Puis j’y ai juste rajouté des pieds trouvés en brocante.
Que diriez-vous à quelqu’un qui a envie de commencer à décorer son intérieur à partir de pièces de seconde main ?
Je lui dirais de faire la liste des pièces dont il a besoin pour travailler dans un ordre qui lui facilitera la tâche, et surtout d’oser aller vers un meuble qualitatif et qui a une chouette forme, même s’il y a des choses à travailler. Changer une porte ou poncer, ce n’est vraiment pas difficile. Il faut oser ! Il ne faut pas se laisser décourager par un détail. Chez moi, il y a énormément de choses que je n’ai pas dû retaper !
Ensuite, je lui dirais de commencer par des petits meubles du style tables de chevet ou tables d’appoint. Une pièce facile à chiner pour quelqu’un qui commence et qui ne sait pas trop quoi acheter, c’est un miroir. Les miroirs un peu sympas sont très facilement chinables, qu’on pose sur un buffet ou sur sa cheminée, par exemple.
Quels sont tes projets futurs ?
Je viens de me lancer sur un projet de maison unifamiliale à Schaerbeek. Ils m’ont demandé de tout refaire, c’est un super projet ! Malheureusement il n’y a plus de marchés ni de brocantes en ce moment à cause du Covid, donc ça complique un peu les choses. J’ai été contactée par plusieurs boutiques et marques intéressées par ce que je faisais, je reste ouverte à des partenariats dans le futur, mais il faut que le projet reste éthique et écologique.
Pour découvrir encore plus d’univers de Nafi, rendez-vous sur son site perso.
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