Le tarot de Marseille n’a plus de secret pour lui. Philippe Koeune, architecte, graphiste, créateur de mode et aujourd’hui tarologue, nous emmène dans les coulisses d’une pratique passionnante et mystérieuse ! Interview.
Comment vous êtes-vous familiarisé avec la pratique du tarot de Marseille ?
“Ce n’est vraiment pas très glamour, mais j’ai découvert le tarot en tombant par hasard sur une conférence YouTube sur le sujet et un mois plus tard, j’ai débuté une formation que j’ai suivi pendant une période de deux ans. Rapidement, je me suis retrouvé à tirer les cartes dans des cafés à Bruxelles et c’est là que j’ai réalisé à quel point le tarot allait faire sens pour moi. Ca va maintenant faire 5 ans que je lis les tarots et l’envie d’en faire une pratique centrale dans ma vie se confirme de jour en jour. ”
Tout le monde peut-il lire les cartes ?
“Absolument ! Le tarot, c’est quelque chose d’accessible à tous. Il ne faut pas avoir un don pour pouvoir lire les cartes, même si certains vont avoir plus d’affinités que d’autres avec cet ‘outil’. Le tarot, c’est un langage symbolique. Comme tout langage, il peut s’apprendre. Après, il faut évidemment le travailler. Il y a deux aspects à ce langage : l’aspect intuitif et l’aspect connaissance. Même pour des personnes très intuitives il y a des clés de compréhension de ce système qu’il est bon d’acquérir, mais ça n’empêche pas qu’une personne qui n’a jamais touché au tarot de Marseille puisse le lire. Les symboles parlent à tout le monde. Au plus on va pratiquer ce langage symbolique, au plus le ‘muscle’ de l’intuition va être développé. C’est là qu’on va pouvoir commencer à être pertinent et à ressentir vraiment les choses.”
Le tarot de Marseille, ça fonctionne comment exactement ?
“Il existe deux grandes tendances dans le tarot : il y a l’école divinatoire, on questionne les cartes pour pouvoir lire l’avenir, et l’approche dite psychologique. Le tarot va fonctionner différemment selon l’usage que l’on en fait : dans l’approche psy on élabore dans un premier temps la question en sachant que plus la question est précise, plus la réponse le sera également.
Ensuite la personne est amenée à tirer un certain nombre de cartes, nombre qui varie selon la stratégie de tirage. Une fois les cartes retournées, c’est la personne qui consulte qui va s’exprimer sur ce qu’elle voit. En parlant d’une carte, la personne va parler d’elle-même, immanquablement. C’est ce qu’on appelle la projection. Tout ce qui va être dit par rapport aux symboles de la carte, si on les ramène à soi, fera toujours sens. On va pouvoir par ce procédé mettre à jour des informations inconscientes. La personne va puiser les informations en elle-même et je suis là pour l’aider et l’accompagner au fil de mes questions. Ce ne sont pas les cartes qui lisent en nous, mais bien nous qui lisons en nous-même avec le support du tarot.
C’est dans un second temps que le tirage va être analysé sur base du langage du tarot lui-même, sur base de la signification des cartes, de leur ordre, des relations qu’elles entretiennent entre elles dans le contexte du tirage. On va puiser du sens au-delà de ce qui a été énoncé par le consultant en s’appuyant sur le jeu lui-même, sa syntaxe, et aussi sur notre ressenti. Il s’agit d’une phase active pour le tarologue mêlant connaissance et intuition.”
Comment expliquer le fait que les cartes guident et conseillent ?
“Il y a ceux qui pensent que le hasard existe et d’autre qui pensent qu’il n’existe pas. Moi, je me trouve plus dans la seconde catégorie évidemment ! Peu importe la carte retournée, si la personne se projette dedans, il y a quelque chose qui va se produire et ça va obligatoirement faire sens. Mais au-delà de ça, à chaque tirage, je rencontre ce qui est appelé un phénomène de synchronicité, c’est-à-dire que tout d’un coup, un lien est créé entre deux éléments qui à la base ne sont pas liés à savoir le/la consultant.e et les cartes. C’est comme si le monde intérieur, la psyché, pouvait influer sur le monde extérieur. Les cartes tirées se révèlent en effet être d’une pertinence foudroyante…”
Le tarot, ça fonctionne uniquement en face à face ?
“Non, les tirages à distance fonctionnent très bien ! La personne n’a même pas forcément besoin d’être présente, les tirages par mail sont tout à fait possible, par exemple.”
Avez-vous une anecdote à partager ? Quelque chose qui vous a marqué ?
“Oui, la découverte de la faculté de lecture à distance justement : Une connaissance m’avait écrit un jour pour me demander un rendez-vous pour un tirage. Deux jours plus tard, elle m’annonce que son problème est résolu et que le tirage n’est plus nécessaire. Curieux, je décide de mon côté de lire le tarot pour comprendre ce qui s’était passé. Je procède au tirage, plusieurs cartes ‘m’appellent’, une histoire me vient, histoire que je décide de lui faire part par mail. Suite à cela elle me répond que oui, les choses se sont déroulées comme je les avais perçu ! J’étais le premier surpris. Sans qu’elle soit là, j’avais réussi à me connecter à elle, à sa problématique, c’était juste incroyable ! Même si cela s’est reproduit depuis, je ne peux m’empêcher d’être ébahi et d’y voir une dimension magique ! »
Comprenez-vous les personnes sceptiques, qui hésitent ou qui ont peur de tenter l’expérience ?
” Il y a des a priori vis-à-vis du tarot liés je crois essentiellement à sa dimension divinatoire et à toute l’imagerie qui va avec. Une des choses qui effraient les gens dans une lecture divinatoire, ce sont les mauvaises nouvelles et ce qui pousse certains au scepticisme, c’est justement cette faculté à lire ce qui n’est pas encore et qui adviendra…
Dans le tarot tel que je le pratique, on va se concentrer sur l’instant présent et faire en sorte de toujours donner le pouvoir à la personne qui vient consulter. Si je commence à lire l’avenir, il y a le risque d’une prise de pouvoir. Que je prédise un accident ou l’amour, la personne aura tendance à entrer dans une posture passive en attendant que la prédiction ai lieu. Je ne suis pas contre l’approche divinatoire, mais elle devrait constituer un préambule à la séance et non une finalité en soi. Tous ceux qui exercent le tarot humaniste ou psychologique comme je le pratique sont là pour guider et éveiller une compréhension en amenant la personne au cœur d’elle-même. Rendre la personne qui consulte active, c’est la mettre au centre de sa vie et lui (re)donner du pouvoir. Une chose qu’il ne faut pas oublier est que le meilleur conseil que l’on puisse recevoir, est un conseil qui vient de nous-même.
Par le biais du tarot on accède à une sorte de sagesse intérieure — ou comment nommer cette dimension de soi ? — qui offre un regard intime et juste sur les choses. ”
Retrouvez Philippe Koeune sur sa page web selire.com et sur Instagram @se__lire
À LIRE AUSSI
Les livres à lire pour devenir incollable sur l’astrologie