Diane Ndamukunda, rwando-mauricienne de 33 ans, est make-up artist. En 2018, elle ouvre son propre studio de maquillage TAMIIM beauty dans le centre de Bruxelles, à Saint-Gilles. Son slogan ? “Ce n’est pas une transformation, c’est une révélation”. Rencontre.
Le maquillage n’a plus aucun secret pour elle. Depuis l’enfance, Diane Ndamukunda aimait se déguiser et se maquiller. Les yeux pleins d’étoiles, elle aimait ces moments passés dans la salle de bain à observer sa maman s’apprêter. Il lui arrivait même de lui chiper quelques produits pour s’exercer. C’est à l’adolescence, vers 16 ans, que Diane a vraiment commencé à s’intéresser aux maquillages chargés et colorés en explorant différents styles vestimentaires. Depuis 2015, elle travaille d’arrache-pied pour pouvoir ouvrir son propre établissement en 2018. TAMIIM beauty est un studio de maquillage et une agence de direction artistique.
“Nous avons, d’une part, un ensemble de services de maquillage à destination de particuliers ou de professionnels : pour un mariage, un événement particulier, une séance photo, une visioconférence ou un passage à la télévision. Nous couvrons aussi tous les aspects didactiques du maquillage avec des leçons personnalisées, des ateliers de groupes, que ce soit pour un enterrement de vie de jeune fille, un anniversaire ou un team building. Et d’autre part, nous prenons en charge la direction artistique de projets sous un angle créatif et sur-mesure. Nous proposons aux artistes et aux marques de traduire leurs idées en images et d’en assurer tout le suivi opérationnel“, explique la make-up artist.
TAMIIM, ça veut dire quoi ?
TAMIIM est un nom kamite qui signifie “perfection”. Selon moi, la perfection, comme la beauté relève d’une évidence sans vérité. C’est une notion à la fois universelle, et totalement personnelle. Elle réside dans le détail et la différence.
TAMIIM en 3 mots ?
Diversité. C’est l’un des enjeux sociaux les plus importants pour nous. Nous souhaitons prendre part à l’évolution de la société belge vers plus d’inclusion des minorités. Nous mettons un point d’honneur à nous adresser à tous les types de beautés mais également à les représenter. Par exemple, sur les réseaux sociaux, il s’agit également pour nous de prendre part à la célébration de toutes les beautés, y compris les beautés non caucasiennes, sous représentées, afin de montrer qu’elles existent en dehors des images stéréotypées à travers lesquelles elles ont toujours été représentées jusqu’ici.
Modernité. En créant TAMIIM, je souhaitais amener une vague de fraîcheur dans le paysage entrepreneurial bruxellois avec un concept novateur, tant dans le fond que dans la forme, une vision qui donnerait le goût d’ailleurs.
Excellence. Nous entreprenons ainsi chacune de nos actions en visant cette notion d’excellence. Nous la voyons comme une motivation à toujours nous surpasser afin d’apporter le meilleur à nos clients.
Aujourd’hui, tu gères TAMIIM seule, mais l’aventure a commencé en duo.
Nous étions effectivement deux jusqu’à il y a peu. Ivan et moi étions amis depuis plusieurs années. Nous avons suivi notre formation de maquillage ensemble et avons tous les deux travaillé pour l’enseigne MAC Cosmetics avant que je ne décide de me lancer.
Lorsque j’ai eu l’idée d’entreprendre dans le secteur de la beauté, je savais qu’Ivan serait le partenaire idéal : nous partagions la même vision de la beauté tout en ayant des personnalités différentes et des compétences complémentaires. Ivan avait de l’expérience dans la coiffure, le stylisme. Moi, j’avais un bagage universitaire en communication et en relations publiques et des connaissances du marché des cosmétiques.
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Où as-tu appris à maquiller ?
J’ai suivi une formation privée auprès de Jan Wallijn, un artiste belge qui avait lui-même suivi la MakeUpForever Academy et qui est aujourd’hui fondateur de Zinnema, une maison ouverte aux talents à Bruxelles. À l’époque, il avait pour ambition d’ouvrir une école de maquillage et avait donc commencé par proposer cette formation de maquillage à laquelle j’ai participé. Elle a duré un an. J’ai fini première de cette promotion, mais il faut savoir qu’en Belgique, le métier de maquilleur n’est pas reconnu. Un diplôme dans ce domaine n’a donc que la valeur qu’on lui donne.
Pour ouvrir TAMIIM, j’ai dû passer un jury central d’esthétique. Cela fait partie des choses que j’aimerais faire avancer : professionnaliser le secteur du maquillage en Belgique. Comme toute forme artistique, il est possible d’en faire un métier, un business, mais pour cela il faut un cadre juridique et revaloriser ce métier.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de lancer TAMIIM ?
Bien avant TAMIIM, j’avais déjà un projet de consultance en image. C’est en me confrontant à l’idée qu’il fallait que je trouve mon domaine d’expertise pour mettre ce projet sur pied, ainsi qu’en faisant mon mémoire sur la disponibilités des produits cosmétiques pour les peaux métissées et noires, que j’ai fait le lien avec tout ce qui me passionnait depuis longtemps et me suis intéressée à l’univers spécifique du maquillage et de l’image.
J’ai fais énormément de recherches et je me suis rendue compte de toutes les failles existantes : le manque de produits disponibles sur le marché belge pour les peaux métissées et noires, mais aussi de connaissances de leur spécificités et de compétences des maquilleurs pour les mettre en valeur. Il y a aussi un manque d’établissements dont les service s’adressent aux différents types de peaux et qui traitent tous leurs clients avec le même soin.
Engagée dans une grande entreprise en tant que makeup artist, j’ai compris que mes possibilités d’évolution de carrière étaient limitées. On m’a rapidement fait comprendre que je ne passerais pas d’un échiquier à un autre. En plus, en tant que jeune personne noire, le plafond de verre était assez évident. Mais je ne souhaitais pas attendre que l’on me donne une opportunité, je souhaitais la créer.
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Ton plus gros challenge ?
Le plus gros challenge a été d’ordre financier. En démarrant de rien, il a été très difficile de constituer les fonds nécessaires au démarrage de la société. Obtenir la confiance en un concept auquel la plupart de nos interlocuteurs ne comprenaient pas grand-chose fut un rude combat. Mais à force de persuasion et de résilience, nous avons fini par obtenir un prêt bancaire et l’aventure a commencé !
Quels produits sont utilisés chez TAMIIM ? Quels sont les critères de sélection ?
On utilise des produits disponibles en parfumerie et le plus souvent haut de gamme. Nous veillons évidemment à ne travailler qu’avec des marques respectueuses des normes européennes et cruelty free. On essaie de se tourner vers des marques bio et vegan, mais c’est très difficile de combiner cet aspect-là et la longue tenue, par exemple, qui est l’un des points essentiels d’un maquillage professionnel.
Il est important pour nous de sélectionner des marques qui sont facilement accessibles pour nos clients (lorsque nous donnons des leçons par exemple) et qui sont respectueuses de la peau et de l’environnement.
Tes marques de make-up préférées ?
Il existe beaucoup de marques avec lesquelles j’aime travailler, et qui ont des gammes incroyables comme la ‘Touche Éclat’ d’ Yves Saint Laurent ou ‘Backstage’ de Dior, mais il y a peu de marques dont tous les produits sont convaincants.
Personnellement, j’ai un coup de cœur pour la marque Pat MacGrath, du nom de la make-up artist qui l’a créée, une icône dans le monde des make-up artists. Elle est même l’une des 100 personnes les plus influentes du monde selon le Time. Ses produits sont à l’image de sa connaissance du maquillage et sont aussi extrêmement qualitatifs. Les textures sont délicates et raffinées, les couleurs intenses et nuancées et le packaging créatif et luxueux. Une merveille !
Les 3 produits beauté que tu emmènes sur une île déserte ?
Un hydratant pour les lèvres, un mascara et une poudre. Je suis toujours d’avis qu’il vaut mieux légèrement habiller les yeux, le teint et les lèvres plutôt que de cibler une zone du visage.
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As-tu déjà pensé à développer ta propre marque de maquillage ?
Oui et elle sera bientôt disponible ! Une énième marque de maquillage sur un marché qui semble parfois saturé représente un gros challenge, mais je pense avoir trouvé quelques solutions cosmétiques inattendues avec TAMIIM Cosmetics. Je n’en dis pas plus pour l’instant, mais stay tuned !
Tu es plutôt nude ou coloré ?
C’est très difficile de choisir car ça dépend vraiment d’un moment à l’autre. Mais si je dois vraiment faire un choix, je dirais nude. J’aime bien l’idée que le maquillage soit comme une seconde peau
Plutôt glowy ou mat ?
Plutôt glowy. J’aime tout ce qui brille !
Ton étape favorite du maquillage ? Teint, lèvres, yeux ?
L’étape la plus satisfaisante pour moi, en tant que make-up artist, c’est le teint. C’est vraiment agréable de voir un visage retrouver une super mine ou se structurer au fur et à mesure qu’on y applique les différentes textures et couleurs. Une belle peau, un teint lumineux relativement naturel, c’est vraiment une constante dans mes looks !
Où puises-tu ton inspiration ?
Comme pas mal d’aspects fashion, je puise mon inspiration dans les défilés haute couture. Les visages en eux-mêmes m’inspirent aussi, certaines personnes sont des canvas qui me donnent envie de créer certains looks : accentuer des pommettes saillantes, des lèvres charnues, mettre en évidence la couleur des yeux ou une forme de sourcils…
Et comme pas mal d’aspects artistiques, je la puise également dans tout ce que je vois, sens et vis au quotidien. J’adore lire, écrire et feuilleter des magazines, il y a toujours eu quelque chose qui m’inspire dans ce flux d’images et ces compositions harmonieuses.
Quoi de prévu pour le futur ?
Ma marque de maquillage TAMIIM Cosmetics, l’ouverture d’autres studios en Belgique, en Europe et en Afrique.
TAMIIM Beauty, Rue Berckmans 39, 1060 Saint-Gilles.
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