Lovée entre la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique, la Martinique se raconte autrement que par ses eaux limpides et ses plages de sable fin. Du nord au sud de l’île, ce petit bout de France éveille un patchwork d’émotions. Itinéraire d’une journaliste gâtée.

Saint-Pierre

Première halte à Saint-Pierre, à 40 kilomètres au nord de l’aéroport international Martinique-Aimé-Césaire qui tient son nom du célèbre poète martiniquais, et plus précisément à la Villa Saint-Pierre. Cet hôtel de neuf chambres pieds dans l’eau baigne dans le calme, loin de la foule grouillante et des tracas quotidiens. Son restaurant fait la fête aux produits locaux. Ce soir-là, on trinque avec un punch planteur – mélange de rhum et de jus de fruits – avant de goûter à une gastronomie créole insoupçonnée. On découvre la saveur douce et onctueuse de l’avocat antillais, sans se priver du plaisir de croquer à pleines dents dans le piment végétarien puisqu’il ne pique pas, et on consomme cuit le fruit à pain en accompagnement comme une pomme de terre. Au petit-déjeuner, ananas, melon et pastèque qui n’ont pas pris l’avion viennent délicieusement réveiller nos papilles.

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La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être Noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture – Aimé Césaire

Pompéi moderne

Les ingrédients d’un voyage réussi ? Détente et découvertes à la fois gastronomiques et culturelles. Après un détour par le marché de Saint-Pierre, où se mêlent les odeurs d’épices, de fruits, de légumes et de poisson des mamies créoles et des pêcheurs, direction le Musée Mémorial de la catastrophe de 1902.

Depuis toujours, la Martinique est confrontée aux tremblements de terre, cyclones et raz-de-marée dévastateurs. En 1902, la montagne Pelée montre des signes d’activité, mais les autorités se veulent rassurantes tout en persuadant les Pierrotins de ne pas quitter la ville et surtout d’accomplir leur devoir électoral à l’occasion du second tour des législatives. Or le 8 mai à 8h02, une violente explosion se produit au sommet du volcan, et une nuée ardente déferle sur ce qui était alors la capitale économique et culturelle de la Martinique, détruisant tout sur son passage avant d’achever sa course dans la mer.

La montagne Pelée

Fondé en 1933 par le vulcanologue et philanthrope américain Frank A. Perret, le Musée Mémorial dédié à la catastrophe de 1902 est aussi le plus ancien de Martinique. Un lieu de mémoire entièrement repensé en 2019 pour offrir, sur une superficie réduite mais passionnante de 120 m2, une approche plus émotionnelle que scientifique de la tragédie à grand renfort d’objets fondus, calcinés, déformés. Symbole fort : l’inscription des noms des quelque 7.000 victimes identifiées à ce jour sur les 28.000 vies qui ont été emportées, soit un cinquième de la population de l’île et quatre fois plus que lors de la catastrophe de Pompéi.

Sur la route du rhum

La côte nord Atlantique de la Martinique dévoile un visage sauvage, où les plantations et les distilleries parlent d’un temps où cette région agricole était la plus riche de l’île. À Macouba, la distillerie JM transforme la canne – coupée dans les champs de l’habitation Bellevue située juste au-dessus – en l’un des meilleurs rhums vieux martiniquais. La visite gratuite explore toutes les étapes de fabrication du précieux breuvage, de la culture de la canne jusqu’aux chais de vieillissement en passant par les imposantes installations qu’on survole en arpentant les passerelles panoramiques. Impossible de repartir sans une bonne bouteille de rhum AOC – qui se distingue du rhum industriel obtenu à partir de la mélasse, un résidu sirupeux de la cristallisation du sucre – et du sirop de sucre de canne pour réaliser des cocktails génialissimes à notre retour en Belgique.

 

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Les recettes d’Arlette

Cap ensuite sur Grand’Rivière, à l’extrémité nord-est de l’île, et sur l’institution de ce charmant petit port de pêche depuis trois générations : Tante Arlette. Côté restaurant, on sucre son ti-punch avec de la confiture de surettes cochon – des groseilles étoilées dont on nourrissait les cochons – et on se délecte d’une fricassée d’écrevisses résolument parfumée. Côté hôtel, dix chambres réparties en deux catégories : trois chambres Confort de l’ancienne pension de famille et sept nouvelles chambres de qualité Supérieure. À huit minutes à pied, la plage de Sinaï, qui déroule sa magnifique bande de sable noir au pied des hautes falaises, nous tend les bras pour une balade aux vertus digestives et un décor naturel à couper le souffle.

 

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Si tu es né rond, tu ne meurs pas pointu – Proverbe martiniquais

Rando et sac à dos

Le nord de la Martinique foisonne de sentiers de randonnée qui enchantent aussi bien les tribus familiales que les randonneurs aguerris. La montagne Pelée s’explore en toute sécurité jusqu’au sommet. Le saut du Gendarme est splendide, mais son eau bleu-verte d’excellente qualité rend la baignade interdite. C’est à la cascade (sous forme de toboggan) de la rivière du Carbet que notre guide François décide de nous emmener. On parcourt un chemin jalonné de fromagers – des arbres tropicaux majestueux – en respirant à pleines bouffées l’air pur de la nature avec le doux ruissellement de la rivière en bande-son. Arrivés à destination, les téméraires s’élancent sur le toboggan pendant que les autres se détendent sur la plage de galets qui longe la rivière.

 

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Joséphine impératrice

Après la végétation luxuriante du nord de la Martinique, changement de décor aux Trois-Îlets, au sud-ouest de l’île, la ville natale de Joséphine de Beauharnais, la première femme de Napoléon Bonaparte. Dans le cadre idyllique de la plage de l’Anse Mitan, en bordure de la mer des Caraïbes, l’hôtel Bambou a des airs de village avec ses cases créoles et charmants bungalows en bois. Ici on oublie tout ce qu’on sait des buffets gargantuesques des formules all-in pour découvrir des tables alléchantes, garnies de mets froids et chauds aux accents créoles qui font rimer fraîcheur et qualité.

 

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Je gagne des batailles, Joséphine gagne les cœurs – Napoléon

À fleur d’eau

Ludique et didactique, le concept Fleurdo est basé sur la passion du milieu marin et le partage des connaissances de ses moniteurs. En binôme dans une pirogue transparente, on pagaye, mais on s’émerveille surtout des fonds marins sous nos jambes avant de rejoindre un magnifique fond blanc – où la mer est très peu profonde, même à plusieurs centaines de mètres de la plage, et où le fond de sable affleure presque la surface de l’eau. Ensuite, on savoure une pause pique-nique à coups d’accras (beignets frits de morue), poisson et poulet à Trou Cochon, une presqu’île du Vauclin en pleine mangrove. Une journée exceptionnelle, rythmée par des énigmes et des blagues.

Chaud cacao

Ancienne sucrerie du XVIIe siècle, l’habitation Céron dans la ville du Prêcheur est un lieu où convergent l’histoire, la gastronomie et la flore de la Martinique. Notre visite débute par un lunch-dégustation à l’aveugle entièrement élaboré à partir des ressources du domaine par une équipe créative. Ici les fruits et légumes, mais aussi les fleurs comestibles et les herbes composent un assemblage délicat de saveurs et d’arômes. Ensuite, Julie nous dévoile les secrets du cacao. La découverte d’une ancienne cacaoyère sur le domaine a incité les propriétaires à planter plus d’arbres. Aujourd’hui forte de plus de 2.000 cacaoyers, l’habitation Céron est membre de l’association Valcaco, filière d’excellence du cacao martiniquais, et produit sa propre tablette de chocolat. On termine la visite en beauté par une balade dans le jardin botanique classé “jardin remarquable”, où les fleurs tropicales côtoient le plus vieil arbre de Martinique, le célèbre Zamana âgé de plus de 350 ans.

Fort en histoire

La bibliothèque Schœlcher

L’embarcadère de l’hôtel Bambou permet de rallier en 20 minutes Fort-de-France, le chef-lieu de la Martinique situé sur la partie ouest du littoral. On arrive le matin pour profiter de son marché couvert qui déborde de produits locaux et artisanaux. Et on se balade dans le centre historique pour admirer les façades colorées des maisons, l’architecture originale de la cathédrale Saint-Louis et la bibliothèque Schœlcher, l’un des joyaux de la Martinique. On reprend le bateau un Sinobol à la main – le plaisir régressif ultime de notre guide Jacqueline, de la glace pilée arrosée de sirop (de menthe, de grenadine, de cassis, de canne) vendue par des marchands ambulants au port.

Marché de producteurs

Infos pratiques

Vols : les vols sont directs à partir de l’aéroport de Charleroi Bruxelles-Sud vers l’aéroport international Martinique-Aimé Césaire via Air Belgium.

Langues et monnaie : en tant que département et région d’outre-mer (DROM), la Martinique utilise l’euro et le français comme langue officielle, mais la grande majorité de la population s’exprime aussi en créole.

Heure : on ne change pas les heures en Martinique. Il faut compter six heures de moins qu’en Belgique quand nous appliquons l’heure d’été et cinq heures de moins en hiver. À noter que le soleil se couche très tôt.

Dress code : en dehors du carnaval, sans aucun doute l’événement le plus attendu et le plus animé de l’île, on opte pour une tenue légère, complétée de lunettes de soleil et crème solaire. Le soir, on enfile une petite maille pour se protéger des moustiques et d’une légère fraîcheur. Bon plan : on s’asperge d’huile d’Ojas, composée de 18 huiles essentielles et produite sur l’île voisine de la Dominique, pour lutter contre les piqûres d’insectes ou calmer les démangeaisons. À shopper dès l’arrivée dans la pharmacie de l’aéroport.

 

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