Et si le “made in Belgium” était vraiment possible ? Ce n’est pas Laura-Chance Ghaye qui vous dira le contraire. Elle a lancé en novembre 2020 MOBE, un e-shop de vente d’objets d’intérieur fabriqués en Belgique. Du local dans un design épuré. Une idée déjà prête à s’inscrire dans le temps.

Rencontre avec la créatrice de la marque MOBE.

POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ET NOUS EXPLIQUER VOTRE PARCOURS JUSQU’À PRÉSENT ?

J’ai 30 ans et je suis née en Belgique. J’ai suivi un bachelier à l’Université de Liège en traduction et interprétation puis un master à l’ULB en communication multilingue. Aujourd’hui je suis chargée de marketing à La Croix-Rouge de Belgique. À côté de cela, j’ai toujours voulu m’investir dans des causes importantes à mes yeux, que ce soit l’écologie ou le féminisme notamment. En parallèle de mon travail, j’ai donc créé il y a quelques mois MOBE, un projet 100% belge.

POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER LE CONCEPT MOBE, LES DIFFÉRENTS PRODUITS PROPOSÉS EN LIGNE ?

MOBE c’est une marque, qui propose des produits en lien avec l’aménagement d’intérieur (meubles, linges de maison, articles de cuisine ou jouets pour enfant). L’objectif est d’offrir une vraie alternative écoresponsable. Tous les produits sont conçus et fabriqués par des fournisseurs et des artisans locaux. Ils sont 7, un peu partout en Belgique. Je vais par la suite revendre via ma plateforme, ces articles. Le bois, ainsi que l’acier, proviennent de Belgique. Nous avons 4 produits, que j’appelle les “essentiels”: une table de salle à manger, un banc, un meuble télé et une table basse. Ils font partie de la nouvelle collection IRIS. Mais vous pouvez trouver plus de 60 produits sur le site. L’idéal serait de proposer une centaine d’articles d’ici la fin de l’année 2021.

 

D’OÙ VOUS EST VENU CETTE IDÉE ?

Le confinement a un peu accéléré les choses. Je suis une personne avec certains principes. Je mange bio, je ne prends plus la voiture, ni l’avion. Mais c’est en allant faire mes courses dans une coopérative bio, la Bees Coop (supermarché bio), pas très loin de chez moi à Schaerbeek, que j’ai eu cette idée. Ce concept propose des produits alimentaires bio à des prix abordables et ils fonctionnent sur un principe que je trouve intéressant : pour permettre ces prix planchers, chacun doit s’engager à donner de son temps à raison de 2h45 par mois. J’ai trouvé le concept génial et je me suis dit “mais pourquoi il n’existe pas un Bees Coop façon IKEA !”.

Collection IRIS - Table à manger MOBE

©MOBE

COMMENT AVEZ-VOUS CRÉÉ MOBE ?

Pour créer MOBE, j’ai suivi une formation. J’ai vu passer une offre du Start.LAB qui proposait un programme gratuit pour les moins de 30 ans pour apprendre à lancer une start-up. J’ai mis en avant ce concept d’aménagement d’intérieur 100% local et après 3 mois, on m’a proposé de me lancer. Je me suis occupée du e-shop et de la création, j’ai tout assemblé toute seule et l’idée a fonctionné.

POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER LE PARCOURS TYPE D’UNE MATIÈRE PREMIÈRE RÉCOLTÉE DANS LA FORÊT PUIS TRANSFORMÉE EN MEUBLE ?

Dans un premier temps, pour les produits MOBE on utilise le bois de hêtre de la forêt de Soignes. Il est coupé par saisonnalité pour respecter la matière première. Pour la collection IRIS, le stock était déjà prévu. J’ai travaillé en partenariat avec 2 entreprises. Sonian Wood Coop s’occupe de fournir le bois de la forêt avec l’aide des propriétaires forestiers et des scieries. Puis Walden Project est chargé de transformer la matière première. Ils retravaillent le bois dans leurs ateliers à Anderlecht.

Le matériau sort sous forme de plateau. Il est lissé avec de l’huile de finition (100% naturelle et belge elle aussi) puis assemblé. Je récupère enfin les produits que je stocke chez moi et qui seront vendus par la suite.

ET LE NOM MOBE, ÇA VIENT D’OÙ ?

Il fallait trouver un nom court et qui n’existe pas dans les 2 langues ; française et néerlandaise. Il y a déjà le “MO” pour mobilier qu’on prononce avec l’accent anglais pour le côté ouverture puis le “BE” pour l’ancrage belge. On prononce alors [mo:bi] en phonétique.

 

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MOBE S’INSCRIT DANS UNE DÉMARCHE ÉCOLOGIQUE. PENSEZ-VOUS QUE VOTRE MARQUE PUISSE CHANGER LES MENTALITÉS SUR LE RAPPORT À LA CONSOMMATION ?

MOBE c’est avant tout un concept écoresponsable basé sur la durabilité, la fonctionnalité et l’accessibilité. Je souhaite éviter la surproduction. C’est pourquoi il y a un respect de la matière première. Vous pouvez précommander sur l’e-shop au mois de mars et la production débutera à la fin du mois, voire début avril. Le produit généralement sera prêt en 4 semaines selon les commandes passées.

Aujourd’hui, nous sommes dans le “fast” que ce soit pour la food, la déco, la mode. Lorsque vous achetez un produit dans une grande enseigne, il est quasi impossible de connaître la provenance de tous les composants. Les prix sont bien entendu abordables, le design très tendance et la qualité moindre. Le problème est que la grande majorité des consommateurs ne conserve pas ses meubles. Les articles proposés sur mon e-shop vont coûter plus chers que dans une enseigne d’ameublement classique. Les prix sont fixés selon le fournisseur et le produit. Si le produit existe, je vais me baser sur le prix imposé par le fournisseur. Si le produit n’existe pas, je vais le commander comme pour la collection IRIS, où le prix est à la base de la création.

Les articles de cette collection peuvent coûter entre 259€ (pour un banc) et 1029€ (pour une table à manger). Mais les prix varient énormément selon l’article choisi. Je mets un point d’honneur à proposer des produits avec un prix juste que ce soit pour les consommateurs ou les producteurs.

À travers MOBE, je veux proposer une alternative pour notre génération et celles à venir. Je remarque que les jeunes s’impliquent de plus en plus dans certains enjeux sociétaux. Je me dis que maintenant que je peux faire des choses et que j’en ai les moyens, c’est le bon moment. Mon but est d’offrir au grand public, un accès à des choses simples, saines et durables pour leur intérieur.

QUELS SONT LES RETOURS VIS À VIS DE VOTRE PROJET  ?

Je ne m’attendais pas à un démarrage aussi positif. Beaucoup d’associations et de particuliers m’ont contactée pour réorganiser leur locaux, suite au confinement. Je peux proposer un accompagnement sur-mesure grâce à mes différents contacts. Si des particuliers sont intéressés par des produits mais les préfèrent avec un plateau carré par exemple, je peux les mettre en relation avec un producteur. Je pense que ma marque peut convenir à une pluralité de gens et de professions. Dans l’ensemble je suis très contente.

COMMENT SE PRÉSENTE LA SUITE POUR VOUS ?

J’espère continuer à développer le projet et proposer de nouvelles collection. IRIS, c’est une version test. Si je trouve des producteurs et des matériaux locaux à Namur ou dans les Ardennes, je pourrai imaginer d’autres collections.

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