Le DJ et producteur gantois nous parle de son ascension, de sa philosophie artistique et de l’importance de rester connecté. Portrait d’un artiste branché.
Comment t’es-tu lancé dans la musique ?
J’ai commencé à faire de la musique il y a très longtemps. J’avais 14-15 ans, j’étais résident dans des bars à Gand. Quand mes parents ont compris que je n’allais plus à l’école, ils m’ont demandé ce que j’allais faire. Je gagnais déjà de l’argent en passant mes vinyles. C’était peut-être même trop facile d’ailleurs à l’époque (rires). J’organisais aussi mes propres soirées. En 2003, je suis devenu indépendant. Quand j’ai débuté, personne ne prenait ce job au sérieux. Il a fallu que je produise ma musique. Je n’ai pas pris le virage digital directement, c’est mon premier échec. Mais je me suis repris et j’ai commencé à développer des concepts d’événements, à faire du marketing et ma carrière de DJ s’est un peu ralentie. J’ai donc dû me recentrer.
Il y a 6 ans, j’ai dû faire un choix. J’ai tatoué une ligne droite sur mon avant-bras gauche pour me rappeler qu’il fallait que je suive une trajectoire et que j’arrête de m’éparpiller. Il est faux de croire qu’un DJ est isolé, c’est un business qui demande une équipe: je me suis ouvert, j’ai écouté d’autres avis. En 2006, je faisais mes premiers pas en tant que producteur, à cette époque, c’était de la deep house. Mais je me suis rendu compte que cela ne fonctionnait pas (rires) ! Deuxième échec.
J’ai appris, pas à pas. En me concentrant sur la musique uniquement, j’ai réalisé le titre Renaissance (presque 4 millions d’écoutes sur Spotify -ndlr). Et j’ai failli ne jamais le faire: la veille, j’avais décidé d’arrêter. C’était un mardi, je n’en pouvais plus. Je me suis levé le mercredi, j’ai eu envie de tenter le morceau et ça a marché. Finalement, chaque morceau compte et t’emmène quelque part. C’est comme un chapitre en plus à ton histoire.
J’ai le pouvoir de connecter les gens sur le dancefloor.”
Quel est ton univers musical ?
On appelle ce que je fais de la Melodic House, mais je refuse de m’inscrire dans une case. La musique est toujours en mouvement. Je vise un son intemporel, je joue de la musique honnête, sexy et sensible. J’arrive à surprendre les gens avec mes émotions, c’est tout ce qui importe.
Qu’est-ce que tu kiffes dans ton job ?
J’ai le pouvoir de connecter les gens sur le dancefloor. Et si on va plus loin: de connecter l’humanité. Les gens mettent leurs différences de côté. 30.000 personnes qui se réunissent dans un festival pour écouter de la musique, c’est très fort. C’est la plus grande gratification: arriver avec un produit et voir que les gens se fédèrent autour.
Ton son le plus connu, c’est Renaissance ? Quelle est l’histoire derrière ?
À ce moment -là, c’est mon intuition, mon subconscient, qui a conduit ce morceau. Et c’est seulement quelques mois après qu’il a multiplié les millions d’écoutes. Rétrospectivement, c’était effectivement une renaissance, mais je ne le savais pas à ce moment-là ! C’est fou (rires).
Après l’avoir composé, je l’ai envoyé à un contact à Tommorowland qui l’a lui-même transféré à un DJ qui l’a aimé: ça m’a donné un boost de confiance énorme. Je l’ai ensuite envoyé à Solomun qui l’a joué plusieurs week-ends de suite pendant trois mois, en 2018. Le titre a décollé.
J’ai contacté la maison de disque Armada qui m’a signé. C’était un choix controversé parce que c’est une grosse maison de disque, commerciale. Entre temps, j’avais bossé sur d’autres morceaux et en 2019, nous avons signé un contrat, cela fera 4 ans en mars.
À quoi ressemble ton quotidien ?
On ne retournera jamais à ce qu’on avait en 2019. Il y a de nouvelles règles, les gens annulent un contrat un mois à l’avance. J’ai reçu mon contrat pour aller à Tel-Aviv, deux semaines avant. Donc, mon quotidien: j’ai mes sets, chaque semaine je pars jouer. Je reviens du Mexique et vendredi je jouerai à Tel-Aviv. Quand je suis à Gand, j’ai des interviews, je prépare mes playlists, je travaille un remix, demain j’ai une réunion de recrutement. Pour la semaine prochaine, j’ai des journées de studio prévues.
Et je ne parle même pas de ma vie privée (rires).
Quelle importance accordes-tu à la com’ et au selfbranding ?
Le branding et social media, c’est indispensable. Il y a une nouvelle génération qui est déjà à 100% dedans. Alors je m’entoure des bonnes personnes pour m’aider. Ce n’est pas facile d’être ‘on top’, tout le temps. C’est pour ça que ma collaboration avec Ray-ban Stories a été une aubaine: j’ai un outil à la pointe qui me permet d’être autonome.
Comment utilises-tu les Ray Ban Stories ?
Je les ai portées en festival quand j’étais au Mexique et c’est tellement facile ! Tu cliques, ça filme, tu récliques et ça s’arrête. Tout le contenu est dans mon téléphone et je n’ai qu’à le monter. J’ai également quelqu’un qui filme pour moi, mais maintenant j’arrive à capter des choses qu’il ne peut pas capter. Depuis la scène par exemple. Et je me sens honnête avec les gens qui me suivent: je les utilise parce que c’est cool et parce que ça marche.
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Et la nuit, ça marche ?
Oui, je l’ai fait à Houston. Ce ne sont pas les meilleures conditions, mais c’est un vrai ‘behind the scene’ qui correspond aux envies d’un contenu authentique. C’est un véritable contenu additionnel: l’idée, c’est de montrer ce que moi je vois. Donc quand quelqu’un prend un selfie avec moi, je filme la scène et ça ajoute une nouvelle dimension. C’est une petite révolution (rires).
Les Djs sont-ils des influenceurs ?
Oui, nous sommes des influenceurs, à 100% ! On joue, on filme, on poste. On crée du contenu. Faire une collaboration, c’est une super opportunité quand on partage les mêmes valeurs qu’une marque !
Il y a technologie, mais il y a le style aussi. Pourquoi les DJs se planquent-ils toujours derrière leurs lunettes ?
Le style est important pour moi, s’ils m’avaient donné des lunettes roses carrées, j’aurais probablement dit non (rires). Pour moi, les Rayban Wayfarer sont intemporelles, c’est comme un beau jeans. Les DJs sont dans les spotlights, donc je veux avoir la classe! Pourtant, nous sommes souvent introvertis, émotifs, c’est pour ça qu’on se cache derrière nos lunettes (rires). On a l’impression qu’on est toujours en contact avec les gens, mais c’est faux. Dans la réalité,on passe des coulisses à la scène qui se trouve à 20m des gens, il y a une barrière physique. La paire de lunettes nous permet de ne pas être confrontés directement et d’avoir l’air cool, sans trop dévoiler nos émotions.
Comment espères-tu faire évoluer ton projet ?
Je construis ma dream-team (du manager au booker, jusqu’à l’assistant musique) et je planifie nos premiers 6 mois de 2023, la première année complète depuis fin 2019. Nous préparons les dates, les clubs, les festivals, les projets musicaux, les sorties de morceaux, etc. J’aimerais travailler à long terme sur les master classes que je donne. Pour l’instant, suis mentor à l’Armada University et la Tomorrowland Academy. J’aime cette idée de mentorat basé sur mon expérience.
D’un point de vue créatif, j’ai beaucoup de morceaux prêts et je développe mes collaborations pour apprendre avec d’autres artistes, dans d’autres studios.
Ton actu ?
Je joue à Tel-Aviv, au Qatar, en Turquie, je vais faire aussi une résidence au Kompass Club de Gand, toutes les 6 semaines dès février. J’ai aussi développé ma marque, Closer, qui concentre mon univers, c’est-à-dire, rapprocher les gens avec la musique !
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