Impossible d’être passé.e à côté du phénomène The Bold Type (De celles qui osent en VF). La série diffusée pour la première fois aux États-Unis en 2017 vient de débarquer sur Netflix. Depuis, elle ne cesse de faire parler d’elle. À l’occasion de la sortie de la cinquième saison sur Freeform, on revient sur les raisons pour lesquelles on adore cette série ultra réconfortante.
The Bold Type raconte le quotidien de trois journalistes dans la vingtaine, Jane, Kat et Sutton. Les trois jeunes femmes aussi attachantes qu’ambivalentes travaillent pour Scarlet, un influent magazine féminin américain. La série s’inspire de la vie de Joanna Coles, ancienne rédactrice en chef du magazine Cosmopolitan. Au menu ? Une histoire d’amitié, de peines de boulot, de peines de coeur,… Tout cela conté dans le décor fantasmé du vaste open space d’un grand magazine de mode féminin en plein coeur de New-York. Avec le “fashion closet” de rigueur pour les réunions de crise entre copines !
100% feel good
Notre fascination pour le newspaper movie ne date pas d’hier. En 2011, Aaron Sorkin nous plongeait dans le quotidien périlleux de journalistes d’investigation américains dans la série The Newsroom. Dans une version plus girly et adaptée au contexte d’un magazine de mode féminin, le public découvrait avec une passion mêlée d’effroi Le Diable s’habille en Prada, cinq ans plus tôt. Rassurez-vous cependant, dans The Bold Type, on est loin de la Miranda Priestly incarnée avec brio par Meryl Streep (et inspirée de la rédactrice en chef du Vogue américain, Anna Wintour). Celle qui nous donnait des frissons dans le dos et des envies de meurtre à chaque scène.
La patronne de la rédaction de Scarlet, Jacqueline Carlyle, est la boss qu’on rêve tou.te.s d’avoir. Courageuse, généreuse et compréhensive, elle repousse les limites des trois protagonistes et agit comme une mentore bienveillante. C’est d’abord cet environnement réconfortant qui nous rend tellement accro à cette série. Mais aussi le caractère ultra attachant des trois héroïnes, Jane la journaliste passionnée, Kat la community manager engagée et Sutton l’assistante prête à tout pour percer dans le monde difficile de la mode.
Ces trois-là sont les meilleures amies du monde et aucune des catastrophes rocambolesques qui leur tombent dessus ne pourront remettre ce lien fusionnel en question. Sur le rythme d’une bande originale entraînante et grâce à un scénario pop qui détonne, les trois collègues suscitent non seulement l’affection mais personnifient également la femme moderne, ambitieuse et engagée. The Bold Type, c’est la série revigorante par excellence, celle où tout finit toujours bien. Le remède parfait aux maux du quotidien.
Un ton engagé
Au-delà de son caractère feel good, la série se distingue par son écriture engagée et féministe, sans être militante pour autant. S’il arrive se se sentir légèrement sermonné.e par moment (particulièrement au travers du personnage de Kat), les questionnements profonds et les combats identitaires des trois héroïnes ne prennent pas l’apparence de leçons de conduite. C’est l’humour qui vient jouer la parfaite balance.
Pourtant, The Bold Type aborde tout, surtout la place de la femme dans notre société contemporaine. On parle de cancer du sein, d’orgasme, d’immigration, de cyberbullying, de sexisme, de couple, de bisexualité, de grossophobie et même du Deuxième Amendement. Malgré sa multiplicité, cette liste de sujets longue comme le bras ne donne jamais le tournis. Si ce n’est peut-être le personnage d’Adena, qui multiplie tellement de casquettes (artiste iranienne, musulmane, voilée et bisexuelle) qu’il frôlerait presque le cliché.
Mais si la série s’en sort aussi bien malgré son manque de tact occasionnel, c’est en raison de l’esprit de sororité qu’elle parvient à faire naître. C’est la solidarité entre femmes (avec l’aide indispensable des personnages masculins) qui touche et crée l’enthousiasme. Kat, Jane et Sutton personnifient les nouvelles aspirations et exigences de la génération Y, plus ouverte et inclusive. Elles sont fortes, vivent à deux cents à l’heure et ne se laissent pas faire. Et puisqu’il s’agit quand même d’une newspaper série, le grand dilemme éthique du journaliste est bien sûr lui aussi abordé, entre exigences économiques et volonté de produire un contenu pertinent et indépendant.
Complètement surréaliste
En revanche, pour une vision fidèle du quotidien d’une rédaction, on repassera. Si l’univers de Kat, Jane et Sutton est aussi merveilleux, c’est forcément au détriment d’un certain réalisme scénaristique. Toutes les journalistes fraîchement promues d’un magazine de cette échelle n’ont pas une relation ultra fusionnelle au bout de six mois avec leur rédactrice en chef. Toutes les rédactions de magazines féminins ne disposent pas de leur fameux fashion closet dans lequel piocher incognito une robe de créateur à cinq chiffres pour sa soirée improvisée. Et il ne suffit pas de sauter dans un taxi à toute heure du jour ou de la nuit accompagnée de ses deux meilleures copines pour régler ses problèmes de boulot. D’ailleurs, les emplois du temps semblent complètement absents de cet univers.
“The Bold Type met en scène un monde réaliste et pétillant à la fois, un monde rêvé mais crédible, qui ressemble à ce que devrait être le nôtre”, résume Melora Hardin qui interprète Jacqueline Carlyle, la patronne de la rédaction de Scarlet. C’est ce qui fait tout le charme de cette série, son manque de réalisme ainsi que sa vision fantasmée de ce que devrait être le journalisme.
Le média Mashable relevait ainsi avec pertinence que la série arrivait avec plus d’une décennie de retard : “The Bold Type ne se déroule pas en 2006, mais cela aurait beaucoup plus de sens si c’était le cas.” La série met ainsi en scène le passage du magazine papier aux contenus online en 2019 comme si Scarlet était un vieux média réfractaire face à une révolution numérique inévitable. Alors que des magazines comme le Cosmopolitan (l’inspiration réelle de la série) disposaient déjà à l’époque de bras numériques solides, avec des ventes de publicité, des équipes de production vidéo et des partenariats commerciaux. Certains discours utopistes de Kat à propos des réseaux sociaux contrastent également avec la réalité du terrain aujourd’hui, notamment concernant la banalisation des messages de haine en ligne.
Ce sont aussi ces incohérences temporelles et scénaristiques qui permettent à la série d’aborder autant de questionnements et phénomènes de notre génération, qu’il s’agisse du journalisme ou de la place des femmes dans notre société. Alors que la cinquième saison est en cours de diffusion sur Freeform, on n’hésite pas à se jeter à corps perdu dans cette série extrêmement jouissive. Précision de taille, la série n’est pas réservée qu’à un public exclusivement féminin puisqu’on ne compte plus les témoignages d’hommes qui se sont passionnés pour les aventures de Kat, Jane et Sutton. L’occasion de se lancer avec son mec !
Pour regarder The Bold Type, les 4 premières saisons sont disponibles actuellement sur Netflix. La cinquième saison est disponible sur la chaîne américaine Freeform.
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