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Blanche-Neige a beaucoup de caractère ! Dans un salon chic de la SoHo House de Berlin, Lily Collins rayonne. L’actrice britannique de 32 ans que l’on a découverte, certes, dans l’adaptation du conte des frères Grimm, a plusieurs cordes à son arc : actrice, écrivaine et productrice (dans la deuxième saison d’« Emily in Paris », sortie en décembre 2021), elle est également ambassadrice Cartier pour la collection Clash [Un]limited. À l’image des différents rôles qu’elle a pu jouer,  cette femme caméléon se dévoile dans sa quête pour toujours se réinventer.

Qu’est-ce que la mode signifie pour vous ?

La mode est l’expression de la personnalité de quelqu’un. C’est inspirant, c’est une opportunité de jouer différents types de personnages à chaque fois que je porte quelque chose de différent. Ça permet aussi de faire sourire les gens. Comme vous, vous êtes entrée dans cette pièce avec toutes ces couleurs, je me suis dit « OMG ! » Ça m’a fait sourire. 

Comment définissez-vous votre style ?

Je dirais que j’ai un style classique, j’aime garder des pièces pendant des années que je vais continuer à porter. Mais il évolue aussi. Je vais expérimenter différentes tendances et si ça ne me va pas, tant pis ! Au moins j’essaye de nouvelles choses et je pense que justement, grâce à cette évolution constante, je découvre sans cesse de nouvelles choses sur moi.

Votre rapport à la mode a-t-il changé avec « Emily in Paris » ?

Je pense que oui. Jouer Emily m’a encouragée à ne pas avoir peur de mélanger différents imprimés, couleurs et matières. Ne pas avoir peur d’être audacieuse et expressive dans le sens où il ne faut pas atténuer ses couleurs pour qui que ce soit. Surtout après la pandémie : en préparant la saison deux, c’était choquant de mettre des outfits complets (rires). On avait l’air si flamboyants sur le tournage ! Porter à nouveau des talons était encore plus choquant. Mais c’était plus excitant parce que je ne l’avais pas fait depuis si longtemps. C’était génial de replonger dans l’histoire avec en tête l’idée « Go big or go home ». D’ailleurs, on ressent cette renaissance dans la deuxième saison. Il n’y a pas du tout de mention de la Covid, mais on perçoit que nous sommes sortis plus forts de quelque chose. 

Lily Collins

Crédits mode : Top, jupe et chemise, Prada. Bagues Clash Unlimited, Cartier.

Y a-t-il quelque chose d’Emily en vous ?

Un sens profond de la passion. L’amour de ce qu’elle fait dans la vie même si elle aime avoir une vie personnelle (comme nous tous !). Emily n’a pas peur d’exprimer sa vulnérabilité et j’admire cela. Rencontrer de nouveaux amis, c’est une femme très humaine, sociable et je suis vraiment comme ça. 

Pensez-vous que ce personnage puisse vous coller à la peau ?

J’ai fait un film avec mon mari avant la saison deux. J’ai joué un rôle radicalement différent de moi et d’Emily. J’aime essayer de nouveaux personnages et les apprivoiser. Mais j’avais hâte de retrouver Emily, car je sentais qu’elle m’attendait ! Elle me ressemble beaucoup à bien des égards, elle m’inspire à faire et à être aussi très différente. La bonne chose à propos d’Emily, c’est qu’elle n’est pas une tueuse en série ou quelqu’un avec qui je ne veux pas vivre (rires). Si elle m’influence, ce n’est que de manière positive : être plus optimiste, audacieuse ou expressive. Ce sont toutes ces qualités que je souhaite embrasser. 

En parlant d’audace, on vous découvre classique et élégante dans la campagne de Cartier… mais avec un peu de spicy. La collection Clash Unlimited est piquante, avec un petit côté punk de luxe. Est-ce que cela vous correspond ?

J’ai toujours eu l’idée de plusieurs personnalités en une, parfois très différentes les unes des autres : froid-chaud, punk-classique, c’est ce qui rend les individus intéressants. J’apprécie l’esthétique du mélange d’éléments contrastés. La présentation de la collection ici à Berlin est un bon exemple : dans le Bunker, les espaces en béton sont adoucis par des des œuvres en couleurs. Cette dualité dans une personnalité m’a toujours également attirée. J’essaie de trouver les différentes idées opposées que j’ai en moi pour créer un ensemble nouveau. Et cette collection, que les hommes et les femmes peuvent porter, a une essence classique, mais en même temps avant-gardiste. Cette combinaison fait de Cartier une maison incroyable. 

C’est intéressant que vous parliez d’une personnalité multifacettes… Dans vos films, vous multipliez les registres, dramatique ou comique, biographie ou fiction, blockbuster hollywoodien ou film d’auteur et même… série de télévision. Est-ce que votre parcours reflète chez vous une curiosité, une envie de tout tester ? Que préférez-vous ? 

J’ai toujours aimé l’idée d’être un caméléon. Même sur des séances photo, par exemple. Chaque fois que je m’habille, mon humeur du jour ou celle du personnage est une véritable opportunité d’explorer différents côtés de moi. Et j’aime également les faire découvrir aux gens. J’aime repousser les limites et essayer de nouvelles choses, être des personnages différents ou même avoir des rôles différents au sein de l’industrie, productrice, réalisatrice, auteure, actrice. Je ne veux pas être une seule chose. 

Lily Collins

Crédits mode : Robe, Dior. Lunettes de soleil, Celine by Hedi Slimane. Bracelet et bague Clash Unlimited bracelet, Cartier. Chaussures, John Lobb.

Parce que vous êtes également productrice avec « Emily in Paris ». Qu’est-ce que cela représente pour vous ? Comment avez-vous abordé cette nouvelle fonction ?

C’était très stimulant. J’ai adoré l’orchestration du projet. Être incluse dans une conversation dans laquelle je n’aurais peut-être pas été mêlée avant, dans les coulisses, c’est spécial,  encourageant. C’est important pour moi d’avoir l’opportunité de prendre des décisions pour des projets comme « Emily in Paris » ou en général, surtout avec les changements que le monde traverse. Pour quelqu’un qui veut faire mieux, qui veut utiliser sa voix, avoir le rôle qui me permet d’y arriver ne fait que me donner envie de le faire davantage.

Vous vous investissez énormément dans vos films, notamment dans « To the Bone » qui raconte le combat d’une jeune femme contre l’anorexie, maladie dont vous avez également souffert. Est-ce que cela vous a permis de prendre du recul sur votre histoire ?

Oui, cela m’a permis de mettre ma propre émotion et mes expériences personnelles dans le rôle, mais aussi de prendre de la distance et de faire les recherches que je n’ai pas faites quand je suis passée par là. C’était l’occasion d’avoir ce recul des années plus tard, d’en parler à des professionnels en tant qu’actrice, mais aussi en tant que personne profondément curieuse à ce sujet. C’est très important pour moi d’avoir une expérience personnelle qui peut enseigner et créer de l’empathie pour un public, pour des personnes qui ne connaissent pas grand-chose au sujet, lui créer un espace dans le monde du divertissement qui est plus éducatif. Plus je peux m’identifier à un personnage, plus ce personnage sera fiable pour le public.

Comment choisissez-vous vos films et, plus globalement, vos collaborations (avec Cartier par exemple) ?

Je me concentre sur ce qui semble juste pour moi. Quand je choisis un rôle, il s’agit de lire le matériel et de voir à quoi je suis sensible, qui est l’équipe créative derrière, car cela deviendra une famille le temps du tournage. Cartier est aussi une famille, ils ont des gens formidables dans tous les départements et vous savez dans quoi vous vous engagez, car l’entreprise, c’est eux. J’ai commencé ma relation avec la marque il y a une dizaine d’années. Je n’aurais jamais pensé que je serais un jour choisie pour être le visage d’une collection. C’est certainement quelque chose dont j’ai toujours rêvé, ça me semblait donc authentique et naturel. En restant fidèle à qui l’on est, parfois les occasions apparaissent sans qu’on s’y attende.

Avez-vous déjà refusé un film à cause de l’équipe ?

Oui. Il faut faire ses devoirs et ses recherches. C’est très important de se sentir en confiance créativement, de savoir que l’histoire sur la page deviendra l’histoire à l’écran. Parfois, cela ne se produit pas. Il faut juste être ouverte à la conversation, mais aussi suivre son instinct pour ne pas se sentir coincée dans des choix qui ne reflètent  pas nos valeurs.

Quel serait le film dont vous rêvez ? 

Il faudrait que je pratique mon français, mais… j’aimerais faire un film français (rires). Ce serait vraiment amusant. Je veux dire que je dois VRAIMENT pratiquer mon français (rires). Je comprends le français, mais je n’ai vraiment pas la confiance nécessaire pour m’exprimer. Je suis plus à l’aise à la lecture. Mais je rêve en français ! Donc c’est là (rires).

Lily Collins

Crédits mode : Blazer, pantalon, chemise et cravate, Saint Laurent via Anthony Vaccarello. Escarpins, Gianvito Rossi. Boucles d’oreilles et bagues Clash Unlimited, Cartier.

Vous avez étudié le journalisme ! Vous avez d’ailleurs écrit pour le « Los Angeles Times » et « Teen Vogue ». Est-ce que cela vous a plu ? Est-ce que l’écriture vous tente encore ?

L’essence d’un journaliste, c’est d’être vraiment curieux au sujet de l’humanité. Je suis cette personne, que je sois journaliste ou non. Donc, écrire un livre ou participer à des interviews ou produire, éditer, je reste toujours de cet état d’esprit d’entretenir la curiosité. J’aime écrire et j’aime vraiment rencontrer de nouvelles personnes et faire partie de projets aussi bien liés à la mode, à la politique, à la culture pop, à la santé mentale. J’aimerais donc m’impliquer dans plus de choses qui découlent de l’amour du journalisme. Des documentaires, par exemple…

En 2017, vous avez publié vos mémoires. Mais vous êtes jeune, vous avez certainement encore plein de choses à raconter ! Avez-vous d’autres projets de livre ? 

Oh oui ! J’aimerais en faire plus (rires). Je tiens un journal des éléments de ma vie. Pendant la pandémie, j’en ai ajouté beaucoup tout en apprenant sur moi-même et mon environnement. Ce sont des pensées. Je compile constamment, je ne sais pas quand je vais me poser et me concentrer dessus, mais j’adorerais recommencer.

Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ?

J’aimerais avoir une famille, d’abord. J’adorerais continuer à produire, ensuite. J’aimerais beaucoup diriger un film aussi. Continuer à raconter des histoires de personnages dont je ne sais même pas encore qu’ils existent, des histoires fortes, continuer à repousser mes limites, à tester mes capacités et à donner des opportunités aux autres aussi. Je n’ai pas besoin de jouer dans ce que je produis. Il est vraiment important de créer de l’espace pour les autres aussi.

Est-ce que votre père, Phil Collins, a eu une influence sur votre parcours ? Vous a-t-il donné envie d’être une artiste ?

C’est une personne créative qui n’a pas peur de montrer son art au monde. Le courage qu’il faut pour montrer cette vulnérabilité m’inspire définitivement. C’est ce que je fais à ma manière. 

Équipe de production – Stylisme : Charles Varenne, Coiffure : Gregory Russel, Make-up : Fiona Stiles, Production : Rhianna Rule

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