La mode belge dans son grand ensemble a déjà entamé sa green révolution. Matières écoresponsables, processus de fabrication attentifs à l’humain, durabilité, lutte contre l’obsolescence, les marques locales et internationales accélèrent le passage au vert. 

LA FILLE D’O

mode green

La Fille d’O ©Presse

Murielle Scherre, créatrice engagée de lingerie éthique, inclusive et sulfureuse, choisit ses matières premières locales et durables. Exclusivement certifiées Oeko-Tex, ses pièces hyper sexy à la transparence déontologique nous collent à la peau avec sensualité et innocuité. 90% de ses étoffes douces comme la peau sont fabriquées en Belgique, sans composants chimiques délétères. Le polyester, incontournable en lingerie et ici recyclable, signé de la société belge Liebaert, se lave et sèche rapidement : économie de ressources. La collection est réalisée à Kemmel, pour des pièces de première qualité qui tiennent une éternité. Et quand elles prennent de l’âge après plusieurs années, c’est comme notre corps, en souplesse, et en beauté. 

ROMBAUT & VIRÓN

Viron mode green

©Presse

Anversois éco-engagé, Mats Rombaut a lancé en 2013 sa marque responsable de chaussures composées uniquement de matériaux vegan. L’année dernière, il a renforcé son engagement avec Virón, une ligne ancrée dans la recherche de solutions durables, pour contribuer à un changement global dans les pratiques de l’industrie. Avec un design inspiré de chaussures punko-workwear-militaires, il minimise l’usage de matériaux neufs, privilégiant la récup’ (d’équipement de l’armée notamment), et les innovations comme le « cuir » de pomme issu de résidus de l’agroalimentaire appliqués à du polyester, ou le « cuir » de maïs, obtenu à partir d’extraits d’huiles bio d’épis sur une base de polyester recyclé. Lorsque vous aurez amorti et usé vos bottes, la marque s’engage à recycler la semelle. Qui vivra, Virón.

SNOBE

Mode green SNOBE

©Ralfagram

Dans une collection par définition responsable puisque chaque vêtement de cuir est réalisé à la commande dans un atelier de maroquinerie artisanale à Forest, Paris Malungo et Melissa Deffense ont ajouté un volet « Resnobe ». Un travail de customisation de pièces uniques, concept inscrit dans les origines de cette marque bruxelloise fondée il y a cinq ans. En parallèle de la ligne prêt-à-porter issue de cuir au tannage végétal de la meilleure qualité avec une attention particulière portée à la traçabilité, « Resnobe » développe la personnalisation de pièces vintage ou chinées, transformées à la main par Paris lui-même. Snobe possède la noblesse du geste.

NATAN « cuir » de cactus et collection circular

NATAN mode éthique

©Presse

La maison de couture belge couronnée de succès – on se permet – cultive depuis toujours une production consciente. Toutes les collections sont réalisées dans ses ateliers propres à Bruxelles et, chaque saison, s’enrichissent d’initiatives durables et responsables. En 2019, une collaboration avec l’ONG malgache Akra a permis, par l’utilisation de fibres naturelles endémiques de raphia 100 % organique, la création d’une ligne de vêtements et accessoires qui ont contribué à soutenir un réseau local d’enrichissement socio-économique. En 2020, la Maison Natan a lancé des pièces en « cuir » de cactus, et cette année, la ligne « Circular » upcycle des pièces invendues qui sont transformées et revalorisées, selon un procédé artisanal respectueux. Circular, y a tout à voir. 

KOMONO

KOMONO lunettes éthiques belges

©Presse

Cette maison de lunetterie cultive un design innovant, pointu, durable et accessible. De la production aux packagings jusqu’aux bonnes pratiques de travail en équipe, Komono sort du commun. Sa nouvelle collection de lunettes optiques développe des modèles en écoacétate et en acétate recyclé. Le premier est un plastique anti-allergénique fabriqué à partir de plantes. Le second est composé de particules récupérées après balayage du sol des fabricants qui collaborent avec la marque. Ces résidus « propres » sont fondus et teints pour créer un acétate noir parfait, sans pression supplémentaire sur l’environnement. Pour voir le futur en vert à travers vos verres. À partir de 99 €. 

A-TYPIQ

Marque loungewear éthique et belge

©Presse

Noemie Flamant et Claudia Scheelen travaillaient dans la mode depuis dix ans, côté coulisses. Pendant le confinement, elles ont décidé de lancer une marque pour tous les jours, pour toutes les heures. Des pièces minimalistes « qu’on peut porter ultra-casual ou accessoiriser chic ». Ces séries limitées sont conçues en couleurs monochromes et cultivent un minimalisme contemporain. Les laines et viscoses sont naturelles, les emballages en matériaux recyclés. Une partie la production est assurée au Portugal, où 70 % des ouvriers sont des femmes aux conditions de travail éthiques, et où l’usine bénéficie d’un système de purification de l’eau ensuite réutilisée pour l’agriculture. Une simplicité sensée.

IMPREVU

Imprévu mode green

©Elodie Timmermans

Marque liégeoise à échelle humaine, Imprevu cultive l’éthique de l’esthétique, ne travaillant que des fibres naturelles, viscose mélangée de soie, coton de qualité et, pour dès cet été, des fils recyclés intégrés dans les lignes de maille, et tissus fabriqués avec moins d’eau. Le concept même de cette maison qui fonctionne en séries limitées rationalise la surproduction et les déchets, tout en garantissant un prêt-à-porter distillé au compte-gouttes. Justine God, la créatrice-fondatrice, collabore avec un petit réseau de fabricants en Italie pour les mailles, notamment, réalisées dans des manufactures familiales. Elle mixe la tradition dans le geste, et l’innovation dans la qualité technique et écologique des fils. Imprévu, mais réfléchi.

MOSAERT

Mosaert x Mini

©Antoine Melis

La septième capsule du collectif pluriartistique mené par Stromae célèbre comme les précédentes la slow fashion, produite en petites quantités et en Europe. Mosaert produit le plus localement possible (les mailles en Belgique notamment), le coton est bio, le polyester recyclé à partir de la moquette d’hôtels et de filets de pêche. Dans le cadre d’une collaboration avec Mini, la collection présente des modèles assortis à l’habillage d’une nouvelle voiture électrique, en cohérence avec un engagement pour la durabilité sur la route du succès. 

COLLECTIF D’ANVERS

Collectif d'Anvers mode green

©Jan Mast

Dans son atelier à Anvers, elle fabrique à la fois des chaussures sur mesure, pièces uniques qui ont signé le début de sa carrière, et des collections en petites séries produites en Italie dans des cuirs impeccables. Natalie Van Lijsebettens a mené des études de cordonnerie, puis a directement ouvert une boutique et un atelier, en perfectionnant sa pratique auprès d’un cordonnier chevronné : « Il m’a appris ce que l’école n’enseigne pas. » Pour sa collection signature, elle utilise un cuir tanné naturellement, sculpte ses talons elle-même. Elle estime que travailler avec ses mains « offre une immense liberté créative, bien plus qu’une production en usine ». Chaque pièce est affinée à l’extrême, comme un chef-d’œuvre pour nous faire avancer.  

MAD UNITED FASHION FESTIVAL 

MAD festival mode green

©Kaat Pype

Cet événement ouvre une réflexion et clôture le projet européen United Fashion, après 4 ans d’échanges entre créateurs européens. Jusqu’au 6 juin, le MAD questionne la durabilité et les actions possibles pour lutter contre la surproduction, à l’occasion d’un festival en trois volets :

1. Une expo réflexion : 40 designers européens, qui ont changé la donne ou s’y attellent, illustrent les problématiques – et les solutions – générées autour d’une réflexion à propos de la surconsommation, la déconstruction, le luxe de l’ancien, la longévité, la réduction des déchets, la modularité, la réparation du vêtement, la régénération, l’héritage et la force de la collectivité. Parmi eux, Martin Margiela, Marina Yee, Tom Van der Borght, Jan Jan Van Essche, Delvaux, Honest by, et un espace boutique avec la mini-collection Daily Menu, durable et abordable, développée par trois jeunes designers. 

2. Des talks & workshops, animés notamment par Jean-Paul Lespagnard pour les enfants.

3. Un showroom virtuel, via lenewblack.com, achalandé par 30 designers européens présente des collections FW21/22 aux acheteurs internationaux, jusqu’au mois de juillet. 

ELVIS POMPILIO

Pompilio mode éthique belge

©Erik Anthierens

Toutes ses pièces uniques sont fabriquées par l’artiste-modiste lui-même, dans son atelier bruxellois, par conviction, depuis le début de sa carrière dans les années 80, il travaille le jean et le cuir upcyclés, issus de récup’ et de chutes, « ne serait-ce que sous forme d’accessoire de chapeau, une fleur ou une broche. J’essaye toujours de trouver une solution pour ne pas jeter ». Elvis Pompilio redonne vie aussi à des fins de matériaux de maisons de luxe françaises. Et quand il ne recycle pas, ce créateur écoresponsable utilise des pailles, cachemires, feutres de laine et de poils de lapin naturels. « J’ai toujours été écolo dans l’âme, même quand ça n’était pas encore à la mode. » Contre le prêt-à-jeter, pour le prêt-à-compter. 

HELDER ANTWERP

mode green en Belgique

©Presse

Ramona Stoica est belgo-roumaine. Elle a fondé sa marque en 2017 avec de fortes convictions à propos de la durabilité, l’écologie et l’éthique. Ses collections sont entièrement coupées dans des « fins de rouleaux », ou dans des matériaux responsables et recyclés, comme le coton bio, le bambou, le lin, le chanvre. Depuis 2020, ses collections suivent le rythme de ses propres saisons, et non plus celui de l’industrie. Elle privilégie les séries limitées, fabriquées dans son atelier à Anvers. Ramona porte une attention particulière à la coupe, estimant qu’un vêtement qui tombe parfaitement sera porté plus longtemps. Elle transforme aussi des pièces vintage, pour en tirer un plaisir tout neuf.  

EVERGREEN by Y/PROJECT  

Evergreen Y/Project

©Ibrahim Elhinaid

La maison française menée d’une main de maître (flamand) par le Brugeois Glenn Martens lance ce printemps Evergreen, interprétation permanente – et qui ne sera jamais soldée – de pièces iconiques de Y/PROJECT, produites de manière encore plus durable. Cette ligne sera conçue en laine mérinos certifiée ZQ (qui protège le bien-être des hommes et des animaux) ; coton biologique certifié GOT (avec critères environnementaux et sociaux stricts) ; doublures en viscose issue d’une production certifiée FSC Forest Management (pour le respect des forêts et la traçabilité) ; enfin, un étiquetage en coton bio ou papier recyclé et encre végétale. Le tout, on s’en doute, réalisé dans des usines responsables, qui utilisent moins d’eau et de produits chimiques. Une collection d’everlasting fashion love.

EVA VELAZQUEZ

Eva Velazquez

©Presse

Elle est le fil conducteur qui relie le folklore à la mode urbaine. Pendant des années, elle s’est concentrée sur les vêtements de travail ouvriers et paysans. Désormais, elle développe la dimension culturelle de ses collections en se rapprochant des artisanats du Maroc et des pays de l’Est. Cet été, pour la première fois, Eva Velazquez retrouve et réinterprète des pièces traditionnelles aux broderies historiques. Ce savoir-faire est ici mis en valeur par des ateliers au Portugal. Près d’une centaine de pièces originales, petites œuvres d’art, vêtements folkloriques anciens tout à fait actuels, en pièces d’origine et déclinaisons contemporaines.

LILÙ 

LILU bag

©Presse

Sa définition de l’écoresponsabilité aujourd’hui ? « C’est de produire à la commande, une pièce par modèle et par taille, pour éviter le gaspillage et de futurs déstockages. » Emmanuelle Adam fabrique ses collections à la main, dans son atelier bruxellois. « Un vrai beau cuir est durable, il ne s’effrite pas avec le temps, il se transmet, il ne crée pas de déchets délétères pour le sol et les océans en fin de parcours. J’étudie attentivement les innovations en matière de cuir et de ses alternatives. Toutes nos peausseries ne viennent que d’Europe, on sélectionne les produits et les accessoires selon leur cohérence avec le respect de l’environnement. » Pour l’été prochain, elle développe plus avant l’exploration de cuirs ouvragés et embossés, tannés végétalement, étudie l’impact des matériaux tout au long du circuit. Pour boucler la boucle, et qu’elle brille.

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