En juillet dernier, c’est dans la cité médiévale d’Aigues-Mortes, au coeur de la Camargue, que nous avons posé nos valises. Au programme de ce voyage : la visite des Salins du Midi, à la découverte de la fabrication et de la récolte de la précieuse fleur de sel de Camargue.
Située en Petite Camargue, à la pointe sud du département du Gard, la petite cité médiévale d’Aigues-Mortes mérite qu’on s’y attarde. Et s’il est plaisant de prendre le temps en se baladant dans ses rues à l’aspect pittoresque, il est nécessaire de prendre un peu de hauteur pour réellement s’apercevoir ce qu’elle a à offrir. Du haut des remparts de la ville, l’horizon procure une vue imprenable sur les Salins du Midi. Ce site de production, où est produit le célèbre sel La Baleine®, fournit la moitié de la réserve française de sel. Celui-ci se révèle au coeur d’une terre sauvage, sur près de 8.000 hectares, où se mêlent une faune et une flore remarquables qui s’épanouissent en harmonie sur les marais salants.
Une balade au fil de l’eau
Il existe plusieurs moyens de visiter le Salin d’Aigues-Mortes. Si le Petit Train est sans aucun doute le transport le plus prisé des visiteurs, les parcours pédestres, en VTT ou encore en 4×4 sont également proposés. Pour nous, c’est une balade à vélo d’environs 3h30 qui aura rythmé la seconde matinée ensoleillée de notre séjour.
Bien que la Camargue ne soit pas connue pour ses montagnes, l’effort physique reste intense (enfin, cela dépend pour qui), mais en vaut tellement la peine ! C’est donc au fil de l’eau (salée et de couleur rose, que demander de plus ?) et des explications de notre guide passionné par sa région que nous nous sommes promenés au milieu des tables salantes. En plus d’en apprendre plus sur la Camargue, sa culture et son passé, c’était l’occasion de se renseigner sur la récolte et la fabrication du sel.
Un processus bien pensé
Au début du printemps, les sauniers, véritables agriculteurs de la mer, mettent en eau les tables salantes grâce à un canal reliant directement le site de production à la mer. Sous l’effet du soleil et du vent, les sauniers obtiennent alors une évaporation quasi totale de l’eau de mer, laissant place à une eau saturée en sel appelée plus communément “saumure”. C’est ce qu’on appelle la “concentration“. D’avril à septembre, sous l’effet de l’évaporation naturelle, grâce à l’effet conjugué du soleil et du vent, les tables salantes gorgées de saumure cristallisent afin de former un “gâteau de sel” d’une épaisseur de 9cm en moyenne. À la pleine saison, de mi-juillet à septembre, les sauniers, le plus souvent engagés pour la saison, travaillent de 6h à 12h30 dans les salins. Toutes les énergies sont mobilisées pour moissonner le “gâteau de sel” en le soulevant délicatement du sol. En tout, ce sont environ 30 tonnes de sel qui sont récoltées manuellement chaque jour. La récolte durant un mois et demi, cela représente 750 tonnes de sel par an. Pas mal non ? Le sel est ensuite stocké en camelle.
Un endroit unique et protégé
Le Salin d’Aigues-Mortes, grâce à son microclimat très ensoleillé et ses plans d’eaux, s’avère être une zone humide au patrimoine inestimable. Les zones humides jouent un rôle primordial dans le maintien de la biodiversité et sont à la deuxième place des richesses biologiques mondiales, après la forêt tropicale.
L’activité salicole est à l’origine d’un écosystème original, particulièrement riche et divers. Le procédé de production de sel de mer entraine des conditions favorables à l’alimentation, la reproduction et le repos de nombreuses espèces d’oiseaux. Plus de 192 espèces de plantes, plus de 10.000 flamants roses et plus de 200 espèces d’oiseaux sont présents sur le plus grand salin de Méditerranée. Cela est possible grâce aux eaux particulièrement chargées en sel. Cet environnement est aussi propice au développement d’une flore diverse faisant du Salin d’Aigues-Mortes un site naturel protégé.
Le site fait partie du programme « Life » de l’Union Européenne pour l’environnement et le climat. L’objectif est de protéger et d’augmenter les espèces vivant sur le salin tout en mettant en place des actions de sensibilisation et de communication, la protection des habitats naturels des oiseaux, la restauration des lagunes côtières, etc. Bien que de telles actions soient mises en place, il est un triste constat qu’est celui que la Camargue disparaîtra bientôt entièrement. Il est donc d’autant plus important aujourd’hui de partir à la découverte de ses terres sauvages et de son patrimoine, qui ensemble font la fierté de ses habitants.
Infos pratiques
Route du Grau du Roi, 30220 Aigues-Mortes
Tél. : +33 4 66 73 40 24
Instagram : @visitezlessalinsdaiguesmortes
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