Travailler ensemble s’apparente à un contrat de mariage. Une idylle dans laquelle les talents rationnels, mais aussi une bonne dose d’intelligence émotionnelle, font la pluie et le beau temps. Comment trouver « the one » dans le boulot ? Découvrez notre cours accéléré sur les business dates. 

La Belgo-Britannique Jennifer Elliot est le cerveau créatif d’Elliot & Ostrich, une marque de joaillerie fine qui traduit l’identité et l’histoire personnelle de chaque client·e dans des bijoux authentiques. Les amours et les moments forts, mais aussi les revers, les défis et les victoires personnelles sont incrustés dans l’argent, l’or, les diamants et les pierres précieuses.

Bien que ses racines et son entreprise se trouvent en Belgique, Jennifer est une globe-trotteuse. Née au Botswana, elle a grandi en Afrique, étudié en Belgique et vécu au Kenya. Depuis la création de son label en 2018, elle a reposé ses valises à Anvers, mais son rêve ultime est de pouvoir courir le monde telle une tornade (créative). Un style de vie parfaitement compatible avec son travail de créatrice, mais plus difficile à combiner avec les besoins quotidiens de son label, d’ancrage local. C’est pourquoi elle s’est rapidement mise en quête de la partenaire commerciale idéale, qu’elle a trouvée en la personne de Sylvie Arts. « On parle toujours de l’homme ou de la femme de notre vie. Je pense que dans la vie professionnelle, on peut aussi rencontrer la bonne personne et dans mon cas, c’est Sylvie ! »

Les deux jeunes femmes partagent un goût prononcé pour l’esthétique, elles aiment l’authenticité et la transparence, et vouent un culte au travail bien fait. Mais sur bien des points, elles sont à mille lieues l’une de l’autre : Jennifer rêve d’une existence nomade, tandis que Sylvie vient de fonder une famille et recherche avant tout la stabilité. Les opposés s’attirent, mais comment une telle rencontre peut-elle produire des étincelles ? « Je crois qu’on ne peut développer ses talents spécifiques que si on est vraiment passionné par ce qu’on fait », explique Jennifer. « Le label tourne avant tout autour de mon histoire, de mes émotions, et pour pouvoir partager ça, je devais m’assurer que Sylvie se retrouvait dans mon univers. Comme elle fait désormais partie de l’aventure, je voulais connaître aussi son Ikigai – un concept japonais qui désigne la raison d’être d’une personne. Qu’est-ce qui la pousse à sortir de son lit le matin, quelle est sa passion, de quelle vie rêve-t-elle ? Pour Sylvie, il s’agissait de trouver un équilibre entre sa famille et son travail dans un environnement esthétiquement stimulant. Avant Elliot & Ostrich, elle a notamment travaillé longtemps chez Delvaux. Nos envies se sont révélées parfaitement compatibles. » 

Jennifer & Sylvie ©Elliot & Ostrich

Jennifer & Sylvie ©Elliot & Ostrich

Ikigai 

Mien Gheysens, coach et autrice de « Exponentieel Potentieel » (Potentiel exponentiel, uniquement disponible en néerlandais, NDLT), accompagne les entrepreneur·e·s : « Les personnes créatives – et les personnes passionnées en général – craignent que l’âme de leur entreprise se volatilise une fois qu’elles ont intro- duit un second profil plus rationnel. Malheureusement, c’est souvent le cas, avec toutes les conséquences que ça entraîne, mais il n’y a aucune raison que l’histoire se termine mal. La solution consiste à vérifier dès le départ si vous allez vraiment bien ensemble et à savoir comment aborder les éventuelles différences, car il y en a toujours. Il ne s’agit pas forcément d’être sur la même longueur d’onde, au contraire, mais de savoir quand et comment s’adapter. »

La grande question du « why » s’impose à toutes les parties. Pourquoi le faire ? Où est-ce que je me vois et où est-ce que je vois l’entreprise dans x temps ? Selon Mien Gheysens, ces questions sont cruciales. « Il est normal d’avoir des visions différentes, mais elles doivent être clairement exprimées dès le départ afin qu’une approche commune puisse être définie. Par ailleurs, les attentes évoluent en cours de route : si l’une des associées devient mère par exemple, ça modifie toute l’organisation. Le contexte change, la vie change, il faut s’y préparer. La complémentarité, c’est bien, mais à partir de quand y a-t-il trop de différences pour bien fonctionner ensemble ? C’est une question d’équilibre et de décisions mûrement réfléchies. Si vous choisissez de travailler ensemble, vous le faites en réalité à deux niveaux : sur le plan humain et sur le plan entrepreneurial. Il se peut que vous soyez très efficaces ensemble pour l’entreprise, mais que vous vous sentiez personnellement mal. L’inverse peut aussi se produire : vous vous entendez bien, la connexion est bonne, mais vous êtes trop semblables et l’entreprise ne marche pas aussi bien qu’escompté. Il est donc important d’envisager ce choix dans sa globalité. » 

Jennifer & Sylvie ©Elliot & Ostrich

Jennifer & Sylvie ©Elliot & Ostrich

Le match parfait

Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’est pas le but de la plupart des plate- formes de mise en réseau. Sur ces sites, l’accent est mis sur les centres d’intérêt et le type de profil plutôt que sur les attentes et les visions. Ce n’est pas parce que deux personnes veulent travailler dans le secteur de la bijouterie et lancer leur propre entreprise qu’elles vont parvenir à concrétiser ensemble ce projet. Lors d’un event de networking, on aborde rarement la question des rêves personnels et des motivations fondamentales, alors qu’elle est essentielle. C’est pourquoi Mien voit tout le potentiel que recèlent ces situations : « Sur base de ma propre expérience, je ressens vraiment le besoin d’une sorte de match making parmi mes client·e·s. 

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« LE LABEL TOURNE AVANT TOUT AUTOUR DE MON HISTOIRE, DE MES ÉMOTIONS. JE DEVAIS M’ASSURER QUE SYLVIE SE RETROUVAIT DANS MON UNIVERS » – JENNIFER ELLIOT 

On en rigole souvent, mais en réalité, une collaboration commerciale est une sorte de mariage. Vous passez beaucoup de temps, prenez des décisions importantes et relevez des défis ensemble. Et tout comme dans un mariage, les partenaires doivent assumer des rôles différents. Ça concerne aussi bien les questions d’organisation – qui fait quoi dans l’entreprise ? – que les aspects plus humains. » Que signifiez-vous l’un pour l’autre ? Êtes-vous collègues, associés, amis, actionnaires, ou tout ça à la fois ? Il est très intéressant de savoir à l’avance quels rôles vous jouez l’un vis-à-vis de l’autre et sur quelle formule vous vous êtes mis d’accord. Il est normal que vous changiez de casquette de temps en temps. Parfois, vous avez besoin d’un sparring-partner, parfois d’une caisse de résonance et d’autres fois simplement d’une épaule sur laquelle pleurer.

Sylvie et Jennifer ont su très tôt qu’elles avaient matché, mais malgré leur bonne relation, elles ont choisi de se faire coacher. « Au départ, le but était de rechercher notre comment et notre quoi», confie Sylvie. «Qu’est-ce qui marche pour elle, et pour moi? La communication est la clé, mais tout le monde ne s’exprime pas de la même manière – et nous sommes justement très différentes sur ce point. Nous nous sommes donc adressées à une tierce partie, en mesure de traduire mes sentiments à Jennifer, et vice versa. Ça a fait une énorme différence pour nous, et je suis fière du lien et du respect mutuel que nous avons acquis grâce à ce coaching. On peut tout se dire maintenant. Nous prévoyons d’ailleurs des moments de réflexion à intervalles réguliers : une promenade, une séance de médiation ou de yoga. On ne parle pas spécialement des choses à faire, mais plutôt de la façon dont chacune a vécu une expérience, de ce que nous avons appris et de la manière dont nous pouvons continuer à nous épanouir. » « Demandez à des nonagénaires quel est le secret d’un mariage qui dure depuis soixante ans, et la réponse sera unanime : la communication », poursuit Mien. « Dans le monde des affaires, c’est pareil : discuter de manière proactive de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas, ne pas se noyer dans un verre d’eau, aplanir tout ressentiment avant qu’il devienne envahissant. On évite trop souvent le conflit pour préserver la paix (des ménages), mais c’est la meilleure façon d’aller droit dans le mur. Mon conseil : prévoyez des moments spécifiques pour vous “confronter” l’un·e à l’autre, et soyez clair·e sur le rôle que vous jouez à ce moment-là. Vous pouvez également préciser qu’en tant que manager, vous prenez telle décision, même si en tant qu’amie, vous feriez autrement. Ainsi, toutes les opinions sont respectées et ça laisse une marge de négociation. »

La relation de travail rêvée donc, qui maintient le bateau de l’entreprise à flot dans les bons et les moins bons moments. 

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« JE SUIS FIÈRE DU LIEN ET DU RESPECT MUTUEL QUE NOUS AVONS ACQUIS GRÂCE AU COACHING »SYLVIE ARTS

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