La positivité toxique, ou cette obsession de dire que tout va bien quand ce n’est pas le cas, contribue à détériorer notre santé mentale. D’où vient-elle et comment changer nos schémas de pensée pour nous autoriser à ressentir nos émotions ?
La positivité n’a rien de fondamentalement mauvais : nous savons tous qu’il est nécessaire de garder une attitude optimiste durant notre vie pour préserver notre santé mentale. Elle peut se présenter comme une force qui nous aide à rester motivé.e dans le futur. Le problème, c’est que la vie n’est pas toujours rose. Nous passons tous par des moments difficiles et nous devons apprendre à gérer des émotions et des expériences douloureuses. Ces émotions, bien que désagréables, doivent être ressenties ouvertement et avec honnêteté.
Des conséquences négatives sur notre santé mentale
La positivité toxique revient à appliquer la pensée positive à son extrême, de façon généralisée et simplifiée. C’est la croyance que, peu importe la gravité d’une situation, nous devrions garder une attitude optimiste. Cette attitude ne se contente pas seulement de souligner l’importance de l’optimiste, elle minimise et nie toute trace d’émotions humaines qui ne sont pas strictement heureuses.
Cet optimisme toxique peut se présenter de différentes façons, comme lorsque pendant des périodes difficiles, on nous dit de “juste rester optimiste” et de “voir les choses du bon côté” ou lorsque nous faisons l’expérience d’une perte, on nous répète que “tout arrive pour une raison”. Ces affirmations sont souvent bien intentionnées mais elles peuvent néanmoins être novices.
Au mieux, elles se présentent comme des platitudes banales qui nous permettent de ne ne pas avoir à faire face aux sentiments des autres – ou aux nôtres. Au pire, ces commentaires contribuent à accentuer notre souffrance, lorsque nos émotions sont ignorées, rejetées ou même invalidées. Cela provoque de la culpabilité et envoie le message que si nous ne trouvons pas le moyen de nous sentir positif, même face à une tragédie, nous faisons quelque chose de mal.
Lorsqu’elle est intériorisée, la positivité toxique a tendance à fonctionner comme un mécanisme d’évitement. Lorsque nous ressentons des émotions difficiles, nous les écartons, les rejetons et les nions. Cela nous permet d’éviter de ressentir de la douleur, pourtant indispensable pour passer au dessus de l’adversité.
L’optimisme tragique comme antidote de la positivité toxique
Pour remplacer la positivité toxique, une autre approche de cette état d’esprit propose un cadrage plus réaliste. L’optimisme tragique postule, quant à lui, qu’il y a de l’espoir et un sens à trouver dans la vie, tout en admettant l’existence du deuil, de la souffrance et de la douleur. Le terme a été inventé par le psychologue et survivant de l’Holocauste Viktor Frankl en 1985. Les adeptes de cette philosophie soutiennent qu’il y a de la place dans la vie pour ressentir autant le bon que le mauvais et que nous pouvons grandir des 2 types d’émotions.
Selon Emily Esfahani Smith, journaliste et auteure spécialisée dans la psychologie positive, l’optimisme tragique offre une perspective sur l’adversité qui permet aux personnes de gérer les crises avec plus de résilience et de grandir de ces expériences traversées. Il reconnaît les difficultés, la douleur et la souffrance de ce qui se passe en nous donnant, en même temps, la capacité de garder espoir.
La souffrance fait partie intégrante de la vie. La question est comment allons-nous gérer cette souffrance ? Certains choisissent d’ignorer ou de nier la douleur, là ou d’autres se retrouvent complètement submergés par celle-ci. Être tragiquement optimiste, c’est entrer dans un juste milieu où au lieu d’écraser notre esprit, les difficultés et les défis nous offrent un moment d’apprentissage.
Ainsi, même s’il peut être tentant de simplement sourire et supporter, prendre la voie un peu plus inconfortable d’un optimiste tragique peut en fait nous aider à voir qu’il y a une lumière au bout du tunnel – et nous aider à reprendre notre souffle en attendant de l’atteindre.
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