Chaque mois, ELLE revient sur le destin de femmes qui ont changé la face du monde… Qui est Mackenzie Scott ?

L’annonce fait vrombir Twitter : MacKenzie Scott annonce avoir versé près de 1,7 milliard de dollars à des œuvres caritatives durant l’année 2020. Elle qui se voulait romancière est aujourd’hui milliardaire et elle compte bien faire profiter l’humanité des richesses générées par sa propre avidité. 

MacKenzie est généreuse.

En rejoignant le programme « Giving Pledge » lancé par Bill et Melinda Gates et par Warren Buffett, MacKenzie ajoute son nom au club très fermé des donateurs les plus fortunés des États-Unis. Son but : « Donner la majorité de mon patrimoine de mon vivant. » Face à cette déclaration, ses quatre enfants ne grincent même pas des dents. Pas besoin de s’inquiéter pour la succession vu que leur papa et ex-mari de MacKenzie n’est autre que Jeff Bezos. 

Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Un gars banal avec un grand front, une laide chemise et une dégaine de geek que MacKenzie épouse en 1993. Elle a alors 23 ans, elle est bourrée de talent littéraire. Et comme la grande majorité des écrivain·e·s, elle a dû, au début de sa carrière, se résigner à prendre un job alimentaire. C’est ainsi qu’elle le rencontre : à un entretien d’embauche. Il bosse alors pour un fonds spéculatif new-yorkais et occupe le bureau d’à côté. On dit que c’est le rire de Jeff qui a charmé la jeune femme. 

Elle est à ses côtés lorsqu’en 1994, il fonde Cadabra, la version bêta d’Amazon. C’est elle qui négocie les premiers contrats entre la boîte et les distributeurs. Puis ils fondent une famille et elle endosse le costume sur mesure d’housewife pur jus. Elle s’occupe des gamins (dont une petite fille adoptée en Chine, source de railleries insoutenables de la part des détracteurs de l’empire). Elle leur donne des cours à domicile, tout en écrivant des romans. Elle n’en publiera que deux, salués par la critique, mais qui font un bide niveau ventes (source de moquerie n° 2 : Amazon n’est pas un vrai libraire…). La vie coule doucement, le compte bancaire va croissant, sans remous, constamment.

Pourtant, en janvier 2019, 25 ans après avoir prononcé des vœux de fidélité, Jeff annonce leur divorce sur Twitter. Le social média préféré de la Bezos family s’enflamme. Qu’est-ce qui a bien pu les séparer ? La piste est tristement banale : Jeff couche avec la femme d’un de leurs couples d’amis. Aux States, les tabloïds s’affolent et un chantage est révélé : des photos olé olé de Jeff et de Lauren circuleraient. MacKenzie trompée, MacKenzie humiliée mais MacKenzie… blindée. Alors OK, essuyer les larmes avec des billets revient quand même à pleurer, mais si l’humiliation publique est cuisante, on a connu situation plus déroutante.

Dans le secret des actes notariés, pas de contrat de mariage. En clair : Mackenzie Scott a, à l’instant où l’infidélité est découverte, la possibilité de vouer son mari aux gémonies et de lui pourrir la vie. Elle n’en fera rien, drapée dans une dignité que lui envient les candidates de télé-réalité. Elle se contentera de 25 % des parts d’Amazon détenues par son ex-mari, soit 4 % des parts totales de la société. En termes compréhensibles et pour quantifier, disons qu’en 2019, la part de MacKenzie représentait 34 milliards d’euros. Non, nous non plus on ne sait pas comment l’écrire avec des zéros. 

Elle devient la troisième femme la plus riche du monde, derrière Françoise Bettencourt Meyers (parce qu’elle le vaut bien) et Alice Walton (des enseignes Walmart). 

La suite ? Elle rime avec Covid (ouais, presque). En janvier 2020, l’action Amazon vaut 1.898 dollars. Huit mois plus tard, entre les deux confinements, l’action a pris 82 %, montant à plus de 3 .400 dollars l’unité. La fortune de MacKenzie n’est plus de 34 milliards comme annoncé plus haut, mais de 66 milliards (tiens, presque autant que les bactéries qui vivent dans nos intestins)… Mais à ce niveau-là, qui compte encore comme ça ? 

Pourquoi on ne fait que parler de money pour évoquer le destin de cette femme bien ? Parce que c’est tout ce que l’on sait. Parce que ces sommes insensées ça éclipse tout le reste. 

Est-ce que Mackenzie Scott est une chouette fille ? Apparemment, oui. Comment on le sait ? En regardant ce qu’elle fait. 

En 2014, elle fondait la plateforme ByStander Revolution contre le harcèlement et les intimidations en ligne. Une ressource qui offre des conseils pour désamorcer ces situations. Et le 1,7 milliard offert à des assoc’ cette année, elle l’a réparti entre lutte pour égalité raciale, égalité des genres, causes LGBTQI+, mobilité économique, démocratie fonctionnelle, santé publique, changement climatique… Au total, 116 associations à but non lucratif, des universités, des groupes de développement communautaire, des organisations juridiques… OK, c’est un peu le goal des gestes charity d’être ouverts et progressistes, mais elle n’était pas obligée. À ce propos, elle déclarait : « J’ai demandé à une équipe de conseiller·e·s à but non lucratif, composée de représentants clés de groupes historiquement marginalisés en raison de leur race, de leur sexe et de leur identité sexuelle, de m’aider à trouver et à évaluer des organisations ayant un impact majeur sur diverses causes. (…)Dans la liste qu’ils et elles ont dressée, 91 % des organisations d’équité raciale sont dirigées par des leaders de couleur, 100 % des organisations d’équité LGBTQ+ sont dirigées par des leaders LGBTQ+ et 83 % des organisations d’équité de genre sont dirigées par des femmes. »

Et l’écriture ? Il se murmure qu’elle continue à coucher des histoires sur le papier. Mais difficile, pour celle dont le grand public attend seulement des récits financiers croustillants, d’être publiée comme une simple écrivaine de talent…

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