Dans le milieu du rap, genre musical le plus écouté aujourd’hui, les femmes sont toujours minoritaires ; même si petit à petit elles arrivent à se frayer un chemin parmi leurs collègue masculins. D’ailleurs, plusieurs initiatives se mettent en place pour faire entendre leur voix.
Sur les 10 artistes les plus écoutés sur Spotify durant l’année 2021 en France, tous sont des rappeurs. On retrouve Jul en première position, suivi de Ninho et SCH. Damso, Naps, Booba et bien d’autres leur emboîtent le pas. Le constat est brutal : aucune femme ne figure dans ce top 10. Certaines ont une place bien assumée dans les coulisses de l’industrie du rap, comme Anissa Jalab, la manageuse qui assure le phénomène Damso. Mais une fois sur le devant de la scène, ça devient plus compliqué.
Pourtant, lorsqu’on creuse un petit peu plus loin que les gros noms du rap français comme Nekfeu ou PNL, on se rend vite compte que des rappeuses, il y en a. Mais cela reste difficile pour elles de se faire une place dans un univers musical majoritairement masculin, qui plus est souvent accusé de misogynie. Outre-Atlantique, c’est pourtant bien différent. Des noms comme Nicki Minaj, Cardi B ou Doja Cat ne sont plus à présenter. Le succès qu’on leur connait dépasse largement le continent américain pour s’étendre au monde entier. Le rap US semble en avance sur ce point. Côté rap français, Diam’s avait laissé entrevoir le début d’une ère peut-être plus féminine dans l’industrie. Son album Dans ma bulle, qui fêtait ses 15 ans début 2021, s’est rapidement imposé comme un classique du rap français. Mais depuis, aucune autre rappeuse n’a réussi à se hisser à ses côtés. Diam’s, qui a pris sa retraite depuis quand même près de dix ans déjà, reste encore aujourd’hui une exception.
Nouvelle génération rap talentueuse mais moins visible
Chez nous, quelques rappeuses font quand même leur petit bout de chemin. Lous and The Yakuza s’est fait connaitre grâce à son single Dilemme sorti en 2019. L’année suivante, elle sortait son premier album, un mélange de trap, R&B et pop. La bruxelloise Aly Bass a, elle aussi, sorti son premier album en 2020 après un premier EP dévoilé l’année précédente. Shay n’est, quant à elle, plus à présenter puisqu’elle s’est imposée dans le rap depuis plusieurs années déjà. Révélée au grand public grâce à une collaboration avec Booba en 2011, elle a ensuite intégré son label 92i pour y produire son premier album. Avec actuellement 2 albums à son actif, celle qu’on surnomme parfois la “petite protégée de Booba” a incontestablement réussi à faire ses preuves dans le rap français. Mais sans le soutien des grandes figures masculines du milieu, beaucoup d’autres rappeuses restent en retrait malgré leur talent incontestable.
Des initiatives pour faire bouger les choses
Les rappeuses sont nombreuses à l’avoir compris: pour percer, elles vont devoir s’unir. En octobre 2021, sortait le documentaire Reines, pour l’amour du rap diffusé sur Canal+. Cinq rappeuses qui ne se connaissaient pas y ont été rassemblées, dont Chilla, qu’on avait déjà repérée avant ça. Avec Le Juiice, Davinhor, Vicky R et Bianca Costa, elles se sont ainsi rencontrées et ont dû créer un morceau ensemble.
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Du portrait personnel de chacune jusqu’à la finalisation du clip qu’elles ont produit ensemble, le documentaire les suit au plus près de leur réalité, avec l’ambition de les faire connaitre du grand public. Toutes les difficultés auxquelles elles ont dû faire face dans le monde de la musique y sont aussi évoquées. Le morceau issu du documentaire, AHOO, comptabilise déjà plus de 3 millions d’écoutes sur Spotify.
Quelques médias émergent aussi avec l’ambition de mettre en lumière les talents féminins du rap. Madame rap se consacre, par exemple, aux femmes et à la communauté LGBTQIA+ dans le milieu du hip-hop. Tous les noms à connaitre y sont même répertoriés par pays. RappeuZ, qui se définit comme le premier tremplin musical dédié aux rappeuses, organise des concours de freestyle entre femmes dans le but de faire découvrir de nouveaux talents, et d’aider la gagnante pour démarrer sa carrière. La première édition de Rappeuses en liberté a aussi eu lieu en 2021. Le principe : proposer un programme d’accompagnement aux rappeuses pour les aider à débuter dans le milieu. Dix finalistes choisies sur base d’un freestyle ont accès à une formation et les 3 lauréates se voient offrir d’autres avantages encore, comme l’enregistrement d’un titre en studio.
On le voit, de plus en plus d’initiatives sont mises en place pour faire bouger les codes encore très masculins du rap. Le milieu est parfois hostile au changement, mais ça bouge. On y croit.
En bref : 10 rappeuses à suivre impérativement
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